Minari : les secrets du tournage

Minari a remporté plusieurs prix, dont le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, ainsi que le BAFTA et l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour Yuh-Jung Youn.

Le minari, ou cresson de fontaine en français, est une espèce de plante potagère. Il pousse dans des lieux isolés, des fossés ou des ruisseaux boueux enterrés dans des fourrés. La grand-mère de Lee Isaac Chung en a planté quand elle est arrivée aux Etats-Unis. Le réalisateur explique : « Souvent ses graines viennent de loin, cachées dans les poches des immigrants, qui l’apportent en cadeau à leur famille. Le cresson meurt la première année et fleurit l’année suivante. Une fois qu’il prend racine, la terre et l’eau autour de lui deviennent toutes propres. Je le sais. Je l’ai vu pousser. »

À l’origine de Minari, il y a cette phrase de l’écrivaine Willa Cather : « Ma vie a démarré lorsque j’ai cessé d’admirer et commencé à me souvenir ». Lee Isaac Chung s’est alors interrogé sur lequel de ses souvenirs il aimerait laisser à sa fille. Il en a noté 80 de quand il avait l’âge de sa fille : « Cela incluait des disputes entre mes parents, la vision d’un employé de mon père qui traînait une croix en traversant la ville et ma grand-mère brûlant la moitié de notre ferme. En me les remémorant j’ai pensé que c’était peut-être là que se trouvait l’histoire que je devais raconter. »

Le personnage de David a été imaginé en mélangeant les souvenirs des peurs, des excitations et des curiosités d’enfant du réalisateur et la façon dont sa fille traverse les moments importants de son enfance : « David est devenu un mélange de ce que j’aurais voulu me dire et ce que je voulais dire à ma fille. »

Lee Isaac Chung ne voulait pas qu’un des membres de cette famille ne devienne le protagoniste principal de l’histoire : « C’est la famille toute entière qui doit être le héros. Minari est l’histoire d’une famille américanocoréenne mais j’espère qu’elle touchera les spectateurs, d’où qu’ils viennent et quelle qu’ait été leur enfance. »

Profondément lié à la culture coréenne tout en ayant grandi dans le Midwest, Steven Yeun était capable aux yeux du réalisateur de se fondre dans les deux cultures, « tout en restant un outsider ». Il précise : « Steven a cette qualité qui fait que, quand on le voit, on prend immédiatement son parti. Jacob prend l’énorme risque de déplacer sa famille dans cet endroit fou et les expose au désastre sans jamais les consulter. On pourrait le mépriser et ne pas lui faire confiance, mais l’intensité de son engagement, son entêtement et sa foi en la réussite le rendent attachant. »

Lauréate de l’Oscar du meilleur second rôle féminin grâce à Minari, Yuh-Jung Youn est une actrice reconnue depuis des années dans sa Corée natale. Lee Isaac Chung se souvient : « Quand je donnais des cours d’histoire du cinéma, je montrais régulièrement ses films à mes élèves. Quand il a appris qu’elle avait accepté de jouer dans Minari, mon père m’a dit 'Ah ! Tu as peut-être enfin réussi ta carrière !' ».