Le film a été présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2021, dont il a fait la clôture.
Une histoire d'amour et de désir a remporté le Valois de diamant (récompensant le meilleur film) ainsi que le Valois du meilleur acteur pour Sami Outalbali lors du Festival du film francophone d'Angoulême 2021.
Avec Une histoire d’amour et de désir, Leyla Bouzid souhaitait filmer un jeune homme qui ne parvient pas à vivre pleinement son sentiment amoureux, « Un jeune homme timide, littéralement submergé par le désir mais qui y résiste. Un jeune homme de culture arabe, parce que c’est la culture que je connais le mieux, qui doute, qui a des fragilités, qui n’assume pas ses élans de vie ».
Le film montre la première expérience sexuelle d’un garçon, un sujet peu traité au cinéma contrairement à celle des jeunes filles. « Là, où l’image d’une virilité exacerbée domine, j’ai voulu redonner une vraie place à la fragilité masculine et accorder une part signifiante à sa sexualité », explique la réalisatrice. Elle ajoute : « Le regard masculin sur le corps féminin, c’est l’histoire de l’Art en entier. Mais le regard féminin posé sur le corps masculin manque. Avec ce film, j’avais envie d’en proposer un et qu’il soit un hymne au désir physique, un appel à aimer. »
Les trajectoires d’Ahmed et de Farah sont opposées, bien qu’ils soient tous deux originaires du Maghreb. Le premier ne connaît rien de son pays d’origine, ni la langue, ni la culture. Ses parents ont fui les Années Noires et ne sont jamais retournés en Algérie. Quant à la seconde, elle entretient un rapport direct à sa culture tunisienne. Et si elle vient en France, c’est parce qu’elle en a fait le choix, dans le but de poursuivre ses études supérieures. « Je voulais redonner de la pluralité et de la diversité au sein de ceux qui composent « la communauté maghrébine » en France. Farah est différente d’Ahmed qui est lui-même différent de son ami Karim ou de son propre père… », affirme la réalisatrice.
Si le film parle d’amour et de désir, comme l’indique son titre, il s’agit aussi pour son héros d’une quête identitaire. Elle s’effectue notamment à travers ses cours de littérature et sa découverte de la culture arabe du Moyen-Âge, un héritage que son père connaît mais qu’il ne lui a pas transmis. « Ces textes lui donnent une clé pour s’ouvrir, déjà à lui-même, puis à Farah… », précise Leyla Bouzid. La réalisatrice bouscule les clichés sur la culture arabe en abordant la littérature érotique arabe : « Il existe de nombreux traités d’érotologie arabes qui abordent la sexualité, de manière très directe et crue, avec une grande liberté de ton. Il faut savoir qu’à une époque, ces livres circulaient beaucoup. Ce sont même les imams qui les prêtaient pour l’apprentissage des choses de l’amour… Aujourd’hui, on a une vision beaucoup plus réductrice de la culture arabe. »
Les scènes de fac ont été tournées à Malesherbes, annexe de la Sorbonne où se trouvent les étudiants en lettres modernes de Paris IV. Leyla Bouzid y a elle-même étudié. Bien qu’elle n’ait pas suivi des cours de littérature arabe, elle s’est inspirée de son professeur de stylistique, Monsieur Molinié, « qui a marqué des générations d’étudiants. Je voulais que Madame Morel soit à la fois fascinante par son érudition et provocante par l’ambiguïté qu’elle place dans le choix de chaque mot qu’elle utilise ».
Sami Outalbali incarne dans Une histoire d’amour et de désir un personnage à l’opposé de celui qu’il tient dans la série Netflix Sex Education, très à l’aise avec sa sexualité. C’est après l’avoir vu dans la série Fiertés de Philippe Faucon que la réalisatrice l’a rencontré. « Il trouvait important de raconter cette intimité-là aujourd’hui et était partant pour mon projet « d’érotiser le corps masculin ». J’étais encore en écriture, mais cette rencontre a été très rassurante. Le choix de Sami s’est donc imposé comme une évidence. »