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Paulin Brun
26 critiques
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5,0
Publiée le 26 avril 2024
Séjours dans les monts Fuchunest une petite saga familiale chinoise. Le scénario est assez « ample » : on rencontre toute la famille réunie au cours de la première scène, puis on entre dans la sous-famille de chacun des quatre frères, puis chez les petits enfants. Trois générations, et au moins 8 destins sont abordés. Le scénario entremêle les destins, en avançant par petites touches ou par grandes enjambées. Parfois, il est elliptique : on apprend par un dialogue entre époux que leur belle-sœur a refusé le choix de sa fille de se marier avec l’homme qu’elle aime. La fin du film ouvre sur un chapitre 2 qui résolvera sans doute les destins moins abordés. A la dernière image, un des personnages les moins avantagés du film (le cadet), occupe enfin le premier plan. Il a un coup d’œil en arrière vers la caméra et met ses lunettes de soleil avec un air de défi : « à moi ! ».
Ces histoires familiales m’ont évoqué un ou plusieurs films d’Ozu qu’on aurait entremêlés. Notamment car il y a une douceur et une délicatesse dans le déroulé du récit, qui est proche de celle du maître (dieu) japonais. Gu Liaogang porte un regard d’une gentillesse profonde sur cette famille. Un des grands thèmes du film est très caractéristique du cinéma d’Ozu : c’est le rapport entre traditions et modernité. La fête d’ouverture affiche une permanence apparente des traditions chinoises. Elle se déroule dans un restaurant orné de lourdes décorations classiques, une cuisine typique, des petites enveloppes rouges distribuées par la grand-mère par ordre d’ancienneté à ses descendants. La famille est une matrice protectrice très forte (mais très rigide) dans tout le film. La femme du fils aîné (qui rejette sa fille alors qu’elle choisit un autre homme à épouser que celui qu’elle lui désigne) est certainement le plus beau personnage du film. Elle rejette sa fille avec beaucoup de force, notamment au cours d’une scène de réconciliation ratée. Elle refuse de regarder sa fille et finit par rejeter le couple avec une rage et une obstination désespérées. On ne peut pas lui en vouloir pourtant, car elle-même a beaucoup sacrifié aux règles de la société traditionnelle chinoise. Elle s’est occupé de sa mère jusqu’à sa mort et va maintenant s’occuper de la lourde charge de sa belle-mère.
La modernité, c’est aussi et surtout le bouleversement économique que subissent les personnages. Les personnages subissent l’explosion économique du pays (et celle des prix de l’immobilier), mais n’en profitent pas vraiment. Cette famille appartient à la partie pauvre des travailleurs chinois : le grand-frère est à peu près le seul qui s’en sorte, grâce à son restaurant, mais sa situation reste très fragile. Les autres frères sont tous contraints de lui emprunter de l’argent. L’un d’eux dort sur son minuscule bateau de pêche avec sa femme et son fils. Les personnages sont toujours en quête d’argent, et pourtant, la famille s’entraide avec beaucoup de courage et de pudeur, et au fond, les créanciers familiaux n’osent pas vraiment réclamer leur dû. Quand on s’offre des cadeaux, on les accepte en les refusant poliment.
La mise en scène est délicate et sensible comme le scénario, mais en même temps assez ample. Le réalisateur a une manière extrêmement pudique de filmer les dialogues, en plan large. On entend les personnages mais ils sont loin, et tout petits dans le plan. Un plan séquence inoubliable est celui par lequel le réalisateur filme les premiers moments d’une histoire d’amour. Le plan séquence dure bien 10 minutes, le long du fleuve Fuchun, décor central du film. Le jeune Jiang veut prouver qu’il nage plus vite que Fengjuan ne marche. Elle le suit depuis la rive, et nous le suivons dans l’eau. Quand il ressort de l’eau, il n’a pas gagné son pari, mais sans doute mieux… Ils continuent de longer la rive, à pied tous les deux, lui toujours en maillot de bain, en se racontant l’un à l’autre. La caméra les suit, mais le mouvement est très lent même s’ils avancent vivement, car ils sont loin loin sur la rive, et nous sommes dans le fleuve.
La suite sur https://legoutducine.home.blog/2020/01/07/sejour-dans-les-monts-fuchun/
Oui bon, belles images, intéressante peinture de la société chinoise et du choc de sa modernisation par rapport à sa belle culture traditionnelle, une certaine douceur des personnages et de leurs relations, une façon de filmer belle et surprenante, mais très très très lente. Un film essentiellement contemplatif. Un scénario qui n'attire pas l'intérêt du spectateur. Lent et long. On s'ennuie quand même pas mal. Nous avons été vraiment déçus par rapport aux très bonnes critiques de ce film. Qu'on ne regrette pas d'avoir vu quand même car il fait voyager le regard et l'esprit et il y a une qualité cinématographique indéniable.
