Avis sur Ammonite

Si l'on ne comprend pas pourquoi il s'agit d'une insulte massive à Mary Anning et Charlotte Murchison il suffit d'imaginer un film sur n'importe quel homme historique célèbre dépeint de cette façon. Il serait ridicule de prendre par exemple George Cuvier ou Charles Darwin et d'éjecter complètement tous leurs efforts scientifiques d'un film sur eux en faveur de l'injection d'une histoire d'amour gay fictive et irréaliste dans leurs vies avec une scène de sexe explicite qui ressemble plus au travail d'un adolescent en sueur qu'à celui d'un cinéaste respecté. L'idée même serait jugée absurde s'il s'agissait d'un scientifique masculin mais avec les femmes c'est apparemment sans problème ici. La vraie Mary Anning était une grande pionnière de la paléontologie d'autant plus remarquable qu'elle était à la fois une femme et une ouvrière à une époque où presque tous les autres scientifiques et leurs institutions étaient réservés aux hommes de la classe supérieure. Mais le film ne met pas en valeur tout cela tout son incroyable travail scientifique est relégué au second plan tandis que le scénariste et réalisateur semble bien plus intéressé à spéculer sur la vie sexuelle de Mary Anning. Non seulement le film réduit considérablement le travail de Mary Anning mais Charlotte Murchison est dépeinte comme une simple femme au foyer qui s'ennuie et dont la dépression doit être soignée par l'amour. Alors qu'elle était une géologue compétente à part entière mais cela est complétement ignoré dans cette histoire. Le fait que les gens ne pouvaient pas avoir des relations lesbiennes occasionnelles et s'embrasser ouvertement sans craindre les conséquences dans l'Angleterre des années 1800 a également été ignoré et le traiter comme tel rend un très mauvais service à toutes les vraies lesbiennes qui ont dû rester dans le secret ou être forcées à se marier sans amour pour sauver les apparences...

D'emblée il y a un soucis de cohérence au niveau du casting, car si il n'est pas question de remettre en doute le talent de ces magnifiques actrices, il n'en est pas de même pour la correspondance logique vis à vis de leur personnage. Si Anning/Winslet et Philpot/Shaw sont très acceptables il faudra qu'on nous explique le cas Murchison/Ronan, cette dernière se retrouve deux fois moins âgée et donc la cadette des trois. Comment, pourquoi ?! Serait-ce la gêne qui serait occasionnée d'un rapport lesbien entre femmes d'âge mûr ?! D'ailleurs ce dernier point est encore plus gênant, voir scandaleux car où et pourquoi le réalisateur-scénariste Francis Lee a-t-il pu lire qu'il y a eu des relations lesbiennes entre ces trois femmes ?! De pures fadaises et inventions, comme pour l'âge de Mme Murchison, et de même pour l'enfant perdu qui serait une cause de la santé fragile de cette dernière alors qu'elle a surtout souffert du paludisme. Si visuellement le film est d'un réalisme touchant, qu'en filigrane le destin de ces femmes mérite bel et bien qu'on s'y attarde, on ne peut que regretter un récit tout simplement faux, juste fantasmé par un homme qui n'a sans doute pas déceler la richesse bien suffisante de l'existence de ces trois femmes.
Site : Selenie

Des costumes d'époque, des rivages côtiers et deux femmes qui vont s'aimer. Ammonite va sans doute être jugé à l'aune de Portrait d'une jeune fille en feu, avec lequel il présente un certain nombre de caractéristiques communes. Mais le deuxième film de Francis Lee, après le vibrant Seule la terre, mérite d'être vu et apprécié pour lui-même, pour sa délicatesse et sa sensualité et pour son rapport viscéral avec la nature, ici la mer, dans une petite ville du Dorset (il est permis de penser à Jane Campion). Inspiré par la vie de la paléontologue Mary Anning, dont le film fait une sorte de cœur en hiver, Ammonite raconte une histoire peut-être un peu attendue mais qui impressionne et séduit par son souci des détails, ses silences et ses regards et surtout sa capacité à ne rien dire de trop, à refuser une psychologie d'école, à garder le mystère sur ses héroïnes (on est à mille lieux d'un biopic) et à éluder les contingences sociales. Ce portrait de jeunes femmes en creux ne cherche pas non plus l'émotion à tout prix, celle-ci venant à un moment ou à un autre, selon la sensibilité de chacun. A peine pourrait-on reprocher à Francis Lee une fin bien trop ouverte. Le cinéaste démontre une fois encore qu'il est un formidable directeur d'acteurs (actrices) offrant à Kate Winslet et Saoirse Ronan des rôles en or. La première, en particulier, est époustouflante en scientifique laborieuse et femme rugueuse, bouleversée par l'apparition de la passion dans son existence.

