Le film a été présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2022, en compétition long-métrage.
L’Éden est le prolongement des deux courts métrages d'Andrés Ramirez Pulido, El Edén et Damiana. "Les trois films sont basés sur une préoccupation personnelle que j’ai pu mettre en lumière dans l’écriture et la réalisation : l’importance de la figure paternelle dans l’enfance et l’adolescence ; comment l’amour, les soins ou au contraire l’abandon, l’absence ou la violence d’un père peuvent marquer des vies."
Si l'expérience décrite dans le film, avec la rénovation d’une hacienda à l’abandon et l’aide d’un thérapeute, n'existe pas en Colombie, le réalisateur a toutefois été amené à rencontrer des jeunes en difficulté. Avec sa femme, il a mis en place des ateliers de cinéma dans des communautés d’enfants et d’adolescents en difficulté dans la ville d'Ibagué. "Nous avons passé beaucoup de temps avec eux et nous avons tissé des très beaux liens. Je me sens privilégié d’avoir pu les connaître dans ce contexte. J’avais envie de comprendre leur façon de penser. Notre époque pousse trop à pointer du doigt tout le monde et à mettre les gens dans des cases." En apprenant à les connaître, il s'est aperçu qu'ils avaient une relation très conflictuelle avec leur père : "Les personnages de mon film ne font pas partie de l’imaginaire des jeunes délinquants latino-américains. Ils sont eux-mêmes tout simplement. J’ai eu envie de déjouer les imaginaires très établis sur la Colombie."
Pour le casting de L'Éden, le réalisateur cherchait en particulier des garçons plutôt timides, qui "peuvent cacher une vérité extraordinaire." C'est le cas de Jhojan Estiven Jiménez, qui interprète Eliú, et qui a été repéré alors qu'il nageait dans une rivière. "Ce qui m’intéresse particulièrement chez lui, c’est que son physique et même sa personnalité ne font pas partie de l’imaginaire qu’on a tendance à décrire quand on pense aux adolescents et à la violence. [...] Jhojan Estiven est très casanier et plutôt taiseux. Je ressens en lui une violence refoulée imprimée dans son corps", précise Andrés Ramirez Pulido.