J'ai beaucoup aimé ce film, avec son atmosphère magique et prenante, ses paysages envoûtants. Les personnages sont attachants avec leur psychologie complexe ,en fin de compte ils sont positifs et sensibles.Après la fin du film, on a envie de savoir ce que les membres de cette famille sont devenus par la suite, on a envie de se rendre dans cet endroit.
De beaux plans parfois souvent grâce aux jolies paysages. Mais d'une lenteur qui gâche un peu le fond. Et puis beaucoup trop de scènes inutiles donne à ce film un effet de film trop lent, trop long bref trop chiant...
4 554 abonnés
18 103 critiques
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1,0
Publiée le 11 juillet 2021
Les problèmes de ce film sont nombreux mais certains sont tout simplement trop évidents. L'actrice qui jouait l'institutrice de la maternelle avait un menton en plastique très long et pointu qui n'était pas naturel et elle avait l'air trop bizarre. Séjour dans les monts Fuchun m'a inévitablement obligé à réfléchir de manière un peu cynique. Pourquoi ai-je besoin de connaître la vie misérable de ces gens leur mode de vie leurs luttes quotidiennes inutiles leurs difficultés et leurs dilemmes n'ai-je pas déjà mes problèmes qui sont déjà trop nombreux. Les mêmes questions pourraient être appliquées à pourquoi ai-je besoin de regarder des films pleins de voyous, de drogués, de meurtriers, de tueurs en série, de prisonniers, de vagabonds, d'arnaqueurs, de criminels, d'escrocs, de perdants ou de personnes atteintes de démence ou de la maladie d'Alzheimer. Ai-je besoin d'en savoir plus sur ce genre de personnes pour affirmer la chance que j'ai de ne pas être l'un d'entre eux ou de ne pas encore le devenir en regardant ce genre de film...
Un très beau film sur la famille et les moments simples de l'existence. La pensée du bonheur, les enfants, le mariage et tout cela autour du fleuve et de ses légendes. C'est doux et sensible en étant proche du temps d'aujourd'hui.
Ce que Séjour dans les monts Fuchun a de très beau, c’est d’aborder la fin de vie, tout entière incarnée par cette mère et grand-mère vieillissante qui s’effondre lors de son anniversaire, par le biais d’un fleuve qui s’écoule doucement et semble accompagner le mourant vers un autre asile. Gu Xiaogang réalise une œuvre fluide qui, sous couvert d’une apparente immobilité – travail du plan-séquence, longues scènes de dialogues – n’a de cesse de progresser lentement et imperceptiblement, entrelaçant ainsi le temps de l’homme et celui de la nature, tirant de cet entrelacs une sérénité en dépit des situations représentées ainsi qu’un regard critique sur la société chinoise capitaliste. Il n’est ici question que d’argent et d’héritages, les dettes et le prix de l’immobilier passent d’une bouche à l’autre, sont au cœur des préoccupations, à l’opposé du spectacle de la nature qui pourtant demeure malgré l’urbanisation galopante. Le réalisateur capte ce que le quotidien peut avoir de poétique et compose ses séquences rythmées par les saisons comme un poète choisit avec soin les mots de son haïku. Le plus remarquable étant la manière qu’il a de ne jamais faire de la maîtrise formelle une finalité grandiloquente, mais, au contraire, de subordonner celle-ci à la contemplation de l’humain et ses histoires – celles qui le définissent, celles qu’il se raconte – dans un environnement lui aussi en perpétuelle mutation, quoique plus lente, comme inséré dans une temporalité qui engloberait la nôtre, un environnement qui l’a précédé et qui lui succèdera.
Un magnifique plan séquence à la moitié du film, de superbes images à voir sur un grand écran. Difficile au départ de se mettre dans le film car beaucoup de personnages mais une fois qu'on maîtrise les protagonistes film poétique qui nous entraîne sur une Chine en pleine transformation.
Chronique familiale le temps de quatre saisons, sous fond de mutation de la Chine urbaine. Un film choral à la mise en scène, pleine de plans séquences, sublime mais au récit assez peu captivant.
"Séjour dans les monts Fuchun" est le premier long-métrage Gu Xiaogang, jeune cinéaste de trente ans. Le titre fait référence à une célèbre peinture du même nom datant du XIVe siècle. Indéniablement, le cinéaste fait figure de prodige à suivre. Gu Xiaogang déploie une maîtrise épatante ainsi qu'un esprit inventif dans sa réalisation, alternant des plans séquence audacieux et des plans de toute beauté de paysages enneigés. En plus de ce savoir-faire, le cinéaste livre à travers le destin de ces quatre frères que tout oppose une belle réflexion sur les mutations de la Chine contemporaine. Le Temps est en effet la principale matrice de "Séjour dans les monts Fuchun", qui voit cohabiter l'immuabilité du fleuve avec les projets de métro et autres rénovations urbaines.. Gu Xiaogang a d'ores et déjà annoncé concevoir son projet comme une trilogie : il va sans dire que nous attendons impatiemment la suite.
non non et non. Aucun intérêt, quelques belles images, des plans séquences ridicules, notamment ce looooooooong travelling sur une brasse dans le fleuve. Quasi comique. C'est terrible ce concert de louanges. Cela pourrait dégoûter d'aller rechercher les pépites chinoises et ce serait bien dommage. Ses contemporains So long my son ou Le lac aux oies sauvages sont vraiment de belles expériences de cinéma par exemple.