Si vous avez une méchante envie de vous pendre, mieux vaut éviter cet "Ammonite"-tue-la-joie qui vous enferme assez frontalement dans l'existence ascétique de Mary Anning, célèbre paléontologue britannique du milieu du XIXème siècle. Se consacrant uniquement à une science où ses pairs masculins ne lui offre pas la reconnaissance qu'elle mérite, Mary passe ses journées à déterrer des traces d'anciennes vies sur la plage pendant que sa mère âgée ressasse les souvenirs des vies perdues de ses nombreux enfants. Bref, l'humeur n'est donc pas à la fête chez les Anning, d'autant que, de son atmosphère grisâtre à ses décors terriblement austères, tout dans le film de Francis Lee nous ramène à cette femme qui rejette sa propre féminité et ses désirs de son existence.
Comme si cela ne suffisait pas, un concours de circonstances amène Mary à devoir s'occuper d'une jeune femme fortunée, épouse délaissée et dépressive. Un sentiment de rejet prédomine d'abord entre ces deux caractères que chacune pense opposé à l'autre mais il laisse vite la place à quelques étincelles, puis aux flammes dévorantes d'une passion amoureuse interdite...

Forcément un peu rebutant dans ses prémices aussi amusants qu'une bonne vieille saignée, "Ammonite" réussit sur la durée à nous piéger avec lui au plus près de ses personnages, faisant détonner les sentiments naissants dans sa gravité ambiante pour mieux nous emporter dans le tourbillon irrésistible de la relation incarnée avec une brillante justesse par Kate Winslet et Saoirse Ronan à l'écran. Tout cela débouche sur un drame romantique d'époque aux contours assez classiques et plus ou moins subtil sur certains traits de ses protagonistes révélés par l'image mais où la réunion de ses deux actrices d'exception vaut à lui seul le détour.

Ammonite est une oeuvre touchante, tendre et sincère, dans laquelle Kate Winslet et Saoirse Ronan sont bouleversantes de justesse. Un film lent et contemplatif d'une grande beauté, où les paysages et les silences tiennent une grande place. Mise en scène et réalisation de qualité.

Elle vend des "reliques de créatures marines".
Elle est bougonne, mélancolique, pauvre : c'est un film plein de sinistrose.
Elle passe son temps sur la grève à rechercher des fossiles de coquillage.
Et la musique de chambre souligne l'ambiance morose.
Mais la souffreteuse devient sa protégée. Et tout s'emballe : les regards troublés, l'amitié se transforme en amour passionné et torride.
Mais le twist final à Londres nous replonge dans la mélancolie.

Film d’époque, lieu froid et isolé, deux femmes que tout oppose (une artiste et une bourgeoise), une passion naissante… Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Pour ceux l’ayant vu, on pense tout de suite à « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma lorsque l’on découvre « Ammonite ». Et ce sentiment diffus mais persistant ne faiblira pas durant toute la durée de la projection tant les deux films se ressemblent. Celui-ci passant après, il y a comme un gros air de déjà-vu qui lui est extrêmement préjudiciable comme il est clairement moins réussi. Francis Lee, dont c’est le second film après « Seule la terre », nous refait le coup de l’histoire d’amour homosexuelle et contrariée dans un contexte difficile mais choisit cette fois d’en illustrer le pendant féminin. Comme s’il voulait compléter son début de filmographie avec une œuvre miroir.



