Très déçu du film. Les bandes-annonces ont été très bien faite, et toute l'opération marketing derrière également. Je ne m'attendais pas au style docu-fiction déjà, ce qui réduit déjà beaucoup l'intérêt dans la réalisation en elle-même et la force de frappe qu'aurait pu avoir la mise en scène...
Tout se joue donc sur le jeu, le fond et l'écriture qui, effectivement, est déjà plus intéressante et incisive. L'auto-dérision est clairement la grande force dans l'écriture mais le parti pris de l'improvisation reste quand même très bancale en fonction des acteurs et de leurs scènes. Je dirai que Ramzy, Fary, Fabrice éboué et Lucien Jean-Baptiste excèlent mais que Mathieu Kassovitz par exemple n'est ni à l'aise ni à la hauteur de l'exercice... Le sentiment aussi d'avoir quelques personnes inutiles à l'avancement du propos, et qui n'étaient là que pour servir la distribution d'un casting "en or"...
J'ai trouvé vraiment le film décevant sur l'aspect comique. Certains passages font presque penser à des délires entre potes, jouant sur l'humour de l'un et de l'autre, sans que les dialogues en eux-mêmes fassent sens. Il y a cependant vraiment deux scènes très drôle et réussis qui se détachent selon moi (en dehors de celles de la bande-annonce),
Celle de Fary dans la voiture arrêtée par le policier fan, et celle de la confrontation entre Lucien Jean-Baptiste et Fabrice Eboué,
(qui d'ailleurs a été effectué en une seule prise sur le tournage). Très bon.
Gros problème également (selon moi) : le manque de point de vue. Tout part dans tous les sens, avec les arguments des uns et des autres, et une multitudes de points de vues. Les "clichés" racistes sont déroulés un à un, de façon très décousus sans vraiment de liant ni de transition logique... et chaque argument et situation ne sont pas systématiquement démontés pour autant. Ce qui fait un peu une sensation de fourre-tout. Résultat, on ressort de la salle avec beaucoup plus de questions que de réponses à vrai dire. Mais surement est-ce l'effet recherché par le film. Et en soit, l'après séance de questions/réponses avec les acteurs du film l'a démontré. Le public a abordé des questions portant sur Dieudonné, Zemmour, le métissage, le révisionnisme, le rôle des médias, l'utilisation de la comédie plutôt que le drame pour dénoncer le racisme... A vrai dire, les acteurs répondaient non sans mal et avec un certains malaise, tout en prenant de grandes pincettes (vu le nombre de téléphone qui filmait leur intervention dans la salle). Et il en ressort que même entre eux, les acteurs n'étaient pas d'accord sur le sens du film... Ce qui démontre bien l'extrême complexité du sujet, et de "l'identité noir" en France. A défaut de donner des réponses donc, le film interroge, et prolonge le débat. Place à l'acte politique ?