En arrivant en Australie, Partho Sen-Gupta été frappé par la particularité de l’histoire multiculturelle du pays. Le metteur en scène a grandi dans la société très diversifiée de la ville de Mumbai, aux côtés de personnes issues d’une multitude d’ethnies et de confessions. Il explique : "En ce temps-là, être musulman, comme beaucoup de mes amis et collègues l’étaient, n’était qu’un fait de vie. Aujourd’hui, en revanche, les musulmans sont les nouveaux parias, que ce soit en Inde, en Australie, en Amérique ou en Europe. Vivant à Sydney et, interagissant avec les habitants des banlieues ouest, l’impact local du 11 septembre m’a semblé flagrant."
Slam se déroule dans le contexte particulier du dixième anniversaire des émeutes de Cronulla (une série d’affrontements raciaux dans une banlieue de Sydney en 2005), des attaques terroristes en Europe, de la crise des réfugiés syriens, des camps de rétention pour migrants et d’une période de racisme. Partho Sen-Gupta raconte :
"Les femmes musulmanes sont régulièrement harcelées en public. En Australie, le parti d’extrême droite - encouragé par le “Trumpisme mondial“ - gagne en force et en respectabilité. Des questions jusqu’alors anodines comme la nourriture halal ou la construction de mosquées font la une des journaux. Alors qu’une minorité de musulmans se radicalise, la majorité se retrouve confrontée à une méfiance devenue quotidienne et à une violence qui vient s’ajouter aux problèmes anciens d’exclusion sociale."
Si l'action de Slam se déroule en Australie, l'équipe et les acteurs sont internationaux. Le personnage principal est incarné par le Palestinien Adam Bakri, connu pour avoir joué le premier rôle du thriller d’Hana Abu-Assad, Omar, qui a remporté le prix spécial de la section Un certain regard au Festival de Cannes en 2013 et qui a représenté la Palestine aux Oscars 2014. Il est accompagné de l'Australienne Rachel Blake, qui campe la policière Joanne Hendrick en charge de l’enquête sur la disparition d’une jeune australienne.
Le texte de la poésie du film a été écrit par la militante féministe Candy Royalle, décédée d'un cancer en 2018. Slam lui est dédié. Le film a été par ailleurs été présenté en compétition au Tallinn Black Nights Film Festival, où ce texte a été écrit pour la première fois.
Une tendance actuelle très dangereuse est abordée dans le film : la dénaturalisation. Dans Slam, les médias suggèrent que les traîtres djihadistes comme Ameena devraient perdre leur nationalité, mais toute leur famille également. Un ami d'Ameena est menacé de dénaturalisation parce qu'il a fait un don de 400 dollars à un organisme de bienfaisance palestinien. Les conséquences sont désastreuses pour la vie de Ricky.
Partho Sen-Gupta est un réalisateur et scénariste d’origine indienne. Il a travaillé en tant que directeur artistique et directeur de production sur plusieurs films, séries télévisées et publicités en Inde. Il a ensuite étudié à la Fémis à Paris. Let the wind blow, son premier film a été présenté au Festival de Berlin en 2004 et a également été diffusé au Moma de New-York et au Gugenheim de Berlin.
Son second long métrage, le drame Sunrise, sorti en 2014 a été projeté au Busan International Film Festival ainsi qu’à Tribecca, Munich et au BFI de Londres. Slam, son troisième film (une coproduction France-Australie) fait sa première au Tallin Black Nights Film Festival en 2018, puis est présenté au Sydney Film Festival en 2019.