Conte intime
C’est le 1er film du jeune – 36 ans -, Harry Macqueen, qui nous conte une histoire d’amour romantique, originale et moderne. 94 minutes tout en sensibilité et en pudeur même si elles n’évitent pas toujours l’écueil du pathos. Sam et Tusker s'aiment depuis 20 ans. À bord de leur vieux camping-car, ils rendent visite à leurs amis et famille et retournent sur les lieux de leur jeunesse. Depuis que Tusker est atteint d'une grave maladie, tous leurs projets ont été suspendus. Le temps est compté et être ensemble est désormais la chose la plus précieuse. Cependant, ce dernier voyage va mettre leur amour à rude épreuve. Cette romance dramatique pose une question cruciale : comment peut-on continuer à vivre, à aimer et à rire, alors qu’on se sait condamné ? Bouleversant et superbement interprété.
C’est inspiré par le parcours de trois personnes que Harry Macqueen a eu l’idée de Supernova. En 2015, une de ses collègues, qui était devenue distante et de plus en plus incompétente, a été licenciée. Six mois plus tard, elle décédait. Quelques jours après, l’un de ses amis proches a été obligé de placer son père en maison de retraite, alors que celui-ci venait tout juste d’avoir soixante ans. Macqueen a ensuite été ému par un documentaire qui suivait un homme de soixante-cinq ans qui se rendait à la clinique Dignitas, en Suisse, en compagnie de sa femme de quarante ans, pour mettre légalement fin à ses jours. Pendant trois ans, le réalisateur a travaillé étroitement avec des spécialistes britanniques de la démence. Pour le réalisateur, il était important de saisir l’expérience que traversent les personnages dans le contexte d’un couple de même sexe, tout en évitant de faire de leur orientation sexuelle le centre de l’histoire. C’est avant tout l’histoire de deux personnes qui s’aiment. J’ajouterai à ce scénario très bien écrit, une photographie absolument superbe et une musique originale exécutée par un orchestre à cordes qui crée une ambiance douce et sombre à la fois. Un beau retour du ciné britannique.
Le duo Colin Firth / Stanley Tucci, parfait en tous points, apportent beaucoup à la réussite de ce film. Ils se régalent de tous ces regards échangés, des sarcasmes, des disputes futiles, des éclats de rire qui rythment chaque instant de ce road-movie parfois un peu paresseux mais plus qu’attachant. On retrouve l’excellente Pippa Haywood qu’on n’avait plus vue depuis longtemps à l’écran. Une infinie tendresse baigne tout ce drame dont l’interprétation vous emportera au-delà des étoiles et de la supernova promise par cet ultime voyage. Prenez la route, vous ne serez pas déçus.