Le réalisateur Jacques Deschamps a découvert l'hôtel Lesdiguières en tant que client, alors qu'il participait à la sélection d’étudiants désirant intégrer le master de cinéma documentaire de Lussas, en Ardèche : "L’endroit m’a paru très beau, il m’a rappelé le décor de Grand Budapest Hotel, le film de Wes Anderson. [...] Et puis très vite j’ai été frappé de découvrir le personnel, très jeune et très maladroit [...]. Derrière eux, j’ai noté la présence de personnes plus âgées qui faisaient semblant de s’affairer en les surveillant. [...] J’ai compris, en lisant le mot d’accueil du proviseur dans ma chambre, que je me trouvais dans « l’hôtel d’application » du lycée des métiers du tourisme et de l’hôtellerie de Grenoble…"
L’hôtel Lesdiguières est tenu par les élèves de deux lycées professionnel et technologique de Grenoble. Certains, comme les CAP Services hôteliers, viennent deux jours par semaine servir les petits déjeuners et nettoyer les vingt chambres. D’autres effectuent par roulement des stages de quatre semaines, à la réception de l’hôtel, au service du restaurant gastronomique, ou bien en cuisine. Tous accueillent, servent et nourrissent les clients sous la surveillance de professeurs qui leur apprennent leurs futurs métiers, selon les filières qu’ils ont choisies.
Le réalisateur a été séduit par l'aspect théâtral qui se dégageait de l'hôtel, où les élèves semblent répéter le rôle de leur vie devant les clients qui font office de public. L'idée d'y injecter une dose musicale lui est aussi venue de l'hôtel, qui lui faisait penser à un décor de comédie musicale : "il me semblait qu’en « enchantant » l’hôtel Lesdiguières, mais en m’appuyant sur ce qui s’y joue de plus réel, parfois de façon cruelle, cela donnerait une dimension supplémentaire au documentaire. Surtout, cela me permettait d’associer les élèves à la fabrication du film".
Lorsque Jacques Deschamps a proposé le film au proviseur d'alors, Patrice Broussou, et au "directeur des travaux" qui dirige l’hôtel d’application du lycée, Eddy Fourna, ils se sont montrés très enthousiastes et ont mis le projet en option obligatoire.
De leur côté, les élèves étaient déroutés et ne comprenaient pas l'objectif du réalisateur. Ce dernier leur a montré des extraits de The Grand Budapest Hotel, Playtime de Tati et Le Grand Restaurant avec Louis de Funès : "Il était important qu’ils comprennent que les gestes et les comportements qu’on leur enseigne, au-delà de leur vertu et de leur beauté, ont une part mécanique, de l’ordre de la représentation, et que celle-ci peut dérailler et prendre une tournure comique".
Le réalisateur a fait appel au rappeur Nésar Ouaryachi qui a notamment réécrit le rap du début et dirigé une impro de percussions pour ustensiles de cuisine. Côté chorégraphie, Marie Fonte, l’assistante de Yoann Bourgeois qui codirige le Centre Chorégraphique National de Grenoble, est venue régulièrement avec la danseuse Marie-Lise Naud pour faire travailler les élèves. Elles leur ont appris à marcher et à danser ensemble.