Le désir obsessionnel d’un enfