Alors qu'il développait une comédie avec des acteurs célèbres dont les agendas étaient incompatibles, Patrick Ridremont a eu envie de se lancer dans un projet avec de jeunes comédiens, loin du star-system. « J’avais le sentiment de ne plus faire mon métier en m’occupant uniquement de coordination de plannings ! » s'amuse-t-il. L'idée du calendrier lui est venue de sa belle-sœur, qui se passionne pour les calendriers de l'Avent : « avec elle, dès le 1er décembre, les 24 fenêtres sont ouvertes et les 24 bonbons sont engloutis ! Je me suis dit qu’il y avait matière à exploiter ce dispositif. De manière naturelle, j’ai mélangé cette histoire de comédie au départ – ma belle-sœur qui engloutit les 24 bonbons d’un coup – avec ce désir de faire naître l’inquiétude. »
Le Calendrier s'amuse à jouer avec les codes de la période de Noël, plutôt propice au rêve et à la fête. Le réalisateur explique : « J’aime me dire que ce qui est une fête dans la réalité peut se transformer en cauchemar dans la fiction. Les films d’horreur démarrent souvent dans la joie et la bonne humeur avant que les personnages ne soient attirés par l’abîme : le cinéma de genre est un ascenseur émotionnel ! »
Le Calendrier met en scène une héroïne fragile face à des événements surnaturels. Toutefois, elle ne se pose pas de questions et ne parle pas de son combat ni à des personnes extérieures ni aux autorités. Le réalisateur justifie ce choix : « J’espère profiter de tous les jalons que les autres films du genre ont posés avant celui-ci : à mes yeux, cela aurait été une perte de temps de parler explicitement du mythe de Faust ou que ma protagoniste s’interroge sur les origines de la créature. Eva ne se plaint pas, et ce qui est formidable, c’est que ce personnage a une vérité qui me dépasse ».
Le personnage d'Eva est entouré de personnages secondaires archétypaux. Une écriture pleinement assumée par le réalisateur : « C’est ainsi que je les ai écrits, mis en scènes et castés. On me mettait parfois en garde sur leur dimension quasi caricaturale. Mais j’ai voulu leur donner des traits de caractère saillants. J’aime les clichés et la fiction, même s’il faut ensuite affiner ces stéréotypes. » Il ajoute : « Je suis un enfant d’Hergé et je suis adepte de la « ligne claire » : je veux qu’on comprenne immédiatement qui sont mes personnages. »
Le film est empreint de folklore allemand, le calendrier de l'Avent étant l'invention d'un curé à Munich au début du XXe siècle. Le réalisateur a décidé de faire du calendrier de son film « le « calendrier zéro », le tout premier calendrier de l’Avent, le calendrier matriciel ». Il est aussi allé puiser dans le mythe faustien, qui trouve aussi ses origines en Allemagne : « quand on voit la créature, elle porte une soutane et une croix et il semblerait qu’elle ait un côté ecclésiastique : je me suis raconté qu’il s’agissait d’un aumônier allemand de la Première Guerre mondiale qui a vendu son âme au diable… »
Fan de la saga Evil Dead et du premier Saw, Patrick Ridremont aime les films d'horreur qui développent une dramaturgie très forte comme L'Exorciste, Silent Hill, It Follows et Ça. Le réalisateur ajoute : « Mais j’adore aussi les films Disney et Pixar qui, dans mon imaginaire, sont très proches du cinéma d’horreur ».
Les effets spéciaux maquillage ont été conçus par le maquilleur-maquettiste Lionel Lê. Le réalisateur a imaginé les origines de la créature pour sa conception visuelle : « son visage avait été arraché alors qu’il avait tenté de sauver des prisonniers pendant la Première Guerre mondiale. Sur son visage défiguré subsiste le reliquat d’un masque à gaz de l’armée allemande qui dissimule des lambeaux de chair et une bouche édentée ».
Le réalisateur a privilégié des effets spéciaux physiques plutôt que du numérique, même s'il en a fait usage pour quelques scènes, dont l'écartèlement de la jeune femme dans la baignoire. « Je n’avais pas envie de tourner sur un fond bleu pour qu’on y incruste des VFX par la suite ! », explique-t-il.
Le Calendrier a été tourné en 22 jours à Bruxelles, dans des décors naturels réaménagés. « On a conçu chaque pièce, chaque espace, comme un décor de théâtre », explique le réalisateur. « Il n’y a pas de hasard : tout est mis en scène, tout est mis en place. J’essaie de tout maîtriser parce que j’aime, en tant que spectateur, me retrouver face à une histoire, et être en immersion totale dans la fiction ».