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🎬 RENGER 📼
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3,0
Publiée le 25 mai 2024
Autumn, une adolescente, doit faire face à une grossesse non désirée. Ne bénéficiant d’aucun soutien de la part de sa famille et de la communauté locale, elle décide, avec sa jeune cousine, de partir à New York…
Eliza Hittman met en scène le parcours d’une ado pour se faire avorter, une route semée d'embûches que la réalisatrice a parfaitement su retranscrire avec beaucoup de réalisme, avec d’un côté, la Pennsylvanie profonde et l’absence d’aide de la part du planning familial (qui bien au contraire, va l’en dissuader) et l’aide qu’elle parviendra à trouver dans une grande ville, néanmoins compliquée avec sa paperasse administrative.
Never Rarely Sometimes Always (2020) est donc le parcours du combattant pour cette adolescente pour faire respecter son droit fondamental, celui de disposer de son corps comme bon lui semble, dans un pays où, d’un État à un autre, le droit à l’avortement est soit toléré, soit purement et simplement interdit.
Pour son premier rôle, la chanteuse Sidney Flanigan incarne brillamment cette jeune femme qui ne peut compter que sur elle-même et l’aide de sa cousine, campée par Talia Ryder (The Sweet East - 2024). Le traitement hyperréaliste (digne de Ken Loach) ne fait que renforcer le message du film et vient nous rappeler à quel point le système de protection social aux États-Unis (et particulièrement, celui envers les ados) est vraiment à la ramasse. C’est un très joli pied de nez au film de propagande anti-avortement Unplanned (2019), sorti un an auparavant.
Quatre mots anglais qui correspondent à un questionnaire. Il suffit de répondre soit par «Jamais » (Never) - « Rarement » (Rarely) - « Parfois » (Sometimes) - « Toujours » « Always) ; par exemple à la question « Votre partenaire se montre-t-il violent ? » ; « Avez-vous des relations sexuelles forcées ? »
Autumn fragilisée déjà par sa démarche d’avorter coûte que coûte ne dit mot dès qu’il s’agit d’évoquer son dernier partenaire et ce pourquoi elle est enceinte. Autumn (Sidney Flanigan ) est une ado qui parle peu, qui se révèle peu, par contre elle est déterminée à agir seule. Pas vraiment, elle est accompagnée par sa cousine tout aussi économe de paroles, Skylar (Talia Ryder).
On ne sait pas grand-chose de ces deux ados, ce n’est pas le plus important selon le point de vue d’Eliza Hittman, la réalisatrice. Ce qui doit préoccuper le spectateur c’est ce périple qu’entreprennent les deux ados pour rejoindre un centre de planning familial situé à New York. Autumn habite dans un patelin de Philadelphie. Elle s’est prise en charge, pour elle, il n’est pas question d’en parler à sa mère, encore moins à son beau-père qu’elle ne semble pas apprécier. Seulement, le planning familial de sa petite ville lui fait bien sentir qu’avorter n’est pas acceptable. Autumn pourrait dépasser cette hostilité puisqu’elle est dans son droit depuis la légalisation de l’avortement en 1973. Toutefois, étant mineure, il lui faut l’accord de ses parents. Et ça, ce n’est pas du tout dans les plans d’Autumn. Donc, avec l’aide de Skylar, Autumn rejoint New York en bus.
C’est la méga ville. Il ne suffit pas de rentrer et se faire avorter en 24h, elle doit respecter un protocole de deux jours. Ce qui n’arrange pas les deux filles qui n’ont pas d’argent pour séjourner dans un hôtel.
Le film est évidemment intéressant à plusieurs titres, le premier : la difficulté d’avorter alors que c’est légal depuis 1973 ! Eliza Hittman nous informe qu’il y a toujours des plannings réticents. A New York, ville de tous les possibles, Autumn peut avorter sans jugement sans culpabilité. La réalisatrice nous fait deviner la cité en serrant les visages mutiques des deux ados. On ne voit pas un New York aéré, déployé, comme on a l’habitude de le voir. Les plans serrés sur les personnages apportent un sentiment d’étouffement, de crainte, de prudence car les filles n’ayant pas les moyens de se loger à l’hôtel, doivent occuper leur temps à veiller dans les couloirs, les salles ou les rames d’un métro entre autres. Ce n’est pas un New York touristique et pour cause, Autumn et Skylar ne sont pas venues en touristes. La réalisatrice colle au plus de ses deux personnages qui se comprennent souvent sans prononcer le moindre mot ; le spectateur est là à attendre, à patienter, à craindre pour elles. Arrive ce questionnaire qui donne son titre à un récit poignant et qui suscite l’indignation. Oui indigné de savoir que l’on conteste encore aux femmes le droit d’avorter, alors que c’est légal ! De les contraindre à entreprendre de longs trajets, loin de leur habitat, pour exercer ce droit. De les mettre en danger et de persister à disposer de leur corps.
