En 1927, Bernard Natan, Français d’origine roumaine, inaugure les studios de cinéma de Montmartre. Quelques années plus tard, il prend la direction de la firme Pathé dont l’enseigne va se transformer en Pathé Natan. Toutes les activités Pathé Cinéma vont rejoindre ainsi la rue Francoeur, en plein cœur du Paris populaire.
Très vite, Bernard Natan propulse "la firme au coq" dans une vaste réorganisation industrielle. Il construit le plus grand réseau de salles de cinéma, produit plus de 65 longs-métrages de fiction, modernise les studios et les salles pour les adapter au cinéma parlant. Il relance le Pathé Journal. Le succès est si évident que la Revue cinématographique française lui consacre un numéro spécial en 1934 : « Une grande firme, un chef, Bernard Natan ».
À l'époque, l’économie française est dans la tourmente et les industries du cinéma ne sont pas épargnées. Pathé Natan devient la proie de divers repreneurs tandis que la presse quotidienne d’extrême droite et antisémite mène campagne pour détruire la légitimité de son chef, qui finira devant les tribunaux. Celui qui est devenu "le Juif le plus haï de France" est placé sous mandat de dépôt en 1938. Déchu de sa nationalité française par le Maréchal Pétain, il est extrait de prison le 23 septembre 1942 par la police française et remis aux autorités allemandes du camp de Drancy, d'où il est déporté vers Auschwitz-Birkenau. Il y meurt deux mois plus tard. Son nom roumain, Natan Tannenzapf, figure sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah.