Ana García Blaya a commencé à écrire le scénario des Meilleures intentions en 2010, lors d’un atelier dirigé par Pablo Solarz, réalisateur de Historias Minimas. Comme elle n'avait aucune expérience dans l’écriture, elle a choisi de raconter un récit simple inspiré de sa propre vie avec une totale liberté (sans savoir qu'elle allait, quelques années après, en faire un film). La réalisatrice se rappelle :
"L’exercice consistait alors à travailler à partir de souvenirs spontanés mais ce fut en réalité une catharsis qui a fait resurgir des peurs enfouies et des traumatismes de mon enfance. J’ai fait le choix d’une histoire narrée du point de vue d’une jeune fille de dix ans, celle que j’ai été, en effectuant un gros travail de mémoire et sans me soucier de l’opinion de ma famille, notamment celle de mes parents, afin d’être au plus proche de la psychologie de mon personnage. Ce fut un véritable voyage mental et émotionnel vers les années 1990."
Ana García Blaya a alors gardé sous la main ce scénario durant cinq ans, jusqu’à ce qu’en 2015 son père décède. "Un an après, ma sœur m’a proposé de le présenter au concours du premier long métrage de l’Institut National du Cinéma et des Arts Audiovisuels (INCAA) et, contre toute attente, nous avons gagné. Après cela, il n’était pas possible de ne pas le faire. C’est ainsi que je suis devenue réalisatrice", se souvient-elle.
Selon Ana García Blaya, les "meilleures intentions" ont à voir avec l’amour et ce malgré les maladresses des uns et des autres. Elle explique : "Le père d’Amanda accède à la maturité à la fin du film lorsque, conscient de ses limites, il comprend ce qui est bon pour sa fille et la conseille. Les bonnes intentions de la mère sont de respecter la volonté de sa fille, d’écouter enfin sa protestation contre la décision drastique de déménager dans un autre pays et de lui permettre de choisir de comprendre que ce n’est pas une décision facile à prendre."
Ana Garcia Blaya est née en 1979 à Buenos Aires où elle a étudié les Sciences de l’Information et de la Communication. Elle débute dans la publicité en tant qu’assistante de production et mise en scène puis monteuse. Elle se tourne vers le cinéma en 2008 en participant à un atelier de scénario sous la direction du réalisateur Pablo Solarz. Elle y écrit son premier film Les Meilleures Intentions qu’elle réalise après avoir obtenu le prix INCAA du scénario du premier long métrage.
"Malgré les quelques heures quotidiennes avec les garçons, c’était extrêmement agréable car nous avons eu avant le tournage des répétitions où nous nous sommes rencontrés et un coach d’acteurs fantastique qui a fait de chaque scène un véritable jeu pour les enfants. L’équipe dans son ensemble a toujours été très attentive, s’adaptant pleinement à leur rythme. C’était une vraie valeur ajoutée pour chaque responsable d’équipe qui a fait son travail avec professionnalisme et rapidité."
La directrice de la photographie, Soledad Rodriguez, est une amie d'Ana García Blaya. Cette dernière précise : "C’était cette complicité dont j’avais besoin pour réaliser mon premier film. Elle me soutenait et s’adaptait aux conditions que nous avions : budget réduit, temps court de tournage à cause de la loi sur le travail des mineurs. Elle a donc été très généreuse et n’a jamais mis son travail personnel au-dessus du projet collectif. Elle et le reste des femmes qui étaient chefs d’équipe dans ce film ont été des éléments clés dans mon processus d’apprentissage et mon affirmation en tant que réalisatrice, d’autant que ce que je filmais était aussi mon histoire personnelle."
Après la direction des acteurs (qui représentent 90% du film à l’écran), la reconstitution historique des années 90 a été l’autre point essentiel de la mise en scène des Meilleures intentions. Pour réussir ce "voyage dans le temps", Ana García Blaya s'est entourée d’une équipe artistique et technique talentueuse (costumes, maquillage et décors) qui, en plus, a vécu cette décennie. "Bien que très proche d’aujourd’hui, la différence se fait dans les détails comme la façon de parler, l’idée étant toujours d’effacer toutes traces de « modernité » allant jusqu’au choix de la lumière", se rappelle la cinéaste.
La musique du film est aussi importante que les décors ou les costumes, car elle donne à voir l’époque, en même temps qu’elle constitue une partie de l’héritage que le père d'Ana García Blaya lui a légué : "Elle est composée de chansons originales que nous écoutions en famille et qui rendent compte de notre façon de vivre. Il devait y avoir, au départ, des morceaux de nombreux groupes connus (Ramones, The Breeders, Bob Marley, Beatles, Rolling Stones, Iggy Pop, etc.) mais, compte tenu de notre budget, j’ai dû abandonner l’idée. Au moment du tournage, nous avons fait le choix de chansons de groupes argentins emblématiques de l’époque. Mais il y a aussi la musique composée par mon père que j’ai souhaité ajouter car je voulais ainsi rendre hommage à cet artiste qu’il a été plus tard. Mon frère et son groupe ont composé le reste."