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    Antigone
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    Cinemadourg
    Cinemadourg

    780 abonnés 1 531 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 décembre 2021
    Antigone est une jeune fille d'origine kabyle immigrée au Québec depuis de nombreuses années avec sa tutrice légale ainsi que sa fratrie..
    Elève brillante et sans souci, son destin va totalement basculer lorsque l'un de ses frères se fait arrêter et qu'elle décide de le faire évader de prison...
    Ce drame canadien, pourtant porté par un casting d'inconnus, réussi assez bien son pari de nous émouvoir avec cette jeune femme faisant passer la loi de son coeur avant la loi des hommes.
    L'actrice principale (Nahéma Ricci) dégage une force et une sincérité sonnant très juste, la réalisation habile permet, de plus, de passer un moment cinéma plutôt convenable.
    Une assez belle petite découverte venue du pays à la feuille d'érable.
    Site CINEMADOURG.free.fr
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 388 abonnés 4 208 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 septembre 2020
    “Antigone” est une adolescente réfugiée d’Algérie qui vit avec sa famille à Montréal. Brillante à l’école et respectueuse des règles qu’impose la société aux immigrés. Un jour son frère est arrêté injustement. Par amour pour lui, elle se coupe les cheveux et organise son évasion en prenant sa place en prison. Désormais en marge de la loi, “Antigone” devient une héroïne. Les médias, les réseaux sociaux et les citoyens la soutiennent tandis que les autorités doivent canaliser cette rébellion. Avec “Antigone”, la réalisatrice Sophie Deraspe propose une relecture de la tragédie de Sophocle, une légende datant de 441 avant JC. Mais c’est avant tout un drame ancré dans une société moderne, un film sur la jeunesse d’aujourd’hui, sur l’intégration, sur la solidarité et sur le combat d’une jeune femme pour rendre justice à sa famille. Nahéma Ricci crève l’écran avec ses yeux bleus et son apparence fragile. On pourrait cependant regretter le choix d’une mise en scène trop sensible cherchant coûte que coûte à nous émouvoir. Le sujet l’était déjà.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    velocio
    velocio

    1 321 abonnés 3 153 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 août 2020
    "Antigone" est le 4ème long métrage de fiction de la réalisatrice québécoise Sophie Deraspe. Les 3 premiers ne sont jamais sortis sur les écrans de l’hexagone. Avant le confinement, la sortie d’"Antigone" dans notre pays était programmée pour le 8 avril. Il ne faut donc pas voir dans l’avalanche de récompenses reçues par ce film lors des « Canadian Screen Awards » de mai dernier la raison pour laquelle les cinéphiles de notre pays vont enfin avoir la possibilité de se confronter à une œuvre de Sophie Deraspe. L’injustice. Nous avons tous, un jour ou l’autre, connu ce sentiment, nous concernant, concernant un proche ou une proche, concernant une personne ou un groupe de personnes qu’on ne connait pas. Il est remarquable qu’on ressent souvent avec encore plus de force les injustices ne nous concernant pas directement ! Celle contre laquelle Antigone décide de se battre concerne avant tout ses frères, Polynice injustement victime d’une bavure policière, Étéocle injustement traduit devant la justice. Toutefois, il n’est pas interdit de voir dans le film de Sophie Deraspe l’évocation d’un combat contre une injustice beaucoup plus large, celle qui touche les immigrés qui, même lorsqu’ils sont accueillis de façon décente dans un autre pays, ne jouissent pas de l’intégralité des droits accordés aux nationaux. Face à l’injustice, Antigone devient une combattante sincère, intransigeante, acharnée, opiniâtre, elle pour qui on doit s’opposer à la loi lorsqu’elle se révèle inéquitable.Il serait profondément injuste que la frilosité de trop nombreux spectateurs pour réinvestir les salles de cinéma nuise au succès de cet excellent film canadien dont le thème est justement … l’injustice ! Face à ce qui est pour nous, spectateurs hexagonaux, la découverte d’une réalisatrice de grand talent, on est en droit de questionner les distributeurs : qu’attendez vous pour nous faire connaître les films précédents de Sophie Deraspe ?
    traversay1
    traversay1