Et le problème de « Ammonite » est le même que pour « Seule la terre », mais de manière encore plus accentuée ici. Son film est froid, terriblement austère et laisse à distance. Tout est tellement en retenue que l’émotion ne nous touche pas et que la passion entre les deux protagonistes ne nous effleure quasiment jamais. Dans le film de Sciamma, malgré la froideur environnante, l’histoire de cette peintre et de cette future mariée qui se désirent savait délivrer quelques frissons passionnés et les plans magnifiques de la cinéaste faisaient le reste. Ici, tout est glacial et ascétique, presque triste. Et si cela correspond avec l’époque et le lieu, cela ne nous permet jamais de ressentir quoi que ce soit. Qui plus est, il faut attendre plus d’une heure avant qu’il se passe quelque chose entre les deux personnages. Faire monter le désir et l’attente c’est bien, en abuser c’est jouer avec la patience du spectateur et c’est dommageable.



Heureusement, « Ammonite » peut compter sur ses deux actrices principales. Kate Winslet prend son rôle à bras le corps comme d’habitude tandis que la jeune Saoirse Ronan nous montre une autre facette de son talent. Même si le long-métrage est plutôt plat, on ne s’y ennuie presque pas, curieux de voir comment cette relation va évoluer. On se focalise davantage sur la reconstitution et d’autres détails d’époque. Mais, encore une fois, la réalisation reste très/trop sobre, certes en accord avec le reste, confirmant ainsi le film de festival un peu trop glacial pour être honnête. C’est le genre de cinéma qui ne plaira pas à tout le monde, tellement tout cela est triste à regarder, presque poussiéreux. On assiste à l’histoire d’amour de deux femmes durant une époque qui ne le permettait pas mais on aurait aussi aimé ressentir l’interdit de cette passion, sujet connexe que le film ne traitera malheureusement pas. On se contentera en revanche d’un très beau plan final plein d’incertitudes qui conclut le film de belle manière.

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Une belle romance entre 2 femmes que tout opposent.
Si l'histoire est intéressante, la mise en scène se révèle assez classique mais suffisamment bien faite pour éviter les longueurs. Le film tient avant tout la qualité des deux actrices principales qui sont excellentes dans leurs rôles respectifs. Mention toute particulière à Kate Winslet qui excelle une nouvelle fois.

Voilà un film estampillé « Festival de Cannes 2020 », cependant il ne sortira dans aucune salle en France. C’est bien dommage, il aurait mérité le confort des salles obscures. Francis Lee nous peint deux femmes assez taiseuses, deux femmes socialement différentes et qui finiront par s’aimer le temps d’un séjour. Nous avons d’un côté Mary Anning sous les traits de Kate Winslet, célèbre paléontologue, une femme à l’image de ses fossiles : rude, rugueuse. De l’autre Charlotte Murchinson campée par une Saoirse Ronan, quelque peu effacée. J’ai trouvé le film plaisant malgré de longs plans silencieux. Ces silences s'inscrivent dans le mode de vie de Mary Anning. Il y a un travail sur le son, la mer, les ustensiles de cuisine, les outils paléontologiques, la ville de Londres ressortent intensément. Ce son contribue à la perception du toucher et évidemment de l’ouïe. Deux actrices qui portent le film et font oublier une mise en scène assez conventionnelle. Par contre on peut légitimement s’interroger sur le parti pris de Francis Lee, à savoir l’orientation sexuelle de Mary Anning. Comme il y aurait peu d’informations privées sur Mary Anning, le réalisateur la voit lesbienne. Un fantasme ? Pourquoi pas, il peut avoir sa propre vision de son personnage en fonction des éléments qui ont nourri son film. Un fantasme ou un cliché ?! On peut s’interroger mais ne point être choqué. Comme on peut aussi s’interroger sur les derniers ébats explicites, lesquels se veulent passionnants, inoubliables avant un départ inéluctable, alors que les séquences précédentes étaient délicates, pudiques et suggestives. De là à crier au scandale, à accuser le réalisateur de se faire plaisir, profiter de son état, il ne faut rien exagérer. J’ai souvent remarqué que l’on criait plus facilement au scandale aux scènes d’amour sexualisées qu’à la violence ! Ce n’est pas « La vie d’Adèle », bien que les fameuses scènes d’amour ne m’aient en aucun dérangé. Comme je l’ai souvent écrit, rien ne me choque dans l’art, je suis pour une expression artistique totale même si je ne partage pas toujours les goûts et couleurs des réalisateurs (trices). Comme l’écrit Evelyn Beatrice Hall, dans un livre édité en 1906 : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » (Eh oui, ce n'est pas de Voltaire, c'est un écrit apocryphe !) . Alexandre Dumas, pour ne citer que lui, s’arrange bien avec ses personnages historiques, leur prêtant des intentions, des paroles qui relèvent de l’imagination de l’auteur. Revenons à notre paléontologue, « Ammonite » est un film qui m’a fait penser à « Portrait de la jeune fille en feu », deux femmes, deux solitudes, prisonnières de la société fin XVIIIème siècle avec pour décor la mer. « Ammonite » est un film plaisant porté par deux actrices à l’interprétation impeccablement sobre et convaincante.

