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GIJoe
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3,5
Publiée le 15 novembre 2020
Film sobre, avec peu de moyens, caméra à l'épaule. Il retrace avec effroi l'état d'esprit étriqué des habitants des petites bourgades au sein desquelles l'avortement est tabou ou fortement réprouvé par les grenouilles de bénitier. Le parcours du combattant des jeunes filles désœuvrées à la sexualité erratique et souhaitant avorter nous laisse perplexes au vu des résistances rencontrées tout au long du processus de la part des gens et même des institutions.
A la limite du docu-fiction, exempt de tout pathos, ce film taiseux mais qui en dit tellement long sur l'état des lieux du droit d'avortement de moins en moins lisible aux États-Unis est d'une justesse touchante. Les deux jeunes actrices avec qui le spectateur est en totale immersion y sont pour beaucoup, perdues au milieu de cette grande pomme qu'est New-York. Abordant aussi les disparités entre états ruraux et grandes villes, ce très joli film intimiste réussit son pari malgré un parti-pris austère et une image volontairement granuleuse. Une belle réussite.
Never Rarely Sometimes Always est une marche régie par la quête balbutiante et incertaine d’une féminité, d’un droit à la féminité et à la vie de femme qui passe, de façon apparemment paradoxale, par la mise à mort de l’embryon. Il faut rompre avec l’incarnation de l’abus et de l’oppression qui grossit et se développe jour après jour, qui résiste aux comprimés et aux coups ; mais cette rupture s’opère par étapes, Autumn louvoyant sans cesse entre deux rives qui l’attirent et la rebutent. Son prénom, d’ailleurs, porte en lui l’état transitionnel qui caractérise l’existence du personnage : une saison prise en étau entre la chaleur et le froid, la vie et la mort. Tout, dans cet environnement urbain étranger, apparaît comme un obstacle opposé à l’émancipation des deux femmes, de la manifestation religieuse organisée devant le centre médical à ce jeune homme rencontré dans le bus qui troque le billet de retour – ainsi que ses frites et son ketchup – contre caresses et baisers. Le corps est objet de marchandage : il passe sous des détecteurs, il titube et se casse sous le poids de la valise porté dans les escaliers du métro, il est sondé de l’intérieur à plusieurs reprises, on dévoile sa libido aussitôt exhibée aussitôt schématisée, enfermée dans l’une des quatre cases qui donnent son nom au long métrage. La marche vers la liberté est ainsi donnée à voir et à vivre par le prisme du corps, un corps sans artifice, brut, privé de sommeil, de soleil et de joie, contraint de se laver « comme les prostituées » – soit aisselles et pubis – dans les toilettes publiques. Les lieux traversés par Autumn et Skylar participent de cette dégradation de la femme : un bowling, un fast-food, la salle d’attente d’une gare ou d’une clinique, un bus ; des lieux de passage marqués par leur impersonnalité et l’engloutissement de l’individu dans une masse anonyme. Never Rarely Sometimes Always prend l’aspect d’une chaîne de solidarités féminines superbe, faite de mains tenues, d’une odyssée infernale qui voit sa fin repoussée encore et encore jusqu’à l’éreintement ; elle diffuse un féminisme d’autant plus intelligent qu’il n’est jamais plaqué : son expression découle naturellement des situations mises en scène, s’insèrent au sein du quotidien dans toute leur banalité révoltante et écœurante. Fort de deux actrices lumineuses, Sidney Flanigan et Talia Ryder, le film d’Eliza Hittman est une œuvre importante pour la représentation des femmes au cinéma, une œuvre qui prend aux tripes et offre le témoignage bouleversant d’une maternité subie et d’une libération gagnée après moult épreuves.
Le sujet du film force le respect avec cette jeune fille qui part a New-York avec sa cousine pour se faire avorter sans en parler à ses parents . Mais l'ensemble tire trop vers le reportage avec un scénario bien mince et très peu de dialogues . De plus l'expression en permanence blasée d' Autumn très meurtrie ( on peut le comprendre ) et son manque de gratitude notamment avec sa cousine sont assez déroutants par moments .Malgré tout ce film reste utile ....
A l’heure où le président des Etats-Unis participe à la Marche pour la Vie pour la première fois, la réalisatrice Eliza Hittman s’est dit qu’il était temps de mettre en images l’épreuve administrative et psychologique que l’avortement représente pour celles qui choisissent cette voie. Si l’on pouvait redouter un énième nanar cousu de fil blanc porté par une adolescente râleuse et une morale libérale, Never Rarely Sometimes Always se révèle tout en pudeur et en intensité. Une très bonne surprise.