    3 645 abonnés 4 878 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 septembre 2020
    Il pouvait sembler audacieux de s'emparer de la figure d'Antigone, déjà présente dans la mythologie grecque avant Sophocle, pour décrire la résistance d'une jeune québecoise d'aujourd'hui face une justice dépassée et partiale. Québecoise oui, mais aussi immigrée Kabyle, ayant vécu l'horreur en Algérie et trouvant dans sa cellule familiale toute l'énergie et la solidarité pour garder la tête haute devant l'adversité dans son pays d'adoption. Antigone est une pure merveille de film, enthousiasmant et rythmé comme un thriller avec une héroïne aussi puissante et humble que Jeanne d'Arc, pas moins. Une jeune femme qui obéit à la loi de son cœur et combat ce qu'elle voit comme une injustice avec toute sa foi, qu'importent les conséquences pour elle-même. D'aucuns prétendent avoir vu un film sans aucune émotion dégagée mais c'est tout l'inverse : elle palpite dans chaque scène, dès que la caméra se pose sur la fièvre du regard d'Antigone qui n'a de cesse de vouloir bouter les préjugés, les abus et l'iniquité hors du Canada. Il y a une grandeur indicible dans ce personnage qui se dépouille de tout sauf de sa fierté et de son courage et il y a longtemps qu'on n'avait pas vu une héroïne aussi magnifique. Moins convaincants, sans doute, sont les passages où la réalisatrice, Sophie Deraspe, traite de l'emballement des réseaux sociaux, chœur antique de notre époque moderne, mais que le film ne soit pas parfait de bout en bout et cède parfois à un certain manichéisme est un élément de plus de son entièreté et de sa probité. Cette ardeur, cette force d'âme et cette conviction s'épanouissent dans le jeu de Nahéma Ricci, époustouflante d'intensité, dont ce n'était que le deuxième rôle. Une étoile est née.
    Coric Bernard
    Coric Bernard

    382 abonnés 607 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 mars 2020
    Ce film est une sorte de tragédie grecque transcrite à notre époque contemporaine. Et le résultat est assez réussi !
    Dans son 5ème long-métrage, cette réalisatrice québécoise s'est en effet librement inspirée de la tragédie de SOPHOCLE mais aussi de l'affaire Freddy VILLANUEVA tué par des policiers et qui avait fortement ému le Québec en 2008. L'histoire de cette jeune étudiante ANTIGONE qui se sacrifie pour sauver son frère et sa famille d'origine étrangère au Québec, est absolument bouleversante. L'interprétation de l'actrice qui joue le rôle d'ANTIGONE est remarquable et très convaincante. La réalisation avec un montage judicieux fait très bien ressortir les moments forts de cette histoire où le « coeur » cherche à prendre le pas sur l'ordre établi.
    Yves G.
    Yves G.

    1 498 abonnés 3 516 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 septembre 2020
    Antigone, jeune Kabyle dont les parents ont été tués en Algérie pendant la décennie noire, est réfugiée au Canada avec sa grand-mère. Si sa sœur et elle vivent une enfance sans problème, ses deux frères ont versé dans la délinquance. Lors d’une interpellation, l’aîné, est tué par la police ; le cadet, est incarcéré et menacé d’expulsion. Choisissant d’écouter son cœur, Antigone décide de violer la loi des hommes en organisant l’évasion de Polynice.

    Couronné par cinq prix aux Oscars canadiens (dont celui du meilleur film et de la meilleure actrice), "Antigone" transpose dans le Canada contemporain la pièce de Sophocle, comme Anouilh l’avait déjà fait dans la France de l’Occupation. Sophie Deraspe en a gardé les prénoms des principaux protagonistes d’une élégance hors du temps : Etéocle, Polynice, Ismène, Hémon…. Manque à l’appel Créon, le roi de Thèbes qui chez Sophocle prononce la condamnation à mort d’Antigone : cette figure de l’autorité prend successivement chez Sophie Deraspe les traits du policier qui interroge Antigone, de la juge devant laquelle elle comparait, de l’éducatrice qui l’accueille en centre fermé.

    Surtout, Sophie Deraspe reste fidèle à la figure intemporelle d’Antigone. On le sait depuis le lycée, elle présente deux caractéristiques. Le premier est le plus connu : Antigone se rebelle contre la loi des hommes (l’ordre inique de laisser sans sépulture le corps de son frère défunt) au nom de principes qu’elle estime supérieurs (le respect dû aux morts). Par solidarité familiale, la moderne Antigone de Sophie Deraspe se rebelle contre la condamnation qui pèse sur Polynice son frère – la déportation en Algérie – l’estimant disproportionnée par rapport au crime commis – l’agression sur le policier qui venait d’abattre Etéocle – quand bien même Polynice avait déjà de lourds antécédents criminels.