Un film sur la Chine d'aujourd'hui à la fois méditatif et extrêmement réaliste. Au long de la rivière Fuchun la vie d'une famille dans un monde qui bouge très vite. Superbe !
"Dwelling in the Fuchun Mountains" est le premier film de Gu Xiaogang et le premier volet d'une série de films à venir. Il s'agit d'un drame qui suit une famille de quatre frères qui doivent s'occuper de leur mère victime d'une attaque. Le film s'inscrit dans la lignée de ces récents films chinois qui s'interrogent sur la société actuelle et ses changements à la fois démographiques, sociaux et culturels avec notamment la démolition et la reconstruction perpétuelles du pays avec des personnages qui sont tiraillés entre modernité et traditions. Ici, ce sont les quatre frères qui représentent chacun un aspect de la société ainsi qu'un thème à développer. Comme le dit le réalisateur : «La Chine va trop vite, il faut donc une caméra patiente». Et puisqu'on parle de patience, il faut l'être... Au rythme des saisons, le réalisateur nous fait vivre le quotidien des membres de cette famille qui est souvent divisée et pas d'accord sur la question du mariage par exemple. Le film est long, mais il n'est jamais ennuyeux. On est vraiment en immersion au sein de cette famille. Tout n'est pas d'une importance capitale, mais on est témoin d'instants de vie authentiques et sincères. De plus, le film est très bien réalisé avec quelques plans-séquences et travellings qui pour certains sont aussi beaux qu'impressionnants. Il se dégage quelque chose de vraiment apaisant de ces scènes. Bref, ce n'est pas mon style de film à la base, mais cette chronique familiale est pas mal.
Encore un film fleuve chinois qui s’intéresse aux mutations démographiques, sociales et culturelles secouant ce grand pays. Fleuve à l’image de ce cours d’eau langoureux et paisible coupant la ville en deux ; fleuve aussi avec ses 2h30 étirant le temps et les plans séquences à l’infini. Gu Xiaogang, pour son premier film à 31 ans seulement, se révèle alors virtuose dans ce domaine, ses travellings sont d’une beauté à couper le souffle très inspiré qu’il est par les rouleaux de peinture traditionnel chinois. Concentrant son scénario autour des trois générations d’une même famille, il raconte une Chine perturbée dans ses certitudes, mais aussi par cette politique de l’enfant unique mettant une pression sur une jeune génération porteuse des ambitions parentales. Les enjeux nous dépassent parfois et le sort des membres de cette famille nous émeut peu. Long et parfois ennuyeux, un ennui que l’on ne peut mettre au seul crédit des 2h30 de film ; « So long my son » dans la même mouvance chinoise, malgré ses plus de 3 heures était passionnant. Le jeune réalisateur est parti pour une trilogie… Je pense que je m’arrêterais au premier opus. tout-un-cinema.blogspot.com
A vu le sublime film "Séjour dans les monts Fuchun" du jeune metteur en scène chinois Gu Xiaopang. C'est un premier film et c'est un coup de maître. Pendant 2h30 nous suivons en parallèle les tribulations d'une famille (une femme septuagénaire, ses 4 fils, leurs femmes et ses petits enfants) et la mutation d'une ville (Hangzhou) traversée par un fleuve qui lui, file calmement depuis des millénaires à travers les saisons. "Séjour dans les monts Fuchun" est aussi une peinture sur rouleau de 7 mètres de long du XIVème siècle. Le metteur en scène utilisera pendant tout son film le travelling latéral d'une façon époustouflante pour nous faire comprendre le parallèle entre les deux périodes où seul le fleuve n'a pas changé. Une mise en scène d'une extrême discrétion mais absolument maitrisée et travaillée, des plans séquences plein de vie et d'une fluidité confondante, une lumière magnifique... il n'y a pas de doute Gu Xiapang est déjà un immense cinéaste. Ce film est le premier volet de plusieurs "épisodes" et je suis très très impatient de retrouver toute cette famille de trois générations qui a du mal à communiquer car partagée entre des habitudes et coutumes d'un autre temps et celles d'une "occidentalisation" menaçante et attrayante et souvent incompréhensible par les anciens, sauf pour la grand mère qui a perdu la tête le jour de son anniversaire (scène d'ouverture). Coup de coeur absolu de ce début d'année... un vrai voyage.