Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019.
Une grande fille est le deuxième film du jeune Kantemir Balagov, cinéaste russe âgé de 30 ans. Son premier long-métrage, Tesnota, a été très remarqué, notamment à Cannes 2017.
Kantemir Balagov est né à Naltchik, dans le Caucase du Nord, en 1991, et c’est là qu'il a fait ses études secondaires. Le cinéma ne lui est pas venu tout de suite : il est d’abord entré en faculté d’économie à l’université de Stavropol, puis a suivi des cours de droit par correspondance. Il a cependant vite compris que tout ça ne lui correspondait pas et c'est pour cette raison qu'il s'est mis à chercher autre chose. Le metteur en scène explique :
"Mon père m’avait acheté un appareil photo, j’ai commencé à faire des photos, puis à filmer des choses et j’ai fini par faire des web séries à Naltchik. J’en avais fait cinq ou six quand un ami m’a dit que je devrais aller voir Alexandre Sokourov (je ne savais pas qui c’était à l’époque !), car il avait ouvert une école de cinéma à Naltchik trois ans plus tôt. On s’est écrit, on s’est téléphoné et il m’a proposé d’intégrer l’école directement en troisième année."
Le livre La guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Aleksievitch, lauréate du prix Nobel, a été la principale source d’inspiration de Kantemir Balagov. "Ce texte m’a révélé un monde que j’ignorais. Je savais peu de choses de la guerre, et surtout, je ne savais rien du rôle tenu par les femmes. C’est ce qui Entretien avec Kantemir Balagov Réalisateur m’a conduit à m’interroger. Après la guerre, que deviennent celles dont le corps et l’esprit ont été abusés, traumatisés, bouleversés ? Surtout si elles habitent Léningrad, une ville qui a subi le pire siège de l’histoire et dont les conséquences sont encore visibles aujourd’hui (à St Petersbourg, anciennement Léningrad). J’ai tenté de rendre les effets de la guerre palpables, dans les lieux où se déroule l’histoire, dans les teintes du film, et dans la vie des personnages. La guerre a ravagé les immeubles et irrémédiablement affecté les visages, les regards et les corps."
Kantemir Balagov a été profondément influencé par des films tels que Les Poings dans les poches de Marco Bellocchio, Mon ami Ivan Lapchine d’Alexei Guerman, Quand passent les cigognes de Mikhail Kalatozov, Rosetta des frères Dardenne, À bout de souffle de Jean-Luc Godard, Rome, Ville ouverte de Roberto Rossellini, Rocco et ses frères de Luchino Visconti et chaque film de Marcel Carné.