    Le second n’est pas moins important : Antigone incarne une jeunesse fougueuse en rupture avec les adultes qui font peser sur elle leur joug. Cette rébellion se joue ici via les réseaux sociaux qui instruisent, hors de la cour de justice, son procès en taguant le visage de l’adolescente, en reproduisant son cri (« Mon cœur m’a dit de sauver mon frère »), dans des tons rouge qui sont en passe, depuis "La Casa de Papel", de symboliser à eux seuls l’insoumission à l’ordre social établi.

    La décennie noire algérienne, les guerres de gangs à Québec, la politique migratoire canadienne, la protection judiciaire des mineurs, la contestation sociale via les réseaux sociaux : cette "Antigone" brasse bien des sujets. Et on aurait pu lui reprocher d’en brasser trop.

    Mais pourtant la barque ne croule pas sous leur poids. "Antigone" réussit à être à la fois d’un élégant classicisme et d’une brûlante actualité. La cause en est en partie involontaire : cette diction québécoise si particulière, à la fois lente et rapide, classique et moderne, cette façon de tordre la langue française, de l’essorer, de la réinventer.

    Et enfin il y a l’actrice principale, ses yeux clairs immenses, sa force et sa fragilité combinées. Elle s’appelle Nahéma Ricci. D’origine franco-tunisienne, elle est née à Montréal. J’attends déjà son prochain film.
    Jorik V
    Jorik V

    1 279 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 novembre 2019
    Cette adaptation très libre de la tragédie de Sophocle de manière contemporaine a été sélectionnée par le Canada pour représenter le pays aux prochains Oscars. Si on ne nie pas les qualités du film et son potentiel aux Oscars, d’autres films méritaient tout autant ce choix cette année dans la riche proposition artistique de films québécois comme « Il pleuvait des oiseaux », « Jouliks » ou « Genèse ». Ceci mis de côté, on ne peut nier l’extraordinaire performance de Nahéma Ricci. Une véritable révélation avec une interprétation incendiaire et habitée de cette jeune Antigone qui va tout donner pour sauver sa famille. L’histoire fait visiblement un pont entre un fait divers récent arrivé au Québec et le matériel original, faisant écho à notre société et notre époque. Le défi d’adapter une pièce datant de plus de 2000 ans tout en offrant des attaches avec notre monde actuel n’était pas un pari facile et sur ce point c’est réussi.



    Cependant, on ne peut s’empêcher d’être un peu déçu par « Antigone » tant les enjeux dramatiques sont forts et puissants et que l’émotion a parfois du mal à éclore. Hormis une scène de tribunal poignante et quelques scènes intimes déchirantes, l’ensemble reste très froid et hermétique à ce sujet. De plus, la première demi-heure est un peu longue à l’allumage quand le dénouement s’avère décevant et n’aide pas à l’appréciation finale de l’ensemble. On n’est pas non plus convaincu par les inserts récurrents à l’écran concernant le débat sur la cause de la jeune femme sur les réseaux sociaux et dans les médias, d’autant plus que ceux-ci sont emballés musicalement avec un rap en fond sonore du plus mauvais effet. En outre, même si les thèmes sont forts, de la toute puissance de l’Etat et de la Justice des hommes sur la condition humaine en passant par le sort des immigrés au Canada, c’est développé de manière trop manichéenne et manquant parfois terriblement de nuances. Des sujets comme la loyauté et la notion de sacrifice sont également mis en branle dans un film à la puissance thématique imposante et indéniable, ce qui amène dans tous les cas à réfléchir. A ce niveau c’est un bon point puisque des questionnements importants s’offrent à nous durant la projection et qui nous hantent encore à la sortie.