J'ai beaucoup aimé ce film ! D'abord intriguée par le manque apparent d'émotion d'Autumn tout au long de son périple, j'ai souffert avec elle et compris tout les non-dits lors de l'entretien avec l'assistante sociale vers la fin du film. On comprend à présent pourquoi elle ne dévoile rien, cet avortement est une épreuve de plus dans sa jeune vie. Elle a de toute évidence appris depuis longtemps à subir sans rien dire et a se débrouiller toute seule !
Eliza Hittman est une femme qui prend le temps de regarder ses sujets dans les yeux, jusque dans les sentiments profonds d’une adolescence qui cultive un certain mal-être. Elle l’a déjà fait avec « It Felt like love » et « Beach Rats », en présentant des jeunes qui se renferment dans le fantasme ou qui abandonnent leur libre-arbitre. Ici, elle soulève un point de vue exclusivement féminin, en l’accompagnant de conséquences amorales et pourtant bien réelles. La cruauté se conjugue au masculin, aucune pitié pour ces derniers, qu’ils soient identifiés dans une tranche d’âge ou d’une certaine classe sociale, ils iront tous dans le même panier afin de mieux servir ce road-trip intimiste et poignant.
L’Amérique a la masculinité toxique, bien que l’on ne puisse pas la généraliser ou encore l’extrapoler à d’autres territoires. Mais il n’y aura nul besoin de développer davantage ce filon, dès lors que la justesse prend forme autour du corps de la femme. Un premier arrêt sur le patriarcat, qui martèle sans cesse la gent féminine, leurs valeurs et leur corps. Plus rien ne leur appartient, pas même l’embryon à l’arrivée impromptu et dont Autumn hérite avec stupéfaction. Pour l’incarner et pour partager le fardeau de la protagoniste, la chanteuse Sidney Flanigan et sa non-binarité correspondent au profil souhaité, celle d’une femme qui ne peut gagner tous ses duels du regard ou sur la scène de New York, aussi impitoyable qu’imprévisible. Pour un premier rôle, il y a de la place pour de l’émotion crue, celle qui ne prend pas de détour et qui va droit au but. Et c’est en compagnie de la loyale cousine Skylar (Talia Ryder) qu’on renforce le lien féminin et sa position dans un monde d’hommes et d’adultes.
Toutes deux s’investissent dans une croisade à sens unique, convoitant l’IVG (Interruption volontaire de grossesse) comme le Graal symbolisant l’ultime pouvoir qui leur reste. Pour Autumn, le conflit intérieur prend le dessus sur son environnement et les dialogues sont limités à des professionnels médicaux. Elle se définit ainsi à travers une gestuelle plus bavarde que jamais et qui hurle au désespoir, à la trahison et de douleur. Ce silence est partagé avec sa partenaire de voyage, qui sème le charme malgré elle et qui révèle les complexités du parcours, portrait d’une nation qui restreint les droits d’une femme. Mais la place des hommes n’est sans doute pas assez nuancée pour rendre toute la légitimité et la noblesse à la quête. Malgré tout, les maladresses s’effacent derrière la mise en scène et une narration d’une justesse émouvante, jusque dans les derniers instants, mettant en relief la signification du titre et l’extrême violence qui en découle. Par ailleurs, on se permet de ne pas l’illustrer, on préfèrera la suggérer, sage décision.
Ainsi, le film ne fait pas dans la fantasmagorie, il nous harponne à la réalité sans concessions, sans ressources supplémentaires. Il n’y a que deux filles qui avancent avec une incertitude permanente et une liberté qu’on leur ampute quasiment d’office. « Never Rarely Sometimes Always » répond déjà aux enjeux d’une société instable et qui ne justifie plus ses écarts de conduite ou les responsabilités de chacun. Ici, l’efficacité du récit souligne avec authenticité des problématiques d’actualités et qui rongent encore le cœur de victimes qui ne peuvent plus fuir ou confronter la hiérarchie. Elles se contentent de survivre en sauvegardant le peu d’esprit et de corps qu’on ne leur a pas déjà piétiné ou volé.
