Quelle déception ! J'attendais pourtant le retour de Marchal aux affaires. Après un Carbone intéressant au scénario original, retour vers du plus classique pour OM : flics vs voyous. Mais un retour raté !
On est très loin d'un "36", "Braquo" (s1) ou même "Gangsters". Décryptage...
Que de stéréotypes ! Des flics aux pratiques parfois douteuses, borderline, voire franchement en dehors des clous. On a l'habitude avec le style Marchal. Seulement, cette fois c'est mal amené. Aucune dualité dans les personnages. Certains ne servent à rien. On effleure à peine la surface des personnages. On pouvait attendre des personnages profonds, parfois ambigus, qui "franchissent la ligne" avec un objectif initial légitime, etc. Rien de tout cela ici. De la voyoucratie gratuite. Des stéréotypes de "bad cops". A titre d'exemple le plus flagrant, le personnage de
Will
qui n'amène rien au récit ! Les autres sont dans la même veine. Côté truands, c'est pareil. Un monde du grand banditisme "bling bling" pas très discret ni très subtil. Des Corses qui ressemblent plus à des gens du voyage, etc. On y croit pas une seconde !
Le jeu de la majorité du casting n'est pas à niveau ! Reno n'est pas dans le rôle. Catherine Marchal non plus. Figlarz et Maaskri ont déjà été bien meilleurs. Opsomer, on la sent mal à l'aise tout le long. On se demande encore ce que Kaaris fout là... Lanvin et Cardinale sont venus dire bonjour et lâcher trois répliques. Gautry et surtout Catalifo tentent de sauver le naufrage, avec plus ou moins de réussite selon les scènes. Trop de monde, trop peu de travail sur les personnages et leurs histoires. Si en plus le jeu ne suit pas...
Incohérences à gogo ! Même si les policiers de la BRI et BRB alternent entre des missions en civil et interpellations en tenue d'intervention, ou panachage civil / gilet-lourd, les tenues vues ici ne sont pas cohérentes ! On a compris dès le début du film dans la scène du
transfert
. La dégaine des policiers présents n'est pas crédible ! Débraillés, équipement mal ajusté, pas cagoulés, armés au sein du bloc cellulaire de la prison, etc. Les policiers ne font pas la causette aux détenus durant ce type de trajet, d'autant qu'ils ne savent pas qui sont les policiers et qu'ils ont souvent la vue et l’ouïe masquées.
Le changement d'itinéraire pour passer par l'hosto est de facto impossible. Tout comme le fait de se retrouver seul avec un policier dans ledit hôpital, et de tuer sa femme sous les yeux de ce dernier.
Même si c'est pour rendre service... Vous l'aurez compris, ça part mal dès le départ. Après cinq minutes de films, on est déjà plus dedans par manque de crédibilité. J'ai également éclaté de rire lors de
la "trouvaille" par le personnage principal d'une arme et d'un gilet dans une poubelle du bar, après le passage de l'identité judiciaire (!!!), sur un site où 9 personnes sont retrouvées abattues.
L'armement est également incohérent. Les policiers devraient être dotés de pistolets Sig ou Glock. Les G36 ont depuis longtemps remplacé les quelques Colt M4 de la BRI. Retrouver un très récent FN SCAR-SC aux mains
d'un membre du commando du bar
est également improbable (cette arme vient à peine de sortir, à destination de quelques administrations).
Idem pour les véhicules. Une policière de l'IGPN qui se balade en RS3, ça fait sourire. Des policiers de la lutte contre les stups (d'une officine inconnue au bataillon...) au volant de gros SUV Chevrolet US aux feux rouges et bleus, ce n'est pas très Made In France non plus.
On sent qu'on a fait avec ce qu'on a trouvé, et qu'on s'est également un peu fait plaisir lors du tournage. Aux dépends de la crédibilité !
Les policiers qui déambulent sur les scènes de crimes sans gants ni tenue Labo, on oublie aussi... Bonjour la pollution ! Pareil pour les flics ripoux et gangsters du grand-banditisme qui tout du long manipulent armes, voitures, téléphones, etc., sans gants et sans s'inquiéter des indices matériels ou de la téléphonie.
Les locaux des commissariats de police sont certes parfois délabrés. Mais ce stéréotype de vestiaires dans une cave de bâtiment industriel insalubre ne passe pas plus le filtre de la crédibilité. C'était déjà un reproche qu'on pouvait faire au pourtant très bon Braquo (la saison 1 était bonne...). A trop vouloir en faire, on se tire une balle dans le pied.
On en vient à se demander si c'est réellement Marchal, pourtant ex-policier, qui a écrit le scénario et réalisé le film...
La colorimétrie sombre/orange est là pour participer à l'ambiance noire du film. Mais un bon film tiendrait la route sans ce genre d'artifice très à la mode YouTube/Insta.
Ajoutez quelques scènes de violence qui n'apportent rien... Certaines scènes n'apportent rien au récit, mais ratent également leur objectif si le but est à nouveau de dépeindre une ambiance "noire". C'est gratuit et souvent mal amené.
Le final est à ce titre décevant. Le "bon" flic des stups (dont on ne sait rien...) qui finit par faire tuer tous les protagonistes ? Ok, ça s'arrête enfin !
Près de deux heures de perdues... A fuir ! En espérant tout de même un sursaut de la part de Marchal lors de ses prochains projets de films policiers.