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    Au coeur du bois
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Au coeur du bois" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Claus Drexel avait, à l'occasion de la sortie de son documentaire sur des sans domicile fixe de Paris Au bord du monde (2013), fait beaucoup de projections avec des associations. L'une d’elles, "Aux captifs, la libération", est au service des personnes de la rue et en situation de prostitution. Quelqu'un de cette association lui a alors demandé, après une projection, s'il avait envie de faire un autre film sur les personnes prostituées du bois de Boulogne :

    "Au départ, je me suis demandé si j’avais les épaules pour porter, de nouveau, un sujet aussi lourd. Puis ça a germé en moi. Je me suis dit que le bois était une forêt, que la transsexualité induisait le thème de la métamorphose... Il y avait dans ce sujet beaucoup d’éléments de conte. C’est là que j’ai pensé qu’il y avait un film à faire, que ces personnes méritaient d’être vues autrement que ce que montrent certains reportages télé plus ou moins voyeuristes."

    J’avais envie d’aller à l’opposé de ces reportages, non seulement au niveau éthique, mais aussi dans la forme. L’idée était de faire un vrai film de cinéma, avec des partis pris artistiques affirmés, d’apporter un grand soin à l’image, au son, à la musique et à la structure narrative. J’ai la chance d’avoir, avec Florent Lacaze et Céline Farmachi, des producteurs qui me permettent toujours d’aller au bout de mes choix artistiques. C’est très rare", se rappelle le cinéaste.

    Images saisissantes

    Fidèle à ses précédents films, Claus Drexel a choisi d'esthétiser au maximum Au coeur du bois. Il est ainsi parti du principe qu'il allait filmer des personnes et non des marginaux. Il explique : "Ce sont avant tout des êtres humains qui sont aussi des parents, des enfants de quelqu’un, des cousins, des épouses ou époux, etc. Nous avons essayé de les filmer avec soin. Sylvain et moi adorons la peinture, ça nous influence forcément. Rembrandt, Murillo, Francis Bacon ont peint des tableaux lumineux de naufragés de la vie. Personne ne leur a demandé de faire des croûtes, sous prétexte que le sujet du tableau ne se prêtait pas au sublime. À l’instar de ces grands maîtres, nous ne voulions pas faire quelque chose de « joli », plutôt de tenter des images saisissantes."

    Questions pratiques

    Claus Drexel a opté pour filmer Au coeur du bois en format scope. Au départ, il voulait choisir l’heure de tournage pour avoir la plus belle lumière possible, mais la chose était trop contraignante (comme l'équipe dépendait beaucoup des disponibilités des différents intervenants). Le metteur en scène explique :

    "Dans nos options, à côté du scope, il y a aussi le plan fixe, et le grand angle. Avec le grand angle, il faut placer la personne bien au centre du cadre parce que dès que c’est décadré, ça fait des lignes fuyantes in- croyables. Disposer mes personnages au cœur du décor du bois est une partie du travail que j’ai beaucoup aimée."

    Long travail de préparation

    Pour apprivoiser cette population du bois de Boulogne, Claus Drexel a parfois passé beaucoup de temps avec certaines des prostituées, tandis qu'une autre partié d'entre elles était d’accord pour être filmée tout de suite (il lui a par exemple fallu trois ans pour convaincre Paola, celle qui est très triste et dit tout le temps "Je suis seule"). Le réalisateur se souvient :

    "Nous avons eu tous les cas de figure concernant l’acceptation d’être dans le film. Il faut savoir que l’idée de faire ce film remonte à 2015. Souvent, les personnes nous disaient qu’elles avaient déjà figuré dans des reportages télé ; il fallait leur faire comprendre que notre démarche était opposée, cinématographique, que nous prendrions le temps nécessaire, fut-il très long. Nous leur expliquions que chaque rencontre ne serait pas une interview, mais un échange sans limite de durée. Samantha, qui est une des figures du bois, a accepté rapidement et nous a ensuite aidés à mettre les autres en confiance."

    Projection spéciale

    Les intervenants et intervenantes ont vu le film. Une première projection a en effet été organisée spécialement pour ils/elles, puis une autre avec l’équipe, la famille et les amis. "C’était l’une des plus belles projections de ma vie. Après le générique de fin, les personnes du film sont montées sur scène. Le public ne s’y attendait pas. La salle était pleine et elles ont eu droit à une standing ovation de dix minutes. On en avait les larmes aux yeux", se rappelle Claus Drexel.

    Des profils variés

    Au coeur du bois montre que chaque personne a un rapport différent à ce métier : certaines l’aiment et l’assument sans complexe, d’autres le font par nécessité et en ont honte... Samantha explique par exemple que lorsqu’elle a commencé à se prostituer très jeune, elle gagnait 10 000 francs en travaillant deux après-midi par semaine, soit autant que le père de Claus Drexel en un mois de travail.

    "Pour elle, bosser au bois de Boulogne était son rêve, c’est totalement assumé ! Il faut savoir que nous n’avons filmé que des prostituées indépendantes, à leur compte. On ne voit pas celles des réseaux, car c’est plus compliqué de les faire parler devant une caméra. Ces réseaux mafieux sont quelque chose qu’il faut combattre fermement, mais ce n’est pas le thème de ce film."

    "D’ailleurs, même la prostitution n’est pas le thème du film, c’est un film sur des êtres humains qui ont en commun de bosser au bois. Mais chacun, chacune est différent.e et a une vie en dehors du bois. C’est fondamental pour moi : il ne faut pas mettre les gens dans des tiroirs, il ne faut pas dire « les clodos sont comme ci, les putes sont comme ça, etc... », non ! Chacun est différent, singulier."

    "Comment sont les ouvriers, ou les médecins ? Ça dépend lesquels ! Pareil pour les prostituées du bois. Quand je fais des films comme Au Bord du monde ou Au Cœur du bois, j’apprends à découvrir des milieux et des gens que je ne connais pas, je me vois un peu comme un explorateur, je montre ce que je découvre, mais je n’explique rien", développe le metteur en scène.

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