Clara l’Esseulée.
L’éveil enchanté d’une captive au Désir.
Ce film de Nathalie Alvarez Mesen m’a envouté, subjugué, bouleversé.
Le chemin d’une sublime émancipation féminine.
Le visage de l’interprète principale (une formidable actrice-danseuse) ne m’a pas lâché, visage souvent buté, parfois rayonnant. D’une très grande beauté murie par la souffrance (son autisme et son dos). Son chemin de libération progressif, mais aussi de la prise de conscience d’elle-même, de son potentiel caché et battu en brèche, de son corps souffrant mais qui aspire aussi au plaisir sexuel… oui, un tel chemin ressemble moins à un chemin de croix qu’à une irrésistible et lumineuse ascension.
Clara doit se libérer du cocon familial, de la superstition ambiante travestie en sollicitude ; elle est cernée de « non », d’interdits qui l’infantilisent. Nul ne voit plus en elle la femme exigeante, aimante, rayonnante. Son principal don, c’est la vertu d’enfance et sa proximité, son osmose avec la nature (combien elle sait prendre soin et réchauffer son hanneton, autre animal totem !). Il ne lui reste plus qu’à compter les maisons, les arbres… pour marquer les étapes d’une échappée sans retour. Le vent de la libération se lève pour la pseudo illuminée qui est source de revenus, bien plus que le cheval quand les touristes se font rares. Certaines scènes sont inoubliables : le ballet aérien des mains… la blancheur de la jument, alter ego de l’héroïne, un animal totem et un allié immuable … le vol des lucioles — sorte de halo de béatitude — au-dessus de Clara qui se masturbe dans la forêt… la baignade du garçon et de la fille, thérapeutique et si tendre, si confiante : plonger la tête sous l’eau, c’est oser explorer l’inconnu…
Omniprésente est la nature, soit hostile (le tremblement de terre), soit le plus souvent bienveillante (les arbres, les fleurs, les insectes), en tout cas luxuriante et mystérieuse. Cette Nature, c’est un personnage à part entière La confidente et la force inspiratrice et émancipatrice de Clara. La musique, elle, est subtile, moderne, sans les éternels violons classiques ! Seuls les cantiques sont surannés. A la fin, le feu est cathartique alors que la rivière est le lieu de la reviviscence personnelle (en off, la houle de la mer au loin — un appel : va au large !). Peut-être la libération de soi-même et la guérison de l’ « âme » et du corps passent-t-elles par la destruction des idoles qui entravent la liberté et caricaturent un possible Eden sensoriel et sensuel auquel chacune et chacun a droit.
Bravo, vaillante Clara, tu nous montres le chemin !