Le film s’inscrivait dans une Amérique (2020) qui a légalisé l’avortement, malheureusement ce droit gagné est bafoué par quelques soignants qui agissent à leur guise. Aujourd’hui, il n’est plus question de bafouer ce droit, c’est en toute légitimité que ce droit n’existe plus selon certains états !!! « Never Rarely Sometimes Always » n’est plus d’actualité !!! Ce film appartient à un autre temps… béni ! Que c’est triste et révoltant !
« NEVER » comme JAMAIS acquis, JAMAIS lâcher. « ALWAYS » comme TOUJOURS se battre.
A noter : étonné et ravi de découvrir la chanteuse Sharon Van Etten dans ce film dont « All I Can » issu de son album « Tramp » (2012) me rend délicieusement mélancolique. C’est un autre débat.
A l'heure où l'interdiction de l'avortement s'étend de plus en plus aux États-Unis, la cinéaste Eliza Hittman s'attaque au sujet dans son film "Never Rarely Sometimes Always" à travers la grosses non désirée d'une jeune adolescente. Sujet sensible et intéressant, traité sobrement bien que de manière prévisible et un brin manichéen (sur le rapport avec les hommes).
Histoire linéaire et bien trop froide émotionnellement malgré ce qu'elle porte. Dommage car cette aventure féminine et féministe avait du potentiel; un potentiel que l'on effleure avec cette ambiance nocturne new-yorkaise et la complicité intéressante entre les deux cousines.
On aurait aimé davantage ce film au sujet important, quoique relativement souvent traité au cinéma, en l’occurrence l’avortement. Tout comme on aurait aimé que la scène pivot du film qui s’avère d’une justesse et d’une puissance incontestable - et qui lui donne d’ailleurs son titre - infuse sur tout le long-métrage de cette manière. D’une durée d’une dizaine de minutes, elle prend place dans la clinique d’avortement et voit l’assistance sociale posé le questionnaire d’usage à cette adolescente brisée. Implacable, dur et émouvant, cette séquence est le cœur du long-métrage. Malheureusement, malgré toutes ces bonnes intentions louables, le reste de « Never rarely sometimes always » se heurte à un traitement bien trop monotone, mutique et neurasthénique pour emporter tous les suffrages, surtout dans la seconde partie après cette scène vraiment mémorable, importante et réussie.
Ce qui se passe dans le film est certes courant mais reste grave et triste. A une ère où on voit un retour aux populismes et aux pratiques moyenâgeuses où l’avortement devient un sujet politique, il est bon de rappeler certaines choses et ce film fait office de piqure de rappel nécessaire. Dommage qu’on soit rarement touché par ce qui se passe à l’écran. Les choix radicaux de la réalisatrice comme la quasi absence de dialogues et l’enchaînement de séquences atones et étirées finit par lasser (surtout quand les jeunes filles errent dans Manhattan). Hormis, encore une fois, ces dix minutes en milieu de film d’une force émotionnelle incontestable, le reste semble un peu faible. Tout le film aurait dû être de l’acabit de cette séquence mais malheureusement ce n’est pas le cas. On apprécie tout de même la manière dont est dépeint le quotidien de ces adolescentes dans un bled paumé de Pennsylvanie entre ennui, misère sociale et bêtise morale. Mais tout cela on l’a déjà vu dans beaucoup de films indépendants américains et souvent en mieux.
De plus, la moue boudeuse des deux actrices principales, comme le fait de ne quasiment rien savoir sur elles pour juste se concentrer sur la difficulté d’avorter au pays de l’Oncle Sam, rend le processus d’identification aux personnages plutôt ardu. « Never rarely sometimes never » ne fait pas grand-chose pour être aimé du spectateur et se positionne comme une œuvre exigeante mais il n’empêche qu’être plus démonstratif, moins mystérieux et moins misérabiliste aurait peut-être été plus pertinent. L’ennui n’est pas loin à force d’être aussi taiseux, mutique et répétitif. Un film fort tout de même mais pour lequel il faut s’investir et qui aurait pu être bien plus impactant traité différemment.
