« Ah, Monsieur, quel beau métier que celui d’impresario, vous êtes comme le jardinier qui cultive les plantes fragiles, comme le petit tas de crottin qui réchauffe les jeunes pousses. »
Pour son premier film derrière la caméra, Henri-Georges Clouzot, également au scénario avec Stanislas-André Steeman, auteur du roman d’origine, et aux dialogues, frappe très fort. D’entrée de jeu, il déploie sa maîtrise résolument moderne de la caméra dans la scène du crime et enchaîne sur des dialogues somptueux, dignes d’un Anouilh en grande veine ou du meilleur Audiard.
A la distribution, on retrouve Pierre Fresnay, dont Clouzot à scénarisé le seul film en tant que réalisateur (Le Duel, 1941) et qui reviendra dans Le Corbeau (1943), Suzy Delair, alors compagne de Clouzot et qu’on retrouvera de toute sa gouaille dans Quai des Orfèvres (1947), Jean Tissier, Pierre Larquey, Noël Roquevert, Maximilienne, Jean Despeaux (boxeur professionnel dont c’est ici le premier rôle) et Odette Talazac, les habitants du 21, ainsi que de savoureux seconds rôles à l’image de Raymond Bussières (crédité uniquement de son nom) ou André Gabriello à la diction si particulière.
S’il est un défaut majeur à ce film, sans doute dû aux circonstances de sa réalisation, c’est sa durée, résolument trop courte, ce qui brise la surprise du dénouement final. Pour le reste, il est impossible de décrocher un seul instant tant la réalisation est enlevée, le jeu des interprètes magistral et les dialogues percutants.
L’Assassin Habite au 21 est un classique des classiques, le premier d’une longue liste pour Henri-Georges Clouzot