Souvenez-vous, il a pris sa retraite, et c’est sûrement pour ça qu’il a tourné cinq films en quatre ans. Du vite fait, bien fait, sans pression des studios, du milieu-de-gamme soigné comme le cinéma américain n’en tourne presque plus…et rien que pour ça, il faut éprouver de la reconnaissance envers Steven Soderbergh. Le réalisateur déploie d’ailleurs beaucoup d’énergie à styliser ce petit polar à l’ancienne, qu’on pourrait croire tout droit sorti des années 90, parfois gratuitement (les déformations dans les plans larges), parfois de façon plus pertinente (générique tarantinesque, etc). On ne comprend pas toujours à quoi ça sert mais ça dote indéniablement le film d’une certaine classe Si ‘No sudden move’ commente, si on veut bien y prêter attention, l’époque contemporaine (les constructeurs automobiles entubent la planète et ses habitants, et ça ne date pas d’hier) ou laisse transparaître les tensions raciales qui avaient cours dans les années 50, le message ne prend jamais le pas sur l’art filmique proprement dit. Foncièrement, ‘No sudden move’ est l’histoire de gangsters en borsalino qui découvrent qu’ils auraient des leçons à prendre auprès des gangsters en col blanc, qui sont d’ailleurs en train de les remplacer. Cette histoire de bandits trop gourmands, bien qu’elle bénéficie d’un casting de premier choix, reste assez convenue, éculée même, mais Soderbergh la dote d’une mécanique simple, lisible et implacable, où les choix finissent toujours par se retourner cyniquement contre ceux qui les ont posé, et la filme suffisamment bien pour qu’on se surprenne à lui trouver un véritable intérêt.