Il s'agit du premier film qui ne soit pas tiré d'un scénario écrit par Midi Z, ainsi que du premier film qui ne parle pas de son pays natal : "C’était la première fois que j’allais tourner à Taïwan, loin de mes sujets habituels". Il a été immédiatement séduit par le script de Wu Ke-xi qu'il décrit comme "personnel, sensible, féminin et inscrit dans le contemporain".
Après trois mois de casting pour trouver l'interprète de l'héroïne, le réalisateur s'est aperçu que la scénariste Wu Ke-xi était la mieux placée pour jouer Nina Wu, tant elle avait mis d'elle dans le personnage et l'histoire. Lorsque l'affaire Weinstein a éclaté, elle s'est en effet renseignée sur le syndrome du stress post-traumatique. C'est alors qu'elle a pris conscience qu'elle en avait elle-même souffert après avoir été humiliée par un réalisateur sur le tournage d'un spot publicitaire. Ce dernier avait ajouté une scène supplémentaire où Wu Ke-xi se faisait violemment gifler avec une liasse de billets. "Il y a eu plusieurs prises et je m’efforçais de sourire puis j’ai fini par éclater en sanglots. Il a ajouté une autre scène où je portais une jupe courte et je devais me rouler sur le sol. J’avais peur que l’on voit ma culotte mais étant figurante, j’étais venue seule. Je n’avais pas d’assistant, ni d’agent. Après cette expérience, c’est comme si mon cerveau avait cessé de fonctionner. Je suis rentrée chez moi et pendant deux semaines, je n’arrêtais pas de pleurer", se souvient-elle.
Nina Wu s'inspire librement de l'affaire Weinstein. Midi Z considère qu'en tant qu'artiste, son travail doit s'intéresser aux problématiques de son époque et les mettre en scène. Mais l'affaire Weinstein n'occupe qu'une infime partie de l'intrigue. Il s'agit pour le réalisateur de surtout montrer comment la société patriarcale voit les femmes et les définit. Il y a cependant des liens avec le producteur américain. La chambre 1408 où l'héroïne passe l'audition est une référence au film d'horreur avec John Cusack produit par Weinstein. Le metteur en scène précise : "Cependant, le film peut se suffire à lui seul, sans qu’on se réfère nécessairement à l’affaire. Elle n’a pas d’incidence sur la compréhension du film par le spectateur".
Traitant d'un stress post-traumatique, le film brouille les frontières entre rêve et réalité, passé et présent. "En fait, l’intrigue est très limpide mais le montage bouscule les habitudes du public. Les effets visuels permettent toutefois d’établir une distinction entre les rêves et la réalité", explique Midi Z. Il ajoute : "Quand on filme une histoire comme celle-là, la logique et la chronologie ne sont pas si difficiles, mais le montage est très compliqué en revanche".
Les films de Yorgos Lanthimos et Nicolas Winding Refn ainsi que les peintures d'Edward Hopper étaient les références du réalisateur, du directeur de la photographie et du directeur artistique sur le plateau.
L'homosexualité est encore taboue dans de nombreux pays et les personnages lesbiens sont rarement représentés dans le cinéma taïwanais. C'est pour cela Wu Ke-Xi a fait de son héroïne une lesbienne, influencée par le film Boys Don't Cry et l'actrice Ellen Page, qui a vu certains rôles lui échapper après son coming out.