Terrible jungle est le premier long-métrage de Hugo Benamozig et David Caviglioli, qui se connaissent depuis l'âge de 16 ans. Benamozig a notamment travaillé comme scénariste sur la série Platane, tandis que Caviglioli est journaliste.
L'histoire de Terrible Jungle est né du récit d'un ami des réalisateurs, qui est anthropologue et spécialiste du chamanisme péruvien. L'un de ses collègues, qui espérait étudier une tribu en Bolivie, a vécu un enfer et a failli mourir. « À vrai dire, son histoire était drôle à raconter comme ça, à des amis, autour d’une table, mais elle n’avait rien de comique » raconte David Caviglioli. En retranscrivant cette histoire, les deux réalisateurs se sont retrouvés avec un survival hyperviolent. Hugo Benamozig explique : « À l’écrit, c’est assez facile de faire ressortir la drôlerie d’une situation noire. C’est plus dur à l’image. Une bagarre ridicule qui dégénère en ultra-violence, c’est amusant quand tu le racontes. Mais quand tu montres un type avec une machette dans le ventre, ça peut juste être glaçant. Il a fallu trouver le moyen de rendre tout ça drôle ».
Le titre du film est une référence à la chanson Le Lion est mort ce soir, reprise notamment par Henri Salvador. « Il a une fausse dureté, une violence inoffensive, un peu carton-pâte, comme dans un conte », détaille David Caviglioli.
Le personnage d'Eliott est, à l'instar de Tintin, vaillant et plein de bonnes intentions. « Vincent Dedienne amène cet enthousiasme naïf, ce côté très premier degré du personnage qu’on a cherché avec lui » confirme Hugo Benamozig. « D’ailleurs, comme Tintin, Terrible Jungle est un univers sans sexe », renchérit son co-réalisateur.
Les réalisateurs ont pensé à Catherine Deneuve dès l'écriture pour interpréter le rôle de Chantal de Bellabre : « Une femme impressionnante, cassante, au débit de parole rapide ». Pour David Caviglioli, il s'agissait surtout d'utiliser « l’aura incroyable qu’elle dégage. Elle incarne quelqu’un d’important, une aventurière, une star de l’anthropologie. Sa présence à l’image suffit à poser cette dimension-là du personnage. Ç’aurait été plus compliqué pour nous de la voir dans un rôle plus ordinaire, contrairement peut-être à d’autres réalisateurs qui la connaissent plus intimement ».
Le personnage d'Alice Belaïdi se prénomme Albertine, en référence à l'un des personnages d'À la recherche du temps perdu de Proust. « Même si le film n’a pas grand-chose de proustien, avouons-le », précise David Caviglioli. Quant au truand allemand, il s'appelle Werner, comme le réalisateur Werner Herzog : « On adore l’humour de ses documentaires. Il y a deux ou trois plans dans le film qui sont inspirés de sa manière de mettre en scène ».
Tourner dans la jungle réunionnaise n'a pas été facile pour l'équipe. La méteo était imprévisible et changeante, la pluie fréquente transformait le sol en boue, compliquant tous les déplacements. « Mentionnons aussi les caméras qui pètent, le matériel qui tombe en panne à cause de l’humidité, les voitures dans le fossé, une éruption volcanique qui a bien foutu le bordel... » énumère Hugo Benamozig. Quant aux décors, ils ont été construits dans des endroits difficiles d'accès, de l'épicerie au bar en passant par le QG du méchant. « L’urgence permanente donnait à toute l’équipe une forme d’insouciance. Il faut rendre hommage à la régie, aux machinos, aux porteurs, à la déco, qui ont eu des semaines très difficiles, à remballer dans les torrents de boue. »
Alice Belaïdi s'est cassé le pied durant le tournage, donnant à son personnage cette démarche particulière.