Le réalisateur Barry Alexander Brown a rencontré Bob Zellner à New York en 1983, par le biais d’une amie, la réalisatrice et directrice de photographie Judy Irola. « Bob Zellner me racontait des dizaines d’histoires sur le mouvement des droits civiques. Il est allé en prison dix-sept fois... c'était déjà terriblement cinématographique toutes ces histoires. En parallèle, j’ai toujours voulu faire un film sur le Sud dans lequel j'ai grandi afin de pouvoir dire quelque chose sur le Sud de cette époque-là, le rendre réel, avec des personnages authentiques ».
Les Freedom Rides sont une série de voyages et de manifestations non-violentes pour la défense des droits civiques des Afro-Américains qui se succédèrent aux États-Unis dans les années 60. Les manifestants dénonçaient les lois illégales de certains États qui appliquaient toujours la ségrégation - notamment dans les transports publics et les gares routières contrôlées par l’État - en dépit de son abolition par les lois fédérales. La loi finit par leur donner raison et les dernières instances ségrégationnistes dans les transports publics furent abolies. Ce succès marquera un tournant décisif dans l'opinion publique, qui aboutira finalement à la loi américaine sur le droit de vote en 1965, sous l'égide de Martin Luther King et du sénateur John Lewis.
Le premier film de Barry Alexander Brown, The War at Home en 1979, traitait du mouvement étudiant anti-guerre du Vietnam. Il est depuis un fidèle collaborateur de Spike Lee, qui est producteur d’Un fils du sud. « Nous nous sommes rapprochés car, en tant que jeunes cinéastes nous faisions la différence en créant des films qui ont un message social, avec une grande valeur de divertissement certes, mais qui racontent quelque chose. […] Je pense que les films ont le pouvoir d'influencer la société et de la pousser au changement, même si ce sont, au final, les engagements des personnes qui doivent changer le monde. »
Barry Alexander Brown a grandi à Montgomery, en Alabama, où s’est déroulée l’histoire d’Un fils du sud. Il était vital pour lui de tourner son film sur place afin d’être le plus authentique possible. « Cela a été une chance qui nous a tous beaucoup marqués de pouvoir tourner les scènes dans les lieux historiques de la révolte. C’était aussi un parti pris politique je crois, que de montrer ces lieux chargés de sens. […] Pour l'émeute des Freedom Riders en 1961, nous avons pu filmer la scène exactement à l’endroit où elle s'était produite, devant le Greyhound Bus Depot à Montgomery. »
Né en 1939 dans l’Alabama aux Etats-Unis, Bob Zellner a grandi dans une famille proche du Klu Klux Klan dans lequel son grand-père était un membre actif. Au début des années 60, alors qu’il étudiait au Hutingdon College, une université ouverte seulement aux étudiants blancs, Bob Zellner doit rendre un devoir sur les relations interraciales, ce qui le pousse à rencontrer Rosa Park et le révérend Ralph Abernathy. À la suite de cette rencontre, lui et son groupe de travail sont virés de l’Université. Bob Zellner commence à s’engager dans le mouvement pour les droits civiques des Noirs Américains et devient, une année plus tard, membre du SNCC (Student Nonviolent Coordinating Committee). Son activisme est salué en 2014 par le TIME Magazine qui le fait figurer dans la liste des 17 légendes vivantes du mouvement pour les droits civiques des Noirs Américains.