Vincent Gallo n'est peut-être pas l'acteur le plus réputé au niveau du mainstream, toutefois, dans le milieu du cinéma indépendant, le bonhomme fait figure de véritable personnalité atypique et anticonformiste. Or, c'est que Vincent Gallo est un artiste avec un grand A, et complet qui plus est. Dans ce "Buffalo 66", en plus d'interpréter le personnage principal du film, un certain Billy Brown, le monsieur est réalisateur, scénariste, compositeur et j'en passe. Autant dire que Gallo s'est investi corps et âme pour ce film, à tel point que les acteurs (et particulièrement Christina Rici) sont parvenus à le détester.
"Buffalo 66" est un film simple en apparence. Sans exubérance dans le budget, Vincent Gallo parvient à faire de son long-métrage un séduisant mix entre film comique, thriller, drame et amour. Là où d'autres réalisateurs se sont plantés en introduisant maladroitement plusieurs genres, Gallo réussit et réalise une oeuvre touchante, spéciale dans le fond et dans la forme mais qui atteint une profondeur narrative fantastique. "Buffalo 66" est truffé d'idées cinématographiques à chaque minutes, que ce soit dans le montage, le scénario ou même dans ces personnages torturés, parfois "freaks" sur les bords. Car, avant tout, c'est une Amérique malade et froide qui est mise en avant. Dans cette maladie, le personnage de Billy Brown apparaît comme une des causes de ce symptôme. Puis, au fur et à mesure que le film s'écoule, on déteste Billy Brown, on est agacé par son tempérament émotif, jusqu'à l'affection. Affection pour un personnage pathétique et pas si mauvais que ça, désabusé par des conneries de jeunesse. Au final, le rémède à son mal être, il le trouvera en la personne de Layla, jeune danseuse qu'il kidnappe afin de faire croire à ses parents qu'à la place d'avoir été incarcéré, il était parti en voyage d'affaires au cours duquel il s'est marié. Sauf que Layla est elle aussi une personne perdue dans un univers qui ne semble pas fait pour elle.
"Buffalo 66" est un film surprenant. Vincent Gallo parvient à faire partager de multiples émotions en 1h45, comme la vie en général... Un long-métrage beau et majestueux, qui malgré sa potentielle lenteur, plonge le spectateur dans un voyage magnifique.