Michel (François Créton) a cinquante ans. C’est un ancien junkie qui tente tant bien que mal de ne pas retomber dans la drogue. Pourtant sa vie est précaire : il n’a pas d’emploi, pas de revenu, loge dans un sous-sol miteux. Mais la naissance de son second fils, âgé de dix mois à peine, et la santé déclinante de son père, Claude (Richard Bohringer), le forcent à « grandir ».
En 2018 Maxime Roy avait tourné un court-métrage de vingt-cinq minutes intitulé "Beautiful Loser" avec François Créton dans le rôle principal. Il en a tiré ce long métrage qui en reprend fidèlement le sujet. Son seul défaut peut-être est d’en avoir abandonné le titre pour celui, que je n’ai pas compris, des "Héroïques".
On y retrouve donc François Créton, tout en nerfs, en loser magnifique., fan de rock et de Harley, bien en mal d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de ses enfants (il a eu un premier fils aujourd’hui adulte et rappeur) et de son père. Dès le premier plan, coup de poing, filmé lors d’une réunion des AA, il sort tout dans un verlan d’un autre âge : la galère, les remords, les bonnes résolutions pas toujours tenues….
Si François Créton est de tous les plans, si le scénario des "Héroïques" s’organise autour de lui, c’est grâce à la superbe galerie des seconds rôles que le film tient. À commencer par Richard Bohringer, qu’on ne voit plus guère, dans le rôle taiseux d’un père en phase terminale, dont on comprend qu’il fut longtemps en conflit avec son fils, auquel il reproche ses choix de vie. Après la mort de la mère de Michel, Claude s’est remarié avec Josiane, une voisine (Ariane Ascaride) qui est elle aussi parfaite dans le rôle de cette « pièce rapportée », présente et aimante.
Le fils de Michel est interprété par le propre fils de François Créton, Roméo Créton, qui est vraiment rappeur dans la vie. On reconnaît aussi Clotilde Courau, décidément trop rare, dans le rôle de l’ex-compagne de Michel, qui le rappelle au principe de réalité, et Patrick D’Assumçao, dans celui de l’ami fidèle, soudé à lui par les épreuves traversées, l’alcoolisme, la drogue et la détermination à en sortir.
"Les Héroïques" ne brille pas par son scénario, très plat, sans rebondissement, construit autour de l’idée assez banale d’une double réconciliation d’un homme avec son père d’une part et avec ses fils de l’autre. Mais il vaut par le portrait magnifique de son anti-héros.