Pressenti pour armer le cinéma français de bonnes intentions, notamment après le double programme « Mesrine », Jean-François Richet a préféré suivre un sentier plus hollywoodien, tournant autour de grosses têtes d’affiche, d’abord Ethan Hawke et Laurence Fishburne dans le remake du « Assaut » de Carpenter, puis Mel Gibson sur « Blood Father » et à présent un très prolifique Gerard Butler, dont on ne présente plus ses états de service. Sa trop grande ambition sur « L'Empereur de Paris » lui a sans doute confirmé sa position confortable derrière les supers guerriers de la série B, c’est pourquoi il revient avec un double concept, en aller simple, entre le film catastrophe et l’amuse-gueule testostéroné de vidéoclub, un mariage qui a de quoi enchanter, si on accorde un peu de crédit à toute cette fantaisie.
L’homme du président troque son gilet pare-balle contre des ailes d’ange, un peu à l’image du père de famille dans le sympathique « Greenland ». Brodie Torrance est le commandant qu’il vous faut, il veille sur ses passagers, des plus courtois aux hors-la-loi, c’est sa nouvelle mission. Une action après l’autre, un mouvement après l’autre, c’est avec la même minutie que Richet structure son programme de tous les risques. Autant dire que l’escale imprévue aurait de quoi ressembler à un pique-nique médiéval, à coup de survival. Et pourtant, non. Un atterrissage forcé bouscule les habitudes de ce Brodie, qui n’a qu’une hâte, retrouver sa fille qui lui manque terriblement. Il devient alors l’illustration parfaite du couple McCLane, quelque part entre le bourrin et la retenue. Heureusement que l’île philippine où il s’est posé regorge de guerriers indépendantistes, prêts à tout pour garnir leur troupeau d’otages.
On s’attend donc à un minimum de complicité avec ce mystérieux inconnu aux bracelets d’argent (Mike Colter), ce qui intervient assez vite, afin de compiler les atouts physiques du comédien écossais en un assez bon plan-séquence. Il ne faudra pas espérer autant du reste du groupe, sacrifié sur l’autel des stars, dont on retiendra l’héroïsme sans défaut. Ce qui peut toutefois heurter le premier fan venu, c’est bien la générosité dans les impacts. Le dénouement exclu, on pourra tranquillement attendre le prochain vol pour trouver un meilleur divertissement. Ici, le réalisateur français ne se donne pas tous les moyens dans l’élaboration de son plat, véritablement aérien. Il laisse ainsi des poches d’air dans un repas trop peu copieux, si bien qu’on en redemandera sans arrêt. À l’autre bout de la ligne des secours, on bataille également dans ce sens.
En somme, « Mayday » (Plane) reste en pilote automatique et atterrit sans peine vers sa destination, la plus commune possible. Pas question de nous surprendre avec un climax survolté. Richet économie ses effets, afin de palper cette tension qui lui a souvent fait défaut ces derniers temps. Si le film est loin de satisfaire, par bien des aspects cités plus haut, il est également réconfortant de constater que la fatigue créative du cinéaste est de nouveau récupérable, espérons-le, pour un nouveau détour plus croustillant, avec ou sans un muscle d’acier sous son aile.