J’ai trouvé ce drame pas terrible. Le sujet est pourtant très riche et mérite qu’on se penche dessus. Que l’on soit pour ou contre l’avortement, ce que subissent les jeunes femmes qui ne veulent pas garder leur enfant, est une réalité. Je trouve que ce film se penche très bien sur cela. C’est pris avec beaucoup de justesse. Eliza Hittman a fait un gros travail de recherche pour que ce soit le plus réaliste possible. Elle a consulté des établissements pratiquant l’IVG, et une assistante sociale a servi de conseillère sur le tournage. Cette dernière a même joué son « propre rôle ». De ce point de vue, c’est une réussite. L’ambiance visuelle aussi est bien travaillée avec un grain d’image que j’ai apprécié. On passe de la Pennsylvanie à New York, et on voit bien le décalage entre les deux. Ça m’a d’ailleurs donné un coup de nostalgie. Malheureusement, à part ces deux aspects intéressants, le reste ne m’a pas accroché du tout. Je me suis beaucoup ennuyé. Le film s’étendant sur la longueur pour finalement un contenu restreint. Il ne se passe pas grand-chose, même si cela s’active sur la fin. Le réalisme, s’il est pris au pied de la lettre, n’est pas toujours passionnant. Normalement, l’élément décisif devrait être l’actrice principale. En effet, si son jeu est bon, elle fait passer des sentiments faisant la différence. Ici, à aucun moment je n’ai senti quelque chose chez Sidney Flanigan. Elle est trop neutre pour réveiller une émotion. Même sa compatriote Talia Ryder ne m’a pas emballé. Par contre, la prestation du Canadien Théodore Pellerin se démarque du lot. Je l’avais découvert dans CHIEN DE GARDE.
Eliza Hittman signe toujours des portraits réalistes, des parenthèses de vie qui n'ont l'air de rien mais qui bouleverse une existence. Après "Beach Rats", qui retraçait la vie contradictoire d'un jeune homme à la recherche de ses désirs profonds, la réalisatrice se lance dans une approche frontale et remuante sur le thème de l'avortement. Ici, pas de pathos, pas d'effets, pas de récit labyrinthique, pas de morale ni d'interprétations écrasantes, juste un regard honnête sur une histoire rare mais néanmoins importante. Loin de toutes polémiques et de tous tabous, "Never Rarely Sometimes Always" suit le calvaire d'une adolescente enceinte, qui prend l'initiative de quitter sa campagne pour rejoindre New-York en compagnie de sa meilleure amie pour y avorter en toute sécurité. Galère d'argent et de moyens ainsi que la peur du regard des autres les obligent à se débrouiller sans aucune aide ni autorité parentale. Aucun flash-back nous est proposé pour nous éclairer sur son passé et aucune réponse ne nous sera apportée dans le présent. C'est clairement le genre de film où le spectateur devient le confident d'un acte caché et se raconte sa propre histoire. Parfois, les scènes de contemplation, sans dialogues, s'enchainent mais ces longueurs sont rattrapées par des scènes fortes, où l'émotion se fraye un chemin jusqu'à déborder en larmes. Tout en pudeur, ce film sans prétention ne force jamais le trait de la tragédie, et ne juge jamais le passage à l'acte de son personnage. On en déduit une histoire de corporalité, de féminité, d'avenir, d'égalité, d'émancipation, de liberté et d'injustice. En ne se penchant que sur deux jours d'une vie, la réalisatrice raconte énormément, et toute cette fluidité des émotions ne serait rien sans la déconcertante présence de Sidney Flanigan. Une belle surprise !
Autumn a dix-sept ans. Elle mène une vie ordinaire dans une petite ville de Pennsylvanie, entre sa famille, son lycée et son job de caissière au supermarché du coin. Quand elle apprend qu’elle est enceinte, elle prend rapidement sa décision. Mais la législation de l’État lui impose de recueillir un accord parental qu’elle refuse de solliciter. Aussi, en compagnie de sa cousine, elle prend la route de New York pour s’y faire avorter. Mais le voyage, qui ne devait durer qu’une journée, se prolonge quand Autumn découvre que sa grossesse est beaucoup plus avancée qu’annoncée.
Avortement mode d’emploi. Le film de Eliza Hittman décrit, avec un souci quasi-documentaire un sujet grave : l’avortement des mineures. Son titre, assez obscur à un public non anglophone, fait référence aux choix multiples figurant dans le questionnaire que les jeunes femmes doivent renseigner avant l’opération. Malgré l’arrêt "Roe vs Wade" de 1973 – qu’une nouvelle majorité moins libérale à la Cour suprême pourrait renverser – qui autorise l’avortement pendant le premier trimestre partout aux Etats-Unis, la législation de certains États en restreint l’usage, en exigeant un accord parental si la mère est mineure, en interdisant la prise en charge par l’assurance-maladie ou en se faisant les complices des manifestants pro-Life qui provoquent la fermeture de nombreuses cliniques.
Fuyant tout pathos, "Never Rarely Sometimes Always" se veut minimaliste. Aucune musique, quasiment pas de dialogue, pas de rebondissement rocambolesque dans un scénario qui se borne à suivre pas à pas les deux personnages principaux de la Pennsylvanie à New York, un jeu d’acteurs réduit au minimum – comme en témoigne le visage impassible de l’héroïne sur l’affiche. Pourtant quelle intensité dans ce regard ! quelle profondeur dans ces silences !
