Toutes deux d'origine amérindienne, les réalisatrices ont voulu repousser les frontières visuelles dans le domaine de la réalisation de documentaires. Elles ont ainsi maximiser le potentiel narratif de l’art et du design, "en lien avec le traumatisme intergénérationnel, la perte, les violences sexuelles, la connexion à la terre, la revendication de l’identité amérindienne, et finalement la décolonisation de nos esprits et de nos âmes, dans l’expression d’une « autochtonie sans concession »" expliquent-elles.
Elles ont décidé de ne pas suivre la chronologie historique mais de privilégier une approche plus viscérale et émotionnelle.
Lorsque les réalisatrices se sont mises à la recherche d'images d'archives de Madonna Thunder Hawk, elles ont eu accès à des heures de films en 16mm entreposés en Californie depuis 40 ans grâce à l'acteur David Soul, qui jouait Hutch dans la série Starsky & Hutch. En effet, le comédien avait filmé le grand Rassemblement pour la Survie organisé par la militante amérindienne dans les Black Hills en 1980. Elizabeth Castle et Christina D. King racontent : "La générosité de Soul a été l’exception. Toute la recherche documentaire, qui a duré presque six ans, témoigne d’un manque flagrant de ressources dans le champ de la recherche, de la préservation et de l’accès aux medias historiques autochtones. [...] Si notre film a au moins permis une chose, et nous en sommes fières, c’est cet enrichissement de notre mémoire historique en y intégrant le rôle des femmes et des enfants dans l’American Indian Movement et le Red Power".
Pour Madonna Thunder Hawk, Warrior Women est l'occasion de donner la parole pour la première fois à des femmes amérindiennes militantes : "Nos voix ont toujours été négligées car nous étions occupées à organiser le mouvement. En fait, nous n’avons jamais le temps de faire notre auto-promo. Le film nous aide dans ce sens là".
L’entretien collectif qu’on peut voir au milieu du film, avec Madonna, Marcy, Mabel Ann, sa soeur, et sa nièce Lakota, a été filmé dans un style « boîte noire » avec quatre caméras : l’une sur un travelling à 360°, deux caméras mobiles sur tripodes et une caméra fixe principale. Il était important pour les réalisatrices de montrer l'implication des familles et des communautés entières dans les avancées considérables des droits des Autochtones : "Les grands médias placent toujours l’individu au-dessus du collectif – et cela ne colle simplement pas avec la perspective autochtone – ça nous a fait un bien fou de faire cet entretien à notre manière".
Créé en 1978 à la demande de représentants autochtones des Amériques réunis pour la première fois en 1977 au siège des Nations unies dont Madonna Thunder Hawk et sa fille Marcy ont fait partie, le CSIA-Nitassinan s’efforce depuis plus de 40 ans de mieux faire connaître les peuples autochtones des Amériques (du Nord, centrale et du Sud) et de les soutenir dans leurs luttes pour la reconnaissance de leurs droits sociaux, politiques et culturels. Pour la sortie de Warrior Women, le CSIA-Nitassinan a réalisé bénévolement la traduction et le sous-titrage du film en français.