Au cours d’un automne cinématographique qui commence à sérieusement ressembler à un déprimant désert, le « feel-good movie » de Noémie Saglio met un peu de baume au cœur. Sans prétention aucune et sans être d’une originalité échevelée, il a le mérite de mettre en valeur l’adorable binôme Vincent Dedienne/Camélia Jordana et rien que pour ça, ça vaut le coup d’une petite séance en salle obscure, masque sur le nez. La réalisation de Noémie Saglio brille par son académisme, rien de transcendant, rien de révolutionnaire : image soignée, montage resserré (le film dure 1h30, la bonne durée pour une comédie de ce type là), musique sympathique sans être assourdissante, rien à redire. L’humour du film, plutôt potache et qui colle parfaitement à celui de Vincent Dedienne, mélange de bons mots et de vacheries lancées comme ça, l’air de rien, fonctionne parfaitement pour peu qu’on soit client de Vincent Dedienne, ce que je suis ! Parce qu’en vérité, le film repose presque entièrement sur lui-même alors qu'il y a pourtant foultitude de seconds rôles. Vincent, je le kiffe depuis des années et je l’ai même vu sur scène. Dans « Parents d’élèves », il fait ce qu’il sait faire le mieux, un humour tendre, un tout petit peu décalé, parfois teinté de mélancolie mais toujours efficace. Ca fait plaisir de voir qu’on commence à monter des films sur son nom. A ses côtés Camélia Jordana est très crédible en institutrice bienveillante, qui a presque plus maille à partir avec les adultes qu’avec les enfants. Elle est tout à fait délicieuse, toute en simplicité et très naturelle. Les autres parents d’élève sont dessinés à gros traits. Il y a le père compétitif et misogyne
(dont le fils est, ô surprise, compétitif et misogyne !)
, la mère hypocondriaque
(dont la fille est ô surprise, hypocondriaque)
, la mère tête en l’air,
(dont le fils…
), etc.… Tous très bien incarnée par des comédiens épatants qui font de leur mieux avec des rôles malgré tout assez caricaturaux. La palme revenant à Samir Guesmi, que l’on rêve de moucher et de clouer au mur dés la première scène ! Les enfants sont volontairement montrés comme le miroir de leur parent, et même s’il y a surement un peu de vérité dans ce parti pris, on ne peut pas dire que le scénario y aille avec subtilité ! La subtilité, ce n’est pas le point fort de « Parents d’Elève », et pour tout dire l’originalité non plus. Il respecte de sempiternel cahier des charges de la comédie,
un malentendu qui perdure, perdure, source de quiproquos et d’humour et puis patatras, la vérité éclate et tout semble perdu sauf que non, le bon sens finit par l’emporter dans une totale happy-end !
Je rêve de voir un jour une comédie d’affranchir de ce canevas, s’en écarter même un tout petit peu, juste pour voir… Le film, qui s’attache bien davantage aux parents et à leur névroses, met en scène des adultes qui écrasent leurs gamins de leur mal être, les emprisonnent dans leur système de pensée, les conditionnent à devenir des petites copies d’eux même. C’est assez angoissant comme idée, je trouve, même si ça donne des situations parfois assez drôles. Et puis, il prend soin de montrer la nouvelle parentalité dans toute sa diversité : homoparentalité, mères volontairement célibataires, mères involontairement célibataires, diversité sociale, ethnique, etc… Il y a là une volonté, fort louable, de montrer que tous sont des parents : en apparence ils sont très divers, mais quand on creuse un peu, ce ne sont que des apparences. Homo ou hétéros, d’origine africaine ou bien français, cool ou névrosés, solo ou pas solo, au fond ils se comportent plus ou moins tous pareils, ou plutôt, ils commettent tous les mêmes erreurs ! Quant aux enfants, ils composent avec ces apparentes différences, parfois c’est douloureux
(Bart n’a pas de père et les autres ne sont pas tendres avec lui, c’est bien pour cela qu’il s’en invente un)
mais ca n’a pas l’importance pour eux qu’on imagine, aucun n’a l’air traumatisé ou particulièrement perturbé par une famille « différente ». « Parents d’Elèves » est une comédie familiale sans aucune prétention, qui fonctionne et qui permet de passer un bon moment. Le couple Vincent Dedienne-Camélia Jordana est le principal atout du film, il ne fait pas se le cacher. Pour certains, cela paraitra surement assez faible, comme atout, faute d’un scénario vraiment original. Mais qu’importe, on passe un bon moment et même si on l’oubliera vite, en tant que « feel good movie » du moment, il fait le job.