Présenté en compétition au Festival de Cannes 2021, Julie (en 12 chapitres) a été récompensé du Prix d’interprétation féminine pour Renate Reinsve.
Après le fantastique Thelma, Joachim Trier souhaitait revenir à un film dont l'univers lui serait plus familier, en abordant des situations proches de son vécu : « J’ai passé les 40 ans, j’ai vu mes amis vivre toutes sortes de relations de couple et j’ai ressenti le désir de parler d’amour, et de l’écart entre le fantasme de la vie que nous aurions rêvé de mener et la réalité de ce que sont nos vies. Le personnage de Julie a commencé à prendre forme : une jeune femme spontanée, qui croit qu’on peut changer de vie à sa guise et qui recherche ça, puis qui se retrouve un jour confrontée aux limites du temps et à celles de chacun y compris les siennes. Il n’y a pas un nombre infini d’opportunités dans une existence. »
Julie (en 12 chapitres) évoque des questions existentielles communes aux hommes et aux femmes. « Ce film traite de comment les relations amoureuses reflètent nos attentes existentielles. Dans notre culture occidentale, on a été élevés dans l’idée que l’amour et la carrière sont les endroits où s’épanouit une vie. Ça dépasse donc le genre », explique le réalisateur. Cependant, le personnage principal étant féminin, Joachim Trier ne pouvait pas faire l’impasse sur le regard féminin, sans pour autant prétendre à la généralisation : « Ce film traite avant tout de l’individu Julie, je ne voulais pas faire un exposé sur "la femme de notre temps" ! »
Afin d’être le plus juste dans l’écriture, le réalisateur a tenu à ne pas toujours montrer Julie comme un personnage sympathique, mais en proie à des conflits intérieurs et, parfois, à des échecs. « Julie porte en elle une forte mélancolie. Elle sabote ses relations amoureuses pour des raisons que je laisse à la libre appréciation du public, mais je pense que ce penchant autodestructeur est un aspect intéressant de sa personnalité. Julie est une « imperfectionniste ». Elle hésite entre tel ou tel homme comme dans toutes les comédies romantiques, mais au bout du compte, elle devrait surtout penser un peu à elle. »
Joachim Trier connaît parfaitement Oslo et souhaitait filmer son atmosphère, ses quartiers, sa lumière. « Oslo a beaucoup grandi et changé ces derniers temps et à travers mes films, j’essaye de documenter l’histoire de la ville. […] Pour un cinéaste, c’est un cadeau de parfaitement connaître un lieu et de le filmer pour le montrer à un public. Faire des films est une affaire de mémoire, d’espace et de temps. »
Pour la scène où Julie traverse la ville complètement immobilisée, Joachim Trier voulait éviter les effets spéciaux numériques. Il s’agit donc de vrais figurants restant immobiles, on peut d’ailleurs voir le vent souffler dans les arbres et les coiffures. « Cette scène, c’est le fantasme romantique ultime où l’on se dit "et si j’arrêtais tout pour vivre ailleurs avec mon amoureux ou mon amoureuse". Avec cette scène, j’ai réalisé la version cinéma de ce fantasme ».
Joachim Trier avait déjà dirigé Renate Reinsve dans Oslo, 31 août, où elle tenait un petit rôle. Il voulait cette fois-ci lui écrire son premier premier rôle. « Elle a beaucoup collaboré à construire Julie, à dévoiler sa complexité. Renate est audacieuse et courageuse, elle n’a aucun problème à montrer des failles, elle n’a aucun ego mal placé. […] Renate possède cette combinaison rare de légèreté et de profondeur, elle a le même talent énorme pour la comédie et pour le drame. » Avant ce film, l'actrice avait envisagé d'arrêter la comédie pour devenir charpentière.
Le réalisateur retrouve Anders Danielsen Lie, qui incarnait le héros d’Oslo, 31 août : « On voit le temps passer sur son visage de film en film. Je suis toujours très heureux d’avoir Anders sur le plateau, c’est un des meilleurs acteurs au monde, je l’admire et de plus, c’est mon ami. On a une relation très ouverte, on collabore toujours étroitement pour définir le personnage. » En parallèle de sa carrière d’acteur, Anders Danielsen Lie est médecin. Il s’est mobilisé durant la pandémie pour aider les gens à se faire vacciner à Oslo.