Avec son nouveau film, après « Mon Roi » et « Polisse », Maïwenn retourne aux fondamentaux de se filmographie, en l’occurrence l’introspection intime, familiale et en partie autobiographique. Un film plus personnel donc à l’instar de son premier film coup de poing « Pardonnez-moi ». Si l’on n’est pas fan de l’actrice-réalisatrice et de ses préoccupations artistiques et analytiques, il est fort probable que cet « ADN » agace. On y retrouve en effet tous les défauts que ses détracteurs peuvent lui reprocher. Et surtout deux d’entre eux. D’abord cette tendance quelque peu égocentrique à se regarder le nombril avec une histoire très personnelle dans laquelle elle se met également en scène en plus de l’avoir écrite. C’est du 100% Maïwenn. Ensuite cette fâcheuse tendance à la pleurnicherie, à verser dans un pathos excessif qui ne convainc pas toujours. De plus sur ce film en particulier, à se filmer elle-même en tant que personnage principal, elle en oublie parfois certains seconds rôles (Marine Vacth et son personnage de sœur est sacrifié ou même Dylan Robert, abandonné en cours de route). Enfin, son script semble un peu mince et le propos pas vraiment abouti et clair.
Mais, et c’est là la force de la réalisatrice, elle parvient tout de même à rendre son film choral intéressant, presque passionnant. Il a les qualités de ses défauts parfois si l’on peut dire. Peut-être qu’elle n’approfondit pas assez sa thématique sur la recherche des origines, qui part un peu dans tous les sens, mais le film est court et concis. Ce décès du patriarche de la famille qui en fait ressortir les dysfonctionnements et provoque une introspection personnelle pour le personnage de Neige (joué par Maïwenn donc) semble classique. Néanmoins la cinéaste emmène son sujet dans son style et se l’approprie à sa manière, ce qui permet pas mal de fulgurances émotionnelles et artistiques malgré le trop-plein qui guette constamment. Sa mise en scène est moderne et adaptée à chaque situation et elle n’a pas son pareil pour savoir capter des instants d’un réalisme psychologique et émotionnel intense, jusque dans les dialogues parfaitement écrits.
Bizarrement c’est lorsque l’émotion n’est pas forcée et provoquée qu’elle nous touche le plus. Par exemple, les scènes en rapport avec le décès et l’enterrement, censées faire pleurer, sont beaucoup moins fortes que d’autres. En effet, celles de confrontation entre Maïwenn et ses parents, Fanny Ardant et Alain Francon, sont d’une puissance rare, une puissance qui vous retourne les tripes par leur dureté et leur véracité. « ADN » surprend aussi là où on ne l’attend pas. Notamment grâce au personnage de Louis Garrell, impeccable, qui distille une dose d’humour bienvenue, de la légèreté qui apporte une soupape d’air à un sujet lourd. Au final, on est absorbé par les atermoiements et les questionnements de cette famille et ce que cela provoque. Il y a des maladresses, des fautes de goûts, des déséquilibres et des imperfections mais la force de la plupart des séquences comme prises sur le vif, des acteurs tous très bien dirigés et certains élans dramatiques emportent le morceau, faisant de ce film une œuvre attachante et touchante malgré tout. Pas le meilleur film de sa réalisatrice mais une œuvre forte quand même, empreinte de réflexion, au dénouement solaire.
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