The Duke est le premier long-métrage à revenir sur cette histoire hors du commun : le vol en 1961 du portrait du duc de Wellington peint par Goya et exposé à la National Gallery de Londres par Kempton Bunton, un chauffeur de taxi sexagénaire. C’est la seule œuvre qui n’ait jamais été dérobée de la galerie depuis sa fondation en 1824.
C’est Christopher Bunton, le petit-fils de Kempton, qui a contacté la productrice Nicky Bentham pour lui partager l’histoire de son grand-père et lui faire part de son souhait d’en faire une adaptation cinématographique. Après avoir effectué des recherches, Bentham fut étonnée de découvrir qu’aucun film ne s’en était emparé : « La famille était très discrète, elle m’avait accordé un privilège immense en me donnant accès à toutes les archives qui contenaient aussi bien des exemplaires des pièces de théâtre de Kempton que des photographies de Marian colorisées à la main [la fille aînée des Bunton morte dans un accident de vélo] qui auparavant étaient fièrement exhibées sur les murs de la maison familiale. »
Les scénaristes Richard Bean et Clive Coleman ont pu baser leurs recherches sur les pièces de théâtre de Kempton Bunton que la productrice Nicky Bentham leur avait données. En effet, Bunton écrivait des pièces mais aucune d’entre elles ne fut publiée. Elles n’en demeuraient pas moins précieuses : « Il écrivait toujours sur des sujets très chers à son cœur et dont il ne pouvait parler librement à la maison, l’écriture lui servait d’exutoire. […] on devine beaucoup de choses sur lui à travers ses écrits. Richard et Clive s’en sont inspirés pour trouver le bon ton à donner à la voix de Kempton qui mêlait humour et humanité. »
Le scénariste Clive Coleman qualifie The Duke de film « feel good » : « j’espère qu’il boostera le moral du public. Il dépeint le genre de personne qu’on voudrait tous avoir dans notre entourage. Dans un monde souvent plein de morosité, il y a des personnes qui ont réellement l’espoir de changer le monde et sont persuadées qu’elles vont y arriver. S’il y avait plus de gens comme Kempton Bunton, le monde serait plus heureux. »
Kempton Bunton prenait la défense des plus faibles et des plus vulnérables et se préoccupait en particulier du sort des personnes âgées. La télévision constituait pour lui un remède à leur solitude, il milita pour qu’elles y aient accès gratuitement. Le vrai Kempton Bunton a fait de la prison à deux reprises pour avoir refusé de payer les redevances de la BBC. « Malgré les échecs constants que la vie lui a infligés, Kempton était un éternel optimiste et un activiste. Partout, nous avons besoin de gens comme lui, qui mettent toujours des bâtons dans les roues des autorités et remettent en question tout ce qu’on leur ordonne d’accepter », explique le réalisateur Roger Michell.
Dès l’écriture, les scénaristes Richard Bean et Clive Coleman avaient Jim Broadbent en tête pour camper le rôle de Kempton Bunton. Le comédien retrouve pour l’occasion Roger Michell qui l’avait dirigé dans Un week-end à Paris. « Toute cette histoire porte un message puissant magnifiquement transmis par les scénaristes. Kempton a eu le courage de risquer sa peau pour le bien des autres, car c’était dans sa nature de prendre soin de son prochain. C’est un personnage complexe et totalement ambivalent. Il est intègre, mais légèrement bête. Il a toujours de bonnes intentions mais il se trompe aussi ! »
The Duke évoque le deuil qu’ont dû traverser les Bunton après la mort de leur fille aînée, Marian, décédée dans un accident de vélo. En son hommage, les producteurs ont utilisé dans le film le portrait authentique de Marian. À l’époque, les photographies colorisées à la main coûtaient très cher et Dorothy dut la payer en plusieurs versements.
En raison de la modernisation de Newcastle, les producteurs ont dû trouver un autre endroit pour tourner les scènes en extérieur : « Newcastle est totalement méconnaissable avec ses magnifiques édifices et ses rues animées. C’est très difficile de filmer là-bas, le choc de la nouveauté est quasiment omniprésent », explique Roger Michell. Les producteurs ont décidé finalement de reproduire le Newcastle des années 1960 à Leeds et à Bradford.
En ce qui concerne la scène du procès, de nombreux discours de Kempton Bunton ont été extraits directement des transcriptions originales. « Au tribunal, Kempton a été un orateur hors pair. Il a sans aucun doute bien exploité le quart d’heure de gloire qu’il a eu grâce au procès. L’auditoire était on ne peut plus diverti et la presse britannique était séduite, tout le monde adorait Kempton », développe Richard Bean.