Ce n'est pas la première fois qu'Alain Resnais traite d'une histoire écrite par un auteur anglais. En effet, avec Smoking - No Smoking et plus récemment Coeurs, le réalisateur avait déjà porté à l'écran les oeuvres du dramaturge britannique Alan Ayckbourn.
Après avoir eu comme scénariste Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Jean Cayrol et Jorge Semprún , Alain Resnais a cette fois eu recours à un ecrivain britannique David Mercer. Grand dramaturge anglais, il a ecrit plus de vingt pièces de théâtre dont certaines ont été adaptées au cinéma comme Morgan tirée de sa pièce Morgan, a Suitable Case for Treatment
Pour Alain Resnais, le titre a deux significations: " C'est au départ le nom de la propriété où l'un des personnages principaux est en train de finir sa vie. Mais dans la mesure où cet homme est un écrivain âgé qui est en train d'imaginer ce qui sera peut-être son dernier romain, on peut dire, et c'est le second sens du titre, qu'il se comporte avec ses personnages comme les mais de la Providence, d'une Providence souvent sarcastique mais qui ne fait pas toujours tout ce qu'elle veut. En effet, il réinvente son passé. Il emmêle tous les lieux qu'il a connus auparavant. Il utilise comme héros de fiction tous ses proches parents et ses amis, qui n'obéissent pas pour autant aux caprices de sa fantaisie. L'une des questions que pose le film est, si vous voulez, celle-ci. Est-ce que nous sommes ce que nous pensons être, ou est-ce que nous devenons ce que les autres font de nous dans leurs jugements? " Par ailleurs, notons que Providence est la ville natale de l'écrivain de science-fiction Howard Philips Lovecraft dont le personnage principal est directement inspiré.
David Mercer, scénariste du film, nous livre un éclairage sur le titre Providence: " Il désigne pour moi l'intervention du créateur, la main de quiconque organise l'inconnu, dans le sens où un artiste manipule ses propres personnages. Ce titre représente aussi le sens de la vie, indique que l'existence a une signification, mais séculière".
Providence est le ving-sixième film réalisé par Alain Resnais mais surtout le premier et unique long-métrage réalisé par l'auteur dans la langue de shakespeare.
Miklós Rózsa, compositeur de la musique du film, fut l'un des plus grands compositeurs de l'âge d'or du cinéma Hollywoodien. D'origine hongroise, on lui doit la musique de films comme Assurance sur la mort de Billy Wilder , Les Tueurs de Robert Siodmak , La Maison du Docteur Edwardes d'Alfred Hitchcock , Jules César de Joseph L. Mankiewicz ou encore Ben-Hur de William Wyler.
Ce n'est pas la première fois que les deux acteurs se rencontrent sur grand écran puisqu'ils ont dejà partagé l'affiche dans Ah dieu que la guerre est jolie de Richard Attenborough
Les auteurs du film ont souhaité souligner l'aspect critique et ludique de la psychanalyse à travers sa représentation en direct et l'évocation des frustrations des personnages, aussi bien que ceux du spectateur. Plus généralement, la mémoire, sa façon de reconstruire et de déformer des expériences vécues ou fantasmées, sont l'enjeu indirect mais omniprésent de Providence.
Providence a remporté 7 césars en 1977 dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, meilleur scénario, musique, montage, décor et son. Il a par ailleurs reçu le Prix de la critique française, le Grand Prix du cinéma français, le Décibel d'or et le Prix du meilleur film étranger à New York.
Dans la version française de Providence, on peut entendre la voix de Gérard Depardieu doublant celle de David Warner. Jean-Francois Perrier prête lui sa voix à Dirk Bogarde et Claude Dauphin à John Gielgud.