« Downton Abbey » poursuit sa route sur le grand écran avec ce deuxième long métrage. A vrai dire, ce deuxième film se cale parfaitement dans la lignée du premier, qui lui-même se calait dans les pas de la série et de ses 6 saisons, et il a les mêmes qualités et les mêmes défauts que le tout premier film. Commençons par les défauts pour les évacuer très vite. Le film est destiné à des spectateurs connaissant très bien la série et même ayant vu le premier film car rien n’est expliqué à un éventuel néophyte. Les personnages, leur passé, leur interactions, ce qu’ils ont du surmonter, tout est présumé connu d’emblée. Du coup, même si on peut aller voir le film sans rien savoir de la série, je pense qu’on passe malgré tout à côté de beaucoup de choses, beaucoup trop. Pour le fan, c’est tant mieux, on ne perd pas son temps en redites inutiles, on est d’emblée dans le vif du sujet et on retrouve des vieux amis pile où on les a laissé : on comprend tout, on se sent bien, on se sent chez nous dans ce film. Pour le spectateur novice, j’imagine que « Downton Abbey II – Une nouvelle Ere » est un film qui le laisse froid et il doit même se demander ce qu’il fait là ! La réalisation, la musique, tout cela est là aussi comme la série était : les mêmes plans, la même utilisation de la musique, le même soin apporté aux décors et aux costumes (toujours sublimes, dans ce domaine là toute la saga aura été un enchantement !). Simon Curtis réalise ce film de façon très académique, c’est un peu le choix de la raison pour, là encore, créer une continuité. Il y a quelque chose néanmoins qui m’a un peu dérangé, c’est le montage. Il y a deux intrigues, l’une dans le Sud de la France, l’autre au château et le film fait des allers-retours incessants et rapides entre les deux : 2 minutes ici, deux 2 minutes là-bas pendant au moins les 2/3 du film. C’est un montage qui se voulait hyper dynamique, et c’est sur que les 2h passent comme un éclair. Mais parfois on aurait aimé ralentir, passer un peu plus de temps entre deux sauts de puces ! Côté casting, ils sont venus, ils sont tous là, à l’exception de l’époux de Lady Mary. Je ne vais pas redire ici tout le bien que je pense de Maggie Smith, de Michelle Dockery, de Jim Carter et de tous les autres. Ils de coulent dans leur rôle comme dans une seconde peau. Il y a quelques invités : Nathalie Baye et Jonathan Zakaï côté français, Dominic West, Hugh Dancy et Laura Haddock côté cinéma muet. Rien à redire sur leur interprétation, en dépit parfois de rôle pas assez écrits (notamment celui de Laura Haddock et celui de Nathalie Baye). Le sujet de fond du film, c’est le sujet de fond de toute la série : la modernité et la difficulté de l’accepter dans un monde qui semble aller de plus en plus vite. Le monde ancien de l’aristocratie anglaise se meurt (à l’image de la comtesse douairière, que l’on sait condamnée depuis la fin du film précédent), il manque d’argent et doit s’adapter au monde qui change. Les rapports sociaux évoluent, la place des femmes évolue (Lady Edith continue de travailler et plus personne ne semble trouver à y redire), même cet art tout neuf qu’est le cinéma est en train d’évoluer très vite. Le cinéma parlant menace le muet, il va remplacer, c’est inévitable. Tout ce passage sur la crise du cinéma muet qui doit de réinventer (déjà la sujet de « The Artist ») est une métaphore de toute la série. A peine a-t-on commencé à apprivoiser une nouveauté qu’elle est déjà obsolète ! Comment garder un pied dans la tradition dans ce contexte d’accélération permanente ? Du côté de l’intrigue en France, on est davantage dans le côté « soap opera » que la série à toujours revendiqué, et c’est pour ça qu’on l’aime. Qu’en est-t-il du passé amoureux mystérieux de Lady Grantham ?
Et si cette famille de Montmirail (c’est surement involontaire de leur avoir donné le même titre que dans « Les Visiteurs » !) était bien plus proche de la famille Grantham qu’on ne le pensait.
Voilà de quoi donner des sueurs froides au comte et surtout à son majordome dont la francophobie est assez drôle, je dois dire
. On pourra rétorquer que les deux intrigues sont assez faibles et que même réunies, elles ne font pas de « Downton Abbey II – Une Nouvelle Ere » un grand moment de cinéma. C’est un peu vrai, mais le plaisir de retrouver de vieux amis l’emporte sur la faiblesse du scénario. Le fan est indulgent, il pardonne cette faiblesse et se prend même à rêver d’une suite…