Le projet a été pensé et créé depuis le début avec Eric Serre, avec qui Anne-Lise Koehler a étudié et avec qui elle travaille régulièrement depuis plus de 20 ans. "À l’origine, il y a la curiosité et mon amitié pour les « sauvages » animaux et végétaux et l’envie de transmettre un enthousiasme ! J’ai écrit le projet et c’est Eric qui a suggéré la technique de la marionnette d’animation en stop-motion. Cette aventure m’a plu parce qu’elle s’appuie à la fois sur mon expérience de sculpteuse et à la fois sur son talent, ses convictions, son enthousiasme et son sens merveilleux de l’animation et de la mise en scène !"
Bonjour le monde ! est un film d’animation naturaliste, un outil pédagogique dont l’objectif est de faire découvrir aux spectateurs la faune et la flore qui nous entourent et d’aborder l’altérité animale. Ici les animaux pensent à haute voix, dialoguent avec la nature et font part de leurs espoirs, envies, peurs et joies. Le respect de tous les êtres vivants est une notion primordiale, du plus petit au plus gros, du plus faible au plus fort, chaque animal et chaque plante participent à son niveau à l’équilibre des écosystèmes.
Réunis par une approche artistique commune, une connaissance de l’image animée, Anne–Lise Koehler et Eric Serre partagent une amitié depuis plus de vingt ans. "Nous avons imaginé avec sérénité un partage de la réalisation, dès le début de la conception, afin de relever les défis artistiques et techniques. Toujours à l’écoute des propositions de l’un et de l’autre, nous élaborons côte-à-côte chacun des 1200 plans du film. Nous sommes tour à tour des dessinateurs, des sculpteurs, des décorateurs et des coréalisateurs. Cette liberté des rôles a toujours été au coeur de nos collaborations un stimulant intellectuel et elle nous offre aussi une incroyable proximité avec les équipes de fabrication. Aux côtés d’Anne-Lise, j’ai pu apprendre le modelage et la technique de façonnage des sculptures."
Plus de 110 marionnettes et plusieurs centaines de sculptures mettent en scène 76 espèces animales, 43 espèces végétales et 4 espèces de champignons. Un travail minutieux où chaque branche, chaque feuille, chaque brin d’herbe est une création à part entière. Cette nature de papier présente un monde sculpté et peint qui s’appuie sur une documentation et une observation rigoureuse.
Pour mettre en scène Bonjour le monde !, Anne-Lise Koehler s’est entourée de naturalistes passionnés comme Jean Chevallier, Michèle Lemaire et Laurent Arthur du Muséum d’histoire naturelle de Bourges, les naturalistes de la maison du parc de la Brenne, l’association Charente Nature, ainsi que du réalisateur de documentaires Patrick Luneau, grand spécialiste de la tortue cistude.
Les matériaux mis en oeuvre sont laissés visibles dans leur substance : papiers, tissus, peintures. Pour fabriquer les marionnettes et les décors, le matériel de base est le papier de la célèbre collection La Pléiade trouvé sur des brocantes. Le papier est un matériau très humain, véhicule de culture, de symboles et de rêves ! Utiliser le papier dans la technique en stop-motion, c’est mettre en scène un point de vue : nous qui avons du mal à comprendre ce qui se passe dans la tête de notre voisin, nous ne saurons jamais comment pense un hérisson ou une salamandre ! Nous ne connaissons les animaux qu’au travers de notre propre culture. Bonjour le monde ! leur prête une voix.
Bonjour le monde ! est une oeuvre hybride, à la croisée des chemins de la photographie, de la sculpture et du dessin. C’est un plaisir de diriger l’ensemble des tournages et de superviser l’ensemble des animations. Chaque personnage réserve son lot de surprises et son caractère, pas de risque de monotonie ni de routine dans ce travail ! Chaque plan est animé image par image, marionnette face la caméra, ce qui représente 90 000 images à tourner. Cette technique nécessite un travail physique éprouvant, une grande concentration et une maîtrise artistique. Il faut être minutieux pour ne pas être enseveli sous une montagne de difficultés. À ce rythme de quelques secondes tournées par jour, l’animateur donne vie au personnage suivant une mise en scène détaillée et des documents naturalistes car il lui faut comprendre le processus de mouvement de l’animal. Ce lien animal/animateur est crucial pour insuffler le caractère à la créature de papier et captiver le spectateur.