J'ai été fan inconditionnel du manga éponyme au point de l'avoir offert à nombre de mes proches. J'ai, par la suite et grâce à ça, érigé Jiro Taniguchi au rang de génie absolu. Quand le film d'animation est sorti, vous pensez bien que j'avais certaines attentes : comment peut-on condenser 5 tomes en 2h ? 5 tomes qui se lisent lentement, avec délectation, dans lesquels chaque image se savoure, chaque son (le vent, les craquements, la neige, la roche... ) se visualise en signes et dans lesquelles l'histoire s'étire, s'étend et demande une grande patience, celle de l'alpiniste qui attend la fenêtre idéal pour se lancer à l'assaut de l'éperon.
La réponse est : en prenant des raccourcis, en changeant un peu l'histoire aussi. Je m'y attendais.
Le film, selon moi, est une réussite : on touche du doigt (mais on le touche à peine) le fond du Sommet des Dieux. La folie d'Abu qui est la folie de tous ces alpinistes épris d'ascension et qui ont cessé de chercher des réponses au pourquoi de cette vie sans cesse remise en jeu.
Mais le problème c'est ça. C'est que 2h ne permettent que de le toucher du doigt, sans approfondissement, sans immersion.
2h, en contrainte, ça débouche fatalement sur des libertés que je n'arrive, pour certaines d'entre elles, pas à m'expliquer. Je ne spoilerai pas un seul instant de cette oeuvre mais selon moi, la justesse a été écornée, la complexité d'Abu est mal relatée comme l'obstination du journaliste et comme d'autres l'ont évoqué, une utilisation de la langue française qui n'était pas essentielle (probablement moins chère?) et surtout, la dimension poétique est absolument absente.
Au final, je lui met 3 étoiles sur 5 parce que le dessin m'a convaincu et certaines scènes sont très bien construites... le score de1 étoile, c'était pour être sûr que vous lisiez ce commentaire ;)