Original mais déroutant
Cette comédie dramatique trouve son origine dans l'histoire familiale de Chloé Mazlo elle-même. Ses parents et grands-parents lui ont en effet toujours décrit le Liban d’avant-guerre comme un paradis où ils menaient une vie heureuse sous un soleil omniprésent. Quand la guerre civile a débuté, leur monde s’est effondré brutalement. La réalisatrice a ainsi grandi avec le récit de ce conflit. Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d'envoyer le premier libanais dans l'espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s'immisce dans leur paradis... 90 minutes qui renouent avec l’artisanat du cinéma et ses inventions bricolées, créatives et esthétiques. Allergiques à la poésie, s’abstenir !
Quand la guerre civile a débuté au Liban, le monde de ses grands-parents s’est effondré brutalement. La réalisatrice - lauréate en 2015 du César du meilleur court-métrage d’animation -, a ainsi grandi avec le récit de ce conflit, qui lui a été conté comme un capharnaüm surréaliste où se mélangeaient des histoires de farces et attrapes et de cadavres. Pour son 1er long-métrage, la jeune cinéaste tenait à se retrouver ses racines et celles de ses ancêtres. Elle a fait le choix de travailler avec de la pellicule, pour pouvoir se rapprocher le plus possible de l’archétype de la photo - qui sert le plus souvent de décor - de famille des années 1970 dans les cadrages et la lumière, évitant ainsi un aspect trop naturaliste ou hyperréaliste d’une sorte de rêve – ou cauchemar – éveillé qui traverse les années de guerre civile. Les contours enveloppés, les couleurs adoucies baignent ce film dans une sorte de sfumato comme on dit en Italie. Ce film inclassable pourra en irriter plus d’un avec son côté bricolage – totalement assumé -, son manque de réalisme voire de naïveté. Pourtant, il est tellment ra re de traiter par la poésie et la douceur des événements aussi douloureux que cette guerre civile, qu’on ne peut qu’admirer le résultat obtenu par cette jeune cinéaste.
Alba Rohrwacher, aperçue à de nombreuses reprises dans des seconds rôles de films français ou italiens, assume ici le rôle titre avec une douceur et une distance assez étonnantes. Une actrice à découvrir. A ses côtés, la distribution est essentiellement libanaise avec entre autres Wajdi Mouawad, Isabelle Zighondi, Mariah Tannoury. Tout ce petit monde joue le jeu distancié et décalé visiblement demandé par la réalisatrice. Un coup de cœur tout en aplats pastels qui mérite le déplacement.