On est profondément ému par la solitude d’Autumn, par les questions silencieuses qu’elle se pose lorsqu’elle découvre sa grossesse, par la solidarité bienveillante que lui manifeste sa cousine grâce à laquelle le voyage à New York est entrepris et qui saura trouver le moyen, lorsque l’argent viendra à manquer, pour les sauver de cette mauvaise passe.
L’émotion culmine dans la clinique où Autumn va se faire avorter. Dans un long plan fixe qui cadre son seul visage, elle répond aux questions que lui pose l’assistante sociale. Ses silences, ses larmes lèvent un voile sur son histoire. La confession aurait pu verser dans l’excès, par exemple en racontant un inceste que quelques indices laissaient redouter. Il n’en est rien. Autumn en dit juste assez pour que le spectateur comprenne les événements pas toujours gais d’une adolescence chaotique qu’elle a dû traverser. Cette pudeur, cette économie donne tout son prix à ce film poignant dont on ne ressort pas indemne.
Je pensais voir un film avec des émotions, une douceur et une dureté à la fois et un parallèle dur entre la vie d'adulte et cette adolescente perdue ... je n'ai même pas éprouvé d'empathie pour le personnage principal !! Le real utilise les temps long à outrance, joue à l'excès sur es gros plans .. Il y a très peu de dialogue et ça aurait pu être génial, mais non. C'est vide. Et on ressort de la séance en se demandant pourquoi on a dépensé 13 euros pour un film qui nous apporte rien de plus que la bande annonce. Je me suis dit que cette histoire va toucher es gens, leur faire comprendre la difficulté morale et physique que demande une IVG, que le film aurait creusé la question de l'adolescence dans tout ça avec douceur .. Que dalle ! Très déçue.
Il n'est pas franchement étonnant qu'une jeune fille de 17 ans qui se retrouve enceinte sans l'avoir désiré ne se sente pas prête à devenir maman. Seulement voilà, lorsqu'on est dans l'Amérique de Trump et des intégristes religieux, lorsque, de surcroit, on habite dans une petite ville de Pennsylvanie, procéder à un avortement ressemble de plus en plus au parcours de la combattante. La Pennsylvanie exigeant l'accord des parents lorsqu'une mineure veut procéder à un avortement, ce parcours va obliger Autumn à aller à New-York, plus souple en la matière, accompagnée de sa cousine Skylar. Un périple raconté avec beaucoup de justesse et de sensibilité par la réalisatrice Eliza Hittman. Un film qui a obtenu l'ours d'argent (équivalent du Grand Prix du jury) lors de la récente Berlinade de l'hiver dernier. Alors qu'on est très vite séduit par le jeu très expressif de Talia Ryder, la jeune comédienne qui joue Skylar, il faut attendre la grande scène de l'interrogatoire "Never, Rarely, Sometimes, Always" qui intervient très exactement au bout d'une heure pour pouvoir se montrer pleinement convaincu des qualités de Sidney Flanigan, l'interprète de Autumn. A noter qu'on retrouve dans le petit rôle de la mère de Autumn la chanteuse Sharon Van Etten dont la chanson "Staring at a Mountain" accompagne le générique de fin.
Un jeu d'actrices époustouflant, celui d'Autumn et de sa cousine, Skylar. Leur prénom respectif les fait déjà sortir du rang. Ce titre qui correspond aux quatre réponses d'un QCM remis par une employée humaine et compréhensive, nous emmène dans le parcours d'une jeune femme mineure qui ne désire pas donner suite à une grossesse non désirée.
Au fond, Autumn ne rencontrera que de la bienveillance sur son chemin. Pourquoi ressent-on alors une telle tension dans le non-dit de l'héroïne ? Ce film m'évoque celui de Ken Loach, Family life, par un je ne sais quoi de meurtrissure sociale et personnelle.
Ce film d'Eliza Hittman mérite, Ô combien, le grand prix du jury de la Berlinale 2020.
Magnifique film! À aucun moment l'attention du spectateur ne peut se détacher de l'histoire. Il y a certes peu de dialogues, mais cela démontre la difficulté et la violence psychologique de ce que Autumn, jeune fille renfermée sur elle-même, est en train de vivre. Elle est obligée d'affronter cette épreuve presque seule (heureusement sa cousine la soutient) dans une Amérique où l'avortement, hors de certaines zones comme New York, est encore considéré presque comme un crime... De plus le film montre très bien la pression que ressentent les femmes, constamment sous le regard des hommes, rabaissées,objectifiées. Et ces normes (les femmes doivent plaire aux hommes) sont tellement ancrées dans nos sociétés (cf le père qui traite la chienne de "salope" parce qu'elle se laisse faire) qu'il va être difficile d'en changer. En ce sens, c'est un film nécessaire.