    La réalisation de Sophie Desrapes est percutante, au plus près des comédiens et se pare d’un réalisme nécessaire. Le tout est plutôt rythmé et on est scotché au sort de cette Antigone du XXIème siècle et il y a assez de rebondissements pour nous tenir en haleine, presque comme le ferait un thriller ou une fresque judiciaire (à ce titre les scènes de procès sont très réussies et équivoques). Les avancements dans l’intrigue nous impliquent de manière à pousser notre réflexion plus en avant sur une tragédie de tous les jours qui s’avère d’une terrible actualité. On ne peut néanmoins s’empêcher de développer une pointe de déception tant « Antigone » aurait pu être encore plus que cela. Plus fort, plus grand, plus percutant. Cela reste donc du cinéma fort et engagé mais auquel ces quelques imperfections empêchent de vraiment crier au chef-d’œuvre.


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    cortomanu
    cortomanu

    77 abonnés 424 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 septembre 2020
    Antigone est une jolie surprise, un film qui déjoue les clichés mais n'élude pas son sujet. Les personnages et les conséquences du sujet se découvrent progressivement et sans ennui. Les acteurs n'en font pas trop. Une jolie réussite.
    Hotinhere
    Hotinhere

    570 abonnés 4 995 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 avril 2021
    Adaptation moderne de la pièce de Sophocle, une tragédie intense au scénario brillant et audacieux, portée par l’interprétation brillante de Nahéma Ricci.
    vidalger
    vidalger

    326 abonnés 1 252 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 septembre 2020
    C’est le premier film de la Canadienne Sophie Deraspe qui parvient jusqu’à nous et ce n’est sans pas le dernier. Un tel talent pour raconter une histoire universelle nous oblige à envisager que cette terre lointaine, patrie du génial Dolan, recèle d’autres ressources étonnantes. La forme, maîtrisée de bout en bout, et qui prend parfois l’allure d’un grandiose opéra, le fond s’appuyant sur une histoire originale - même si elle s’inspire un peu de ces drames antiques qu’on a tous un peu oubliés -, sont alliés pour nous émouvoir au plus profond de nous-mêmes à partir de valeurs a priori démodées telles que l’honneur, la fidélité ou le courage. Porté par une actrice étonnante d’intelligence de jeu, la jeune Nahéma Ricci, dans le rôle-titre, omniprésente à l’écran, le film explore sans faux-fuyant la difficulté d’insertion des immigrés canadiens, les incompréhensions entre une société de policiers et de juges d’un côté et de l’autre, des populations porteuses de mentalités éloignées des standards occidentaux. On se souviendra longtemps de la perte de la virginité d’Antigone, de ce passage vers le dur monde des adultes.
    Guillaume
    Guillaume

    114 abonnés 1 580 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 28 janvier 2021
    La brillante interprétation de NAHÉMA RICCI est un argument suffisant pour justifier le visionnage de ce film. Troublante et déstabilisante, habitée par son personnage, elle porte à elle-seule le symbole d'une jeunesse en quête de sens.
    Charles R
    Charles R

