Avec les résonances de l’affaire Weinstein et des mouvements « Me Too » et « Times Up », la parole des femmes dans le monde entier se libère. Pour le réalisateur Quentin Delcourt, il était temps et heureusement que cela arrive. "Mais j’ai aussi pu observer que cela engendrait dans de nombreux discours et débats un certain séparatisme. J’ai eu peur qu’il y ait désormais les femmes d’un côté et les hommes de l’autre et que la guerre des sexes s’intensifie en créant un fossé entre nous sur les tournages et dans la société, au lieu de trouver comment changer les moeurs, pallier aux problèmes d’éducation sur la question et de lutter ensemble pour une parité évidemment nécessaire. Jamais je n’ai pensé qu’il puisse y avoir une hiérarchie naturelle entre un homme et une femme. J’aime les femmes, les respecte et les écoute même plus spontanément que les hommes. Il m’a donc semblé nécessaire de contribuer à ma manière à cette libération de la parole féminine, non pas en cherchant du scoop ou des confessions difficiles car je ne suis pas journaliste, mais en posant simplement la caméra et mon regard sur elles."
Quentin Delcourt explique que le mot n’existe qu’au masculin et il n'a jamais trouvé cela normal. "Personnellement, j’emploie ce terme depuis très longtemps, et j’espère qu’avec la sortie du film il se démocratisera de plus en plus, car le langage est pour moi le premier lieu du changement. Je n’ai pas hésité longtemps sur le titre du documentaire car dans l’art comme dans la vie, certaines personnes façonnent des carrières, créent des oeuvres ou les inspirent, magnifient, provoquent, mettent en lumière, protègent, passionnent. Les femmes interrogées dans le film sont pour moi toutes des bâtisseuses, des créatrices et de véritables cheffes dans leurs domaines respectifs, mais aussi et surtout une source personnelle d’admiration et donc de désir. Elles sont toutes des Pygmalionnes."