Il est toujours risqué de vouloir s'attaquer à la thématique de la Seconde Guerre mondiale, tant Hollywood nous en a montré une image fantasmée, que ce soit du sanglant à l'humour acerbe façon Tarantino avec "Inglorious Bastard", un hommage un poil trop patriotique illustré par "A la mémoire de nos pères" ou de la mise en scène théatrale, à la façon du film "Diplomatie".
C'est pourtant ce qui a motivé Johnn Madden, réalisateur britannique à adapter au grand écran l'histoire de l'opération "Mincemeat", visant à fournir de faux documents aux nazis, en pleine deuxième guerre, afin de les convaincre que les alliés ne les attaqueront pas en Sicile.
Le pitch parait somme tout classique, le déroulé est tout autre. Il semble que nous ayons affaire à un énième film voulant son lot d'explosions, d'avions bombardier et de batailles navales meurtrières, ce qui n'est pas la façon de faire de Mr Madden.
Nous suivons donc les services secrets britanniques, qui élaborent un plan pour qu'un "volontaire" soit parachuté près des lignes ennemies, afin de tromper l'ennemi.
C'est Colin Firth qui incarne le rôle titre, avec son talent et sa flegme britannique habituelle.
Si l'histoire est extraordinaire, car très largement inspiré d'un plan qui a réellement existé, la romance crée pour l'occasion n'aide pas l'intrigue à convainvre le spectateur.
On se retrouve rapidement face à une longue préparation pour une mission décisive, qui peut nous perdre, tant l'action est finalement assez peu omniprésente, afin de privilégier le génie des détails apportés à ladite mission.
Sans scène de combat ni de proximité directe avec l'ennemi nazi, le film ne peut alors briller, à la façon du film "Imitation game", qui lui a su jongler avec scènes de guerre et réflexion autour d'un code réputé indéchiffrable, qui nous prend aux tripes par les conséquences de son incompréhension pour les forces alliées.
Si le film est finement réalisé et servi par un casting attachant, il est toutefois difficile de rester accroché à l'intrigue, qui se perd dans un amour à sens quasi unique et un plan qui peut ennuyer les pupilles non averties par un cinéma plus bavard que visuel.