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Une chronique sensible et cruelle qui évoque de manière quasi-documentaire, avec quelques longueurs, l’avortement d’une adolescente de 17 ans, interprétée par la touchante Sydney Flanigan. 3,25
Never rarely sometimes always, ce sont les réponses possibles à un QCM que devra remplir Autumn, jeune fille à la grossesse non désirée, dans sa recherche de solution. Pour pouvoir avorter, elle part à New-York. Autumn est forte, elle est épaulée par sa cousine Skylar à l'indéfectible loyauté, toutes deux interprétées par d'excellentes jeunes actrices. Même si elles n'échangent que peu de phrases, elles sont unies dans ce combat de femme. Les hommes n'ont d'ailleurs pas le beau rôle : profiteurs, accusateurs, pervers, violeurs. Les silences et les non-dits sont nombreux et participent à l'installation d'une tension pendant le périple, on finit par craindre pour les jeunes filles. Le scénario dénonce ce droit à l'avortement, qui n'est pas le même dans tous les États-Unis, voire inexistant et remis en cause régulièrement.
Un film tout en finesse et sans pathos sur un sujet éminemment difficile à traiter. La direction des actrices est à saluer. Le lien Indéfectible entre les deux adolescentes, montré par de simples gestes et beaucoup de silences est superbe. Une vrai réussite.
Reprenant la formulation des points du questionnaire qui leur est destiné, le film d’Eliza Hittman expose le chemin de croix des jeunes américaines qui font le choix d’avorter. Dans la plupart des Etats, cette décision est soumise à l’approbation parentale pour les mineures et pour peu que la famille soit en désaccord sur la question, il est parfois nécessaire aux filles concernées de parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour trouver un endroit acceptant de réaliser l’opération dans le respect de leur liberté de choix (à peu de choses près, ce n’est possible qu’ en Californie et à New York). D’autre part, ce qui tient lieu de planning familial aux Etats-unis est parfois financé par des organismes privés d’obédience religieuse, dont l‘objectif est de dissuader autant que possible les femmes de recourir à cette solution. ‘Never rarely sometimes always’ ayant fait le choix de l'hyperréalisme documentaire, il tient son pari jusqu’au bout sans jamais se sentir obligé de sacrifier aux règles de la fiction : Autumn et Skylar parleront peu tout au long de ce périple vers New York et une possible issue à la situation de la première. Dès lors, les dialogues sont réduits à la portion congrue et d’une banalité à toute épreuve et ce sont les regards et les expressions qui en diront le plus long sur une situation évidemment éprouvante, mais également sur la lassitude extrême des deux jeunes femmes vis-à-vis de tous ces petits actes et ces attitudes qui témoignent de l’emprise du patriarcat sur le quotidien des femmes.. Fort marqué par les tics des réalisations promises à un bel avenir “Sundancien”, ‘Never rarely sometimes always’ reste néanmoins d’utilité publique, et rappelle que le combat pour la liberté de choix est encore loin d’être une réalité partout en Occident, ni dans la loi ni dans les faits.
Le QCM médical est le coeur de ce film. Il révèle à demi mot l'histoire de cette jeune fille. Peu de dialogues, musiques minimalistes, et ça fonctionne! Obligée de se faire avorter à New York qui n'a pas besoin de l'accord des parents, les scènes se déroulent dans le métro, dans les fast-foods : elles sont SDF 2 nuits. La réalité du parcours est dramatique...
Au plus près des personnages et sans voyeurisme, brillant dans le fond comme dans la forme. Voilà un road-trip vers New-York très touchant. L'interprétation de Sidney Flanigan et Talia Ryder est absolument magnifique. Le film retient sa souffrance son émotion et sa colère, mais la laisse sortir par des silences des regards où par le simple toucher. Très beau travail d'hélène Louvart à la photographie. Boulevardducinema.com
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1,0
Publiée le 7 janvier 2021
Tout d'abord ce film s'efforce d'être réaliste et de vous mettre vraiment dans la peau d'une jeune fille enceinte de 17 ans. Les personnages ne sont jamais entièrement mauvais ou entièrement bons ce qui est exactement ce qu'il faut faire pour ce genre de films car s'ils étaient exagérés d'une quelconque manière le film finirait par se sentir hors de propos et distant et cela irait à l'encontre de son objectif. L'erreur que fait le scénariste est la distribution du bien et du mal. Quand vous regardez les personnages individuellement ils sont en fait très bien écrits ils ne sont jamais exagérément bons ou mauvais et ont tous l'impression qu'ils pourraient exister dans le monde que nous connaissons mais quand vous faites un zoom arrière et que vous regardez l'ensemble du tableau vous remarquez que chaque personnages masculin avec plus d'une ligne de dialogue était une sorte d'incompétent (à différents degrés bien sûr comme je l'ai dit l'auteur n'exagère jamais) et que chaque femmes avec plus d'une ligne de dialogue était un ange nourricier (encore une fois à différents degrés). Il devrait être réaliste et il l'est jusqu'à ce qu'il ne le soit plus jusqu'à ce que vous réalisiez que vous n'avez pas vu un homme décent ou une femme méchante pendant une heure et quarante minutes...
