Délice so british
1928. Les Crawley et leurs domestiques assistent tous au mariage de Tom Branson et de Lucy Smith, fille de Lady Bagshaw. Lord Grantham explique à ses proches que le notaire de famille se rendra prochainement à Downton, à la demande de la Douairière, et qu’il compte sur leur présence à tous. En effet, Violet a hérité d’une villa dans le sud de la France qu’elle souhaite à son tour léguer à la fille de Lady Sybil et de Branson. Mais cette décision met celui-ci mal à l’aise. Sans comprendre pourquoi le regretté marquis de Montmirail s’est montré aussi généreux avec sa mère, Lord Grantham reçoit un appel téléphonique intriguant : un certain M. Barber, réalisateur pour le cinéma, souhaite tourner son nouveau film muet, The Gambler, à Downton Abbey. Si Robert estime que l’idée est grotesque, Lady Mary, de son côté, considère qu’il est difficile de refuser l’offre de la production face aux travaux de rénovation qui attend la famille. Grantham doit bien reconnaître que c’est désormais sa fille qui est aux commandes. Chez les domestiques, la perspective d’un tournage à Downton provoque un vif émoi. Daisy et Anna se réjouissent de voir leurs idoles de cinéma en chair et en os, mais Mme Hughes se demande comment annoncer la nouvelle à M. Carson.
Tandis que la production s’apprête à investir la propriété, la famille envisage de fuir le chaos qui s’annonce et d’en profiter pour découvrir la villa du sud de la France et rencontrer le nouveau marquis de Montmirail…Et ce n’est qu’un début de pitch, c’est vous dire la richesse du scénario de cette superbe comédie dramatique réalisée avec maestria par Simon Curtis, un vieux routier dont le talent est reconnu à juste titre… souvenons-nous de Dans les yeux d’Enzo, La femme au tableau ou My week with Marilyn. 126 minutes qui passent comme un rêve… un rêve de cinéma.
Comme son titre l’indique, ce film est la suite de Downton Abbey, sorti en 2019, lui-même tiré de la série éponyme à succès diffusée entre 2011 et 2016. Pour ceux – dont je fais partie – qui n’avaient pas suivi ladite série, le 1er volet était difficile à comprendre vu le nombre considérable de personnages. Mais cette fois, ça y est, on est dedans. On se retrouve en famille… et quelle famille ! Tout est compliqué chez les Crawley, mais quelle classe ! Et surtout, quel humour ! En l’occurrence, en plus des problèmes familiaux, on a plaqué une version nouvelle de ce qu’on pourrait appeler le chant du cygne du cinéma muet. Tout se mélange avec un naturel confondant et on s’amuse beaucoup. L’humour vache et cinglant de la douairière procure évidemment les meilleurs moments surtout quand ils sont distillés par l’impayable Maggie Smith. Un seul exemple – pardonnez moi ce moment de « divulgachage », sur son lit de mort, la vieille femme distribue à l’envi quelques dernières vacheries à la famille réunie à son chevet, pour conclure, en regardant sa femme de chambre en pleurs : taisez vous donc un peu, je ne m’entends pas mourir ! ». Un feu d’artifice de mise en scène, de costumes, de décors, de dialogues ciselés. Une pièce d’orfèvrerie. Vivement le n°3 !
Côté casting, là encore que des applaudissements pour Hugh Bonneville, Michelle Dockery, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Jim Carter, - impossible de citer tout le monde tant la distribution est pléthorique – sans oublier les participations de nos 2 français, Nathalie Baye et Jonathan Zaccaï. Vous avez deux heures à perdre ? Allez donc les perdre du côté de Downton Abbey, vous ne regretterez pas le voyage.