    52 abonnés 424 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 septembre 2020
    S’il est un mythe grec qui résiste au temps et qui s’adapte à merveille à nos époques tourmentées où la notion d’ordre établi est de plus en plus remise en cause, c’est bien celui d’Antigone. La cinéaste québécoise Sophie Deraspe tient à souligner son attachement au théâtre, principal vecteur du mythe au XXe siècle : ainsi, dans le générique de fin, elle prend plaisir à « remercier » Sophocle, Anouilh et Brecht. Façon de souligner, si besoin en était, la dimension littéraire de son dernier film.
    L’adaptation ne manque pas d’originalité ni d’audace : si les noms des personnages principaux sont bien retenus (Antigone, Ismène, Hémon, Créon, Etéocle et Polynice), ils se trouvent placés dans un contexte contemporain dominé par la question du rapport difficile entre des populations issues de l’immigration et les sociétés des pays dits d’accueil. L’histoire se déroule entièrement à Montréal : une grand-mère et ses quatre petits-enfants désormais orphelins ont fui la Kabylie où des massacres ont été perpétrés. Si Antigone, une jeune adolescente à l’apparence fragile, est un modèle d’intégration scolaire, il n’en est pas de même pour son frère Etéocle qui a eu plusieurs fois maille à partir avec la police. Au cours d’une interpellation, celui-ci est tué, victime de ce que l’on appelle couramment une bavure policière. Polynice, l’autre frère, impulsif et irréfléchi, s’en prend à un des policiers, ce qui lui vaut d’être arrêté et emprisonné. C’est alors qu’Antigone va tenter le tout pour le tout afin de libérer Polynice…
    Si la trame d’ensemble est convaincante, le détail est parfois contestable. Ainsi la substitution d’Antigone à Polynice constitue-t-elle sans doute la partie la plus faible du film et la moins crédible. En revanche, quelle maîtrise dans la mise en place d’un chœur moderne, représenté par les réseaux sociaux qui se déchaînent contre la violence policière et affirment un soutien indéfectible à Antigone ! L’esthétique très sage du drame social est alors délaissée au profit des « coups de poing visuels » que représentent les clips sur fond de rap.
    L’œuvre de Sophie Deraspe vaut d’abord par la sincérité de son engagement : en cela elle s’adapte pleinement au personnage intègre et exalté d’Antigone qui outrepasse la loi et incite à la désobéissance civile. On peut ainsi lire le film comme une ode à la jeunesse, à son caractère entier et profondément attaché à la notion de solidarité.
    De ce point de vue, on ne peut qu’être sensible à la qualité d’interprétation des acteurs et actrices, la plupart non professionnels. Et l’on saluera le parfait engagement de la jeune Nahéma Ricci, soucieuse de donner à son personnage d’Antigone le maximum d’intensité et d’opposer à sa fragile constitution physique une volonté de fer. Mais on mentionnera également le jeu de Rachida Oussaada qui incarne avec une belle humanité la grand-mère meurtrie par le destin de ses petits-enfants.
    Enfin on n’oubliera pas l’engagement socio-politique de la cinéaste qui invite à une énième réflexion sur la difficile intégration des migrants en butte à des préjugés et à un racisme latent. Antigone est bel et bien un mythe qui n’a pas perdu de son actualité depuis le Siècle de Périclès.
    Jean-luc G
    Jean-luc G

    69 abonnés 781 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 juin 2022
    Oh quelle belle surprise venue du Québec, passée quasiment inaperçue entre deux vagues de covid, une vraie injustice de box-office. Et justement, on y parle de justice, dans cette revisite réussie de la pièce de Sophocle.
    Il s'agit d'une modernisation osée mais réussie d'un personnage qui a traversé les siècles.

    La réussite tient pour beaucoup à Nahema Ricci, dont l'énergie et les yeux bleus emportent tout dans ce premier rôle impressionnant à tenir. Etre la femme qui tient tête aux puissants, et qui est déterminée à affronter les plus grands sacrifices, voilà qui nous est donné sans compter par cette Antigone, devenue kabyle dans le Québec d'aujourd'hui.

    La mise en scène atteint peut-être ses limites dans les séquences de soutien sur les réseaux sociaux au travers du prisme vertical d'un téléphone portable. Mais qu'importe, les personnages qui composent cette famille immigrée, chassée probablement durant la décennie noire, sont à la fois une adaptation libre du combat individuel de Antigone, qu'une référence explicite à la pièce de théâtre.

    spoiler: Le choix final de Antigone dans le couloir d'embarquement d'un aéroport est laissé à l'interprétation ouverte du spectateur, déjà surpris par la visite en plein sommeil d'une psychiatre aveugle.


    Une nouvelle fois le cinéma canadien sait nous surprendre sans excès de moyens ni de super-héros, mais en s'appuyant sur la mise en scène de caractères forts et de destins tragiques.

    spoiler: Nota : la substitution dans la prison, une idée déjà utilisée dans Woman at war, encore une femme en guerre contre le monde entier!

    DVD juin 22
    Cinememories
    Cinememories

    487 abonnés 1 466 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 septembre 2020
    Le cœur a ses raisons, que les procédures ignorent. Le dramaturge grec Sophocle l’a vaillamment exploité à travers ses œuvres, mais surtout à travers ses personnages, qui ne peut lutter face à la fatalité ou à leur condition humaine. Pourtant, au-delà de la divinité et des hautes institutions encadrées par l’Homme, on y trouve cette fille ou cette femme, qui lutte pour le fondamental dans une vie qui lui échappe, à l’image de sa famille qui se déchire dans une grande tragédie. Sophie Deraspe adapte ainsi librement sa cause en l’assimilant à notre actualité, tel Anouilh de son temps, tout aussi tragique et éprouvant qu’auparavant. Il est question de justice élémentaire et de violence intuitive, mais dans tous les cas, elle appelle à mener une guerre, celle des cultures et celle de l’humanité qui s’efface derrière des idéaux et des illusions.