Le film commence très bien, mais bascule à la moitié dans le film érotique lesbien. Après "seule la terre" Francis Lee tourne un nouveau film sur l'homosexualité, cette fois féminine. Francis Lee a découvert son homosexualité à 18 ans. Ce thème l'obsède visiblement. Tout ici est convenu. On quitte le film après un enième ébat amoureux. Décevant et politiquement correct.

Sensible et touchant, ce long-métrage prend des libertés avec les faits, les distord à peine pour mettre en avant une paléontologue trop méconnue - paléontologue qui devient lesbienne derrière la caméra de Francis Lee. Les deux actrices portent le film qui est parfois triste et trop sombre, représentant sans doute l'état d'esprit du réalisateur lors du tournage, comme lui-même le confie (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/07/16/ammonite-francis-lee/)

Naissance d’une passion amoureuse entre deux femmes que tout oppose dans l’Angleterre du XIXe siècle dominée par les hommes.
Un drame sentimental âpre et plein de délicatesse mais sans surprise non plus, porté par deux actrices solaires. 2,75

C’est à la fois inquiétant et jubilatoire pour un auteur de se lancer sur les traces d’une héroïne dont on ne sait pas grand-chose. Bien que célèbre à son époque Mary Anning vit dans l’ombre de ses collègues masculins qui s’attribuent ses découvertes. La paléontologue trouve alors derrière la caméra de Francis Lee un complice attentif pour la conduire vers sa destinée , professionnelle, mais surtout sentimentale. Enfermée dans sa coquille, dans un port à l’écart de la vie londonienne elle accepte du bout des lèvres la compagnie d’une jeune bourgeoise en convalescence. Elle-même peu enclin à vivre en ermite. Et pourtant, chacune à l’écoute l'une de l’autre, elles vont peu à peu briser l’interdit social et amoureux pour se fondre dans une union aussi irrésolue qu’impossible. Un double portraits de femmes filmées à l’unisson de cette mise en scène, d’une sobriété paradoxale, presque discrète. Elle révèle plus qu’elle ne montre dans une interprétation tout aussi nuancée. Ce jeu à minima Kate Winslet et Saoirse Ronan l'exploitent joliment. AVIS BONUS Un entretien passionnant avec le réalisateur et les commentaires avisés de Kate Winslet .
Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com

Oubliez Portrait de la Jeune Fille en Feu si vous allez voir Ammonite. Car même si l'on retrouve des ressemblances, Ammonite n'est pas une redite, ni une copie.
Le casting est impeccable, à commencer par Kate Winslet et Saoirse Ronan dans les rôle principaux mais mentions spéciales à Fiona Shaw et Gemma Jones. N'oublions pas le décor et le bruit assourdissant de la mer, résonnant comme un cri, celui que la silencieuse Mary et la meurtrie Charlotte retiennent à l'intérieur d'elles-mêmes. Bouleversantes de justesse, les deux femmes illuminent l'écran et se découvrent peu à peu. La photographie est somptueuse et l'absence de musique ajoute à la beauté crue du film et des actrices.

Très belle mise en scène des sensations tout comme la relation amoureuse, le scénario est un peu classique mais l'ensemble reste passionnant.