Issu d’une famille assez bohème, Antoine de Maximy est passionné de voyages, d’expéditions et de découvertes. C’est aussi un homme d’images car il commence à filmer très tôt, réalisant une fiction de 3 minutes en super 8 à 12 ans. Viré du lycée en seconde, il s’engage au cinéma des armées comme ingénieur du son. Il couvre plusieurs conflits avant de faire un premier pas dans le cinéma toujours comme ingénieur du son sur le film de Gérard Vienne Le Peuple Singe en 1989. Puis Antoine réalise de nombreux documentaires animaliers et scientifiques partout sur la planète, aussi bien à 6 800 m d’altitude qu’en sous-marin à 5 000 m de profondeur dans le Pacifique. C’est en 2004 qu’il se fait connaître du grand public en créant et présentant la série J’irai dormir chez vous : des carnets de voyage fantaisistes et totalement improvisés, tournés dans plus de 60 pays. Le concept est unique : il se filme seul à l’aide de plusieurs caméra, en cherchant à dormir chez l’habitant. À partir de ce concept, Antoine de Maximy réalise un long métrage J’irai dormir à Hollywood dans lequel il traverse seul les États-Unis avec une bonne dose d’autodérision et une grande tendresse pour les personnages rencontrés. Le film sorti en salles en 2008 est nommé aux César. Poursuivant cette idée il décide alors d’écrire et réaliser son 1er long-métrage de fiction : J’irai mourir dans les Carpates.
Depuis toujours, Antoine de Maximy recherche l’originalité, faire autrement, prendre un autre chemin. Avec J’irai dormir chez vous, en filmant avec son harnais et ses trois caméras, il a inventé une écriture filmique. "Je me disais que je pouvais imaginer une enquête qu’on n’aurait pas pu écrire avant. D’où l’idée d’une fiction qui prendrait la forme d’une enquête à travers les images. Construire cette intrigue me passionnait. Sans vouloir m’y comparer évidemment, j’aime beaucoup les films Blow up et Blow out dans lesquels on cherche à résoudre un mystère grâce aux photos pour l’un et au son pour l’autre…"
Antoine de Maximy devait trouver des comédiens qui n’aient pas peur d’un film décalé, avec un metteur en scène débutant. Alice Pol et Max Boublil ont eu ce courage et cette fantaisie. "Et ça s’est vraiment bien passé. Avoir fait un stage de direction d’acteur de 7 semaines m’a également beaucoup aidé. J’y ai appris que la direction d’acteur est beaucoup une histoire de confiance et de communication. Quand on sait ce qu’on veut obtenir, il faut le faire ressentir aux comédiens, ne surtout pas leur dire comment faire. Et quand on y arrive, les choses se font harmonieusement."
J’irai mourir dans les Carpates n’existerait pas si en mai 2019, Antoine de Maximy n'était pas passé à l’acte en se disant qu’à 60 ans, c’était maintenant ou jamais ! "À cette période, j’avais mes producteurs, Julie Gayet et Yves Darondeau, mais aucun partenaire financier n’était intéressé par le film. J’ai donc lancé un financement participatif, parcouru 6000 kilomètres tout seul durant 3 semaines à travers la France pour défendre le projet lors de conférences et nous avons récolté 256 000 euros… C’est ce qui a déclenché tout le processus budgétaire, en montrant aux investisseurs qu’il y avait une demande du public… C’est durant cette tournée qu’Apollo Films le distributeur nous a rejoint, tout comme France Télévisions et les autres diffuseurs… Au final, nous avons eu un budget de 1 500 000 euros qui a été totalement mis au service du film."
Antoine de Maximy a tourné un épisode de J’irai dormir chez vous en Roumanie il y a une quinzaine d’années et il se souvient qu’une fois sorti des grandes villes, on découvrait une campagne comme la France d’avant-guerre avec des charrettes à chevaux, des paysans avec des fourches et des mobylettes ! "Ça m’avait frappé. Et même si les choses ont complètement changé en quinze ans j’avais gardé cette image en tête. Et je me suis concentré sur les Carpates parce qu’elles s’étendent de la Roumanie à la Pologne en passant par de nombreux pays comme l’Ukraine. Cela donne un côté mystérieux, sans s’attacher à un pays particulier."
Les acteurs roumains du film sont quasiment tous des comédiens de théâtre qui jouent Faust ou Shakespeare car ils vivent de cela, le cinéma n’existant pas vraiment en tant qu’industrie dans leur pays. "Ils savent s’adapter, modifier leur jeu selon les prises, apporter des variantes. Ce qui était particulier aussi, c’est que les scènes où ils figurent ont été tournées avec mon matériel habituel. Donc toute l’équipe technique devait se cacher hors du champ à 360° de mes caméras ! Me retrouver seul avec les comédiens m’a beaucoup aidé à instaurer un climat plus intime, à obtenir des scènes plus vraies qui nature. Une fois de plus ce tournage, comme le projet tout entier, n’est pas très classique", confie Antoine de Maximy.