    On nous plonge dans des banlieues, loin d’être vides et qui préservent la diversité, au nom d’une immigration grandissante et d’une jeunesse dynamique. Et lorsque les bavures policières s’abattent sur les réseaux sociaux et la famille Hipponomé, l’équilibre est rompu et les mentalités changent. Cette mutation atteint inévitablement Antigone (Nahéma Ricci), la brillante cadette, qui apprécie sa liberté et malgré les barrières qui la sépare de la nature, ou une terre qui n’a pas encore été exploitée par l’Homme. Elle se consacre au fondamental, plaçant ainsi sa famille au cœur de son propre avenir, quitte à se placer au-dessus des lois. De cette manière, il est possible de mieux distinguer l’emprise de la société sur les minorités et sur les femmes. La mise en scène suggère constamment un cloisonnement de l’espace. Le spectateur étouffe autant que les personnages dans des cadres trop petits pour eux, trop petits pour que l’on accorde ne serait-ce qu’un peu de visibilité pour leur salut. Et pourtant, un cœur rouge en ressort, avec le visage d’une victime incomprise et insoumise comme message.

    On y fait d’ailleurs souvent allusion, à travers plusieurs entractes stylisés, où la foi de la captive finit par atteindre son entourage, qui chantent en chœur. Chacun s’approprie alors une dose de rébellion, essentiellement chez des adolescents idéalistes et revanchards. Ce qui les conduit à combattre la société, qui les a elle-même conditionnés à la vie monotone ou « normale » dont la plupart aspirent. Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette sensibilité qu’apporte Antigone dans sa psyché, si bien qu’elle prend conscience que les forces qu’elle affronte ne répondent pas d’eux-mêmes, car la problématique principale réside dans le fait d’exister et d’évoluer dans un monde qui la rejette, corps et âme. Elle n’a pas d’autres sanctuaires que sa cellule et sa voix, pour se convaincre d’un passé qui la hante et qui l’amène à renoncer à la citoyenneté. Ce dilemme pourrait trouver une issue prévisible à nos yeux, mais c’est avec le cœur que ce récit appelle à être entendu, vécu et partagé.

    C’est donc après l’approche ambiguë de « Rechercher Victor Pellerin » et le réalisme de « Les Signes Vitaux » notamment, que la réalisatrice canadienne jongle habilement entre la fiction et le sentiment horrifique que génère notre monde, qui ne prend plus le temps de s’exprimer avec passion, mais avec nécessité. La nuance pourrait en gêner plus d’un, mais « Antigone » démontre avec une aura solidaire qu’il est possible de choisir en ses croyances et en ses droits. Ce que l’on nous rappelle toutefois dans cette épopée intemporelle, c’est que le destin lui, n’a que faire de la gravité, des lois, des hommes, de leurs douleurs ou de leur amour. Il y aura toujours une pensée pour Œdipe et sa tragédie au bout du voyage.
    Loïck G.
    Loïck G.

    340 abonnés 1 675 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 décembre 2020
    On ne retiendra de l’antique, que le support d’une histoire universelle, de l’homme ou de la femme qui se lève pour affirmer son opposition à une autorité absolue et sans partage. Cette Antigone-là, issue de l’exil contraint dans un Québec en perte de repères, force l’admiration par sa ténacité, son intelligence, sa raison d’être. Comme elle le dit si bien « ce ne sont pas les crimes de mes frères que je défends mais ma famille ». Une fratrie perturbée par les exactions des deux garçons auxquels Antigone apporte plus qu’un soutien. Une force morale dont elle va se servir afin de reprendre le flambeau d’un combat totalement inégal. Sans en faire des tonnes la réalisatrice conduit son héroïne au cœur de ses propres contradictions et en fait une richesse intérieure d’une grandeur incommensurable. Ou les rouages de la justice enraient tout processus social et économique, comme le droit à la citoyenneté et celui de la libre expression. Nahéma Ricci dans le rôle-titre est plus que déterminante pour assumer ce personnage d’une vérité époustouflante. Pleinement contemporaine elle fixe sans excès les forces d’un récit puissant. La plupart des acteurs sont des amateurs. Ou jouent pour la première fois. A l’image de Nahéma Ricci, un exemple décidément à suivre.
    Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
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