" Never Rarely Sometimes Always" récompensés et nommés à de nombreux prix cette année et l'an dernier est un drame social percutant. En effet le film doit beaucoup à Sidney Flanigan très juste dans son rôle bien accompagné par Talia Ryder, la réalisatrice du film nous montre une Amérique divisé, profondément machiste qui décrit l'âpre parcours d'une jeune femme pour se faire avorter dans des séquences réalistes même si le manque de moyens du film est visible au rendu final .
Quand elle apprend qu'elle est enceinte, Autumn se retrouve perdue et ne sait pas vers qui se tourner. Alors qu'il s'agit d'une grossesse non désirée, elle se renseigne pour avorter, mais se rend compte que c'est plus compliqué que ce qu'elle imaginait. Elle se renseigne, lit des choses, mais cela ne lui fait pas toujours prendre les bonnes décisions. Quand elle prend conscience qu'elle ne peut rien faire dans sa ville, et qu'on la pousse même à garder l'enfant, Autumn n'a pas d'autre choix que d'aller à New York pour se faire avorter. "Never Rarely Sometimes Always", qui fait référence à une scène bouleversante du film, est un film assez triste dans le sens où l'on se rend compte qu'une personne ne peut pas décider de ce qu'elle veut faire avec son propre corps. C'est désolant de voir tout ce qu'elle doit traverser, loin de chez elle en plus, pour quelque chose qui pourrait et devrait être plus simple pour celles qui veulent faire cette démarche qui est personnelle. Quoique l'on puisse penser à ce sujet, si une personne en arrive à se faire du mal et à mettre sa vie en danger par désarroi parce que personne ne peut l'aider, c'est qu'il y a un vrai problème. On suit donc ce périple semé d'embûches dont les deux cousines se seraient bien passées. Heureusement que Autumn n'est pas seule d'ailleurs et même si sa relation avec Skylar est étrange puisqu'elles parlent très peu, elle peut au moins compter sur elle. Une présence vaut parfois plus que des mots et l'on s'en rend compte ici avec Skylar qui est là pour elle durant cette étape très difficile. Eliza Hittman traite ce sujet très délicat avec beaucoup de sobriété. C'est d'ailleurs tellement sobre que l'on ne prend pas toujours conscience immédiatement de la réalité de la situation et de la raison pour laquelle elle ne peut pas se tourner vers sa famille. J'imagine peut-être des choses, on ne sait finalement rien sur cette grossesse, mais certains dialogues et scènes sèment le doute sur ce qu'il s'est réellement passé. D'ailleurs si c'est réellement à quoi je pense, on peut comprendre pourquoi Autumn a une telle vision des hommes. Ces derniers sont représentés de manière un peu trop caricaturale, ce qui est le seul point noir du film pour moi. Tout n'est pas nécessaire concernant cela, mais cela amène également l'un des moments les plus forts du film avec une scène un peu dérangeante lorsqu'elles sont avec Jasper dans la station de métro. Pour en revenir au thème abordé, la réalisatrice ne juge pas et ne prend pas parti même si elle ne propose qu'un seul point de vue. Avec sa caméra, elle se contente de simplement accompagner ces deux filles qui en sont là après que Autumn et elle seule a pris cette décision. En somme, il s'agit d'un très bon drame qui est touchant et magnifiquement bien incarné.
La réalisatrice, née dans les années 1970, filme à dessein son héroïne comme une jeune fille des années 1990. Et pour cause : rien n'a changé ou si peu. Aujourd'hui comme hier, les jeunes filles souffrent des mêmes violences sexuelles, de la même difficulté d'accès à l'avortement, de la même culpabilisation par la société. Tout ce qui a changé, ce sont les pratiques sexuelles héritées de la pornographie omniprésente que les garçons leur imposent. A l'une des questions que lui pose la médecin avant l'avortement, relatives aux pratiques sexuelles subies (et avant la question finale sur de possibles agressions sexuelles), l'héroïne répond qu'elle (qu'on lui) a tout fait : pénétration vaginale, orale, anale.
Triste monde où le patriarcat continue envers et contre tout d'édicter ses lois.