Avec O Fim do Mundo, Basil Da Cunha a voulu raconter les dernières heures du quartier de Reboleira à Lisbonne à travers les yeux de la génération qu'il a vu grandir et prendre possession, ces dernières années, des rues. Le réalisateur explique :
"La génération de Spira (18 ans), Chandi (17 ans), Giovani (19 ans) et Iara (16 ans). Génération des premiers-nés de la favela tout en étant celle des réseaux sociaux. Génération d’un quartier entier appelé à disparaître à grand coup de pelleteuses et décisions politiques. Chacun de ces jeunes protagonistes entretient une relation singulière à cette future « cité disparue »."
"Il y a Iara, jeune mère-adolescente qui n’aspire qu’à un ailleurs sans avoir la moindre idée de comment l’atteindre. Il y a Chandi, fils adoré de sa maman. Jouisseur, économe de ses mouvements, et suiveur devant l’éternel. Il y Giovani, jeune dealeur sauvage et à l’objectif clair : prendre possession de « la cité » !"
"Il y a enfin et surtout Spira, qui revient au quartier après plusieurs années passées dans un internat, véritable prison pour mineurs. Il incarne le destin d’une génération de fils d’immigrés que le Portugal n’a pas su intégrer dans son récit national", raconte Basil Da Cunha, qui poursuit :
"Spira absorbe la violence d’un passé qui disparaît, d’un présent qui semble figé et d’un futur qui se refuse à lui. Il y répond par la révolte."
En observant le corps du personnage de Spira, "devenu étranger en son pays, naviguer entre les guerres de gang, l’adolescence et ses amours volées, et la fin prochaine du quartier", Basil Da Cunha a voulu dresser le portrait d’une jeunesse abîmée mais aussi tisser une fresque sociale : "Tisser comme pour gagner du temps, tisser pour tromper une mort annoncée."
Basil Da Cunha réalise plusieurs court-métrages autoproduits avant de rejoindre Thera Production en 2008, puis met en scène A Côté (Festival de Locarno 2009 et Grand Prix du festival de Vila do Conde). En 2009, il s’installe dans le quartier de Reboleira près de Lisbonne, où il réalise entre 2011 et 2012, Nuvem et Os vivos tambem choram, tous deux sélectionnés à la Quinzaine des Réalisateurs.
En 2012, il termine une formation à la HEAD de Genève en cinéma avec son premier long-métrage Après la nuit, également sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2013.
Depuis 2013, Basil Da Cunha intervient à la HEAD à Genève. Il tourne une série auto-produite en cours de montage dans le quartier de Reboleira, et Nuvem Negra (Biennale d’art contemporain de Genève 2014). En 2017, il tourne son deuxième long-métrage O Fim do Mundo, sélectionné en compétition à Locarno en 2019.