Désireux de faire un film sur la jeunesse de son pays, Mohamed Siam voulait initialement s'intéresser à des hooligans fan de football d'environ 15 ans. C'est alors qu'il rencontre Amal, sans être capable de déterminer si elle était une jeune femme ou un jeune homme car "elle était tout le temps cachée sous sa capuche, cheveux attachés". Très avenante et expressive, son comportement ne changeait pas en présence de la caméra : "Je me suis dit que c'était ça, le signe d'un bon casting. J'ai l'expérience de directeur de casting, je sais qu'un bon acteur est un acteur qui garde sa nature profonde même lorsqu'il incarne un personnage".
Après avoir filmé un huis clos d'hommes machistes dans son moyen métrage Force Majeure, le réalisateur s'intéresse avec Amal au parcours d'une adolescente. Ayant été élevé par sa mère, veuve, il souhaitait témoigner du combat quotidien d'une femme dans un pays patriarcal : "J'ai gardé ça dans un coin de ma tête me disant qu'un jour je ferai quelque chose sur ce sujet".
À l'instar de Force Majeure, Amal a été tourné sans autorisation. "Tout le monde disait 'on n'a rien à voir avec ce film, il est très problématique'. Je leur ai pourtant dit qu'il s'agissait d'un film sur une jeune fille qui grandit mais cela ne changeait rien. Pour eux, c'était un film politique" se souvient le réalisateur. Des circonstances qui ont eu un impact sur l'interprète principal, très enthousiaste au début du projet puis de plus en plus méfiante au fil des années : "[elle] me mettait en garde sur le fait que la scène politique n'était plus la même et que nous ne pouvions plus faire tout ce que l'on voulait".
Amal a la particularité d'avoir été tourné sur plusieurs années et de suivre son héroïne de ses 14 à 20 ans : "Plusieurs personnes ont comparé mon film avec le film Boyhood [...]. Si cette référence est faite pour Amal, je pense que pour la suite du film, les gens feront référence au film Fargo. Un film qui met en scène une policière enceinte, drôle, forte et sensible" explique le réalisateur.