Peut-être ai-je tort, mais avant de voir ce film j'étais habité par beaucoup de préjugés, qui ne m'ont pas quittés en début de film, et qui m'ont peut-être formaté l'esprit pendant 1h40.
J'aime Pink Floyd, comme tout le monde a vrai dire. C'est un très bon groupe, aux musiques très planantes et singulières, avec une patte vraiment unique. The Wall est un album que j'apprécie, clairement pas le meilleur du groupe, car beaucoup trop inégal, mais un bon album tout de même qui réserve quelques morceaux majestueux, comme Comfortably Numb. The Dark Side of The Moon est dans mon Top 10 album, ce qui n'a rien de très original mais je peux pas pour autant donner dans la mauvaise foi pour donner genre que je me détache des classiques.
Pourtant malgré tout cela, il y a toujours eu quelque chose qui m'a gêné dans le rapport qu'a le public avec Pink Floyd. Je ne saurai comment dire, mais ce groupe fait l'objet d'une certaine fascination, est constamment porté à la gloire alors qu'il ne le mérite pas forcément. La musique est vraiment très bonne parfois mais si le premier album du groupe avec Syd Barrett (The Piper At The Gates of Dawn) laisser voir une vraie profondeur, cette profondeur s'est perdue avec l'arrivée de David Gilmour, et la prise en main du groupe par Roger Waters. Clairement pour moi, Pink Floyd est très mélodique, mais il ne cache pas quelque chose d'extrêmement profond, il n'y a pas une mélancolie qui s'en dégage, les musiques ne suggèrent rien de plus que ce qu'elles offrent à la première écoute - c'est pourquoi aussi que je considère que cela reste de la musique easy listening, ouverte à tous, mais je dis ça ici dans un sens non négatif -.
Et tout cette description de l'univers musicale de Floyd se retranscrit à mon sens ici dans le film. Tout d'abord, un mot sur Alan Parker. C'est donc le 7eme film que je vois du réalisateur (après Midnight Express, Birdy, Mississippi Burning, Angel Heart, Commitments et La vie de David Gale). Il m'apparait clairement maintenant que c'est un bon réalisateur mais qu'il est incapable d'imposer un style propre, ce qui fait qu'a mon sens il restera toujours un bon cinéaste, mais qu'il restera aussi toujours subordonné au scénario, sans imposer une patte propre. Ce film me semble dirigé par et pour Roger Waters, si bien que le réalisateur Parker m'interesse peu. La mélodie Floyd est donc clairement adaptée en esthétique Floyd.
Ce film, désolé de la réduction, est comme un long clip d'une heure quarante minutes, car c'est évidemment la musique qui est l'élément centrale du film, les images ne semblent qu'appuyer celle-ci. Les images choisies sont souvent belles, la photographie est pas trop mal, le montage réussie, les séquences animés assez somptueuses. Visuellement, je ne dirai pas que j'ai étais subjugué, mais c'est plaisant. Mais ce n'est pas dans ce domaine là que le film pêche. C'est dans le fond, dans le scénario, appuyée par une mise en scène parfois lourdingue. C'est l'histoire d'un junkie, d'un beau gosse (selon les critères 80's, car la nuque longue aujourd'hui ca passerai moins) qui est tombé bien bas, d'une rock star qui ne l'est qu'a moitié; qui, dans un moment de reflexion sur sa vie, va revenir sur tout ce qui a hanté son enfance, son adolescence et sa vie de jeune adulte. Vient alors un catalogue de toutes les horreurs du monde, en particulier du monde adulte (méchants adultes!), et surtout un catalogue de... clichés. Entre le gamin poète, rêveur, qui ne comprend pas pourquoi l'école lui apprend des maths; l'absence du père, le désir de le retrouver; la mère malsaine, les premiers déboires, les amours foireux et la drogue.. bref, la théorie classique de la chute au cinéma. Mais encore, cela pourrait être assez réussie, si la mise en scène suivait. Or je n'ai pas accroché. Aucune émotion face à la naïveté de certaines scènes, du jeu des acteurs style expressionnisme foireux, du montage volontairement schizophrène est assez confus histoire de marquer le "trouble". De la surface et de la redite, pour finir sur une représentation du fascisme de même niveau que les affiches collées dans la rue par les anarchistes. Tous fachos!
C'est ce sérieux manque de profondeur, sa naïveté, ses facilités sur tout les plans, et pire, l'artifice qui nous vend cela comme un film dérangeant et révélateur, qui m'a fortement rebuté. En dépit pourtant de belles images, et d'une bonne bande originale. The Wall reste a mon sens un non-film, un long clip qui veut viser plus, sans pouvoir l'atteindre. On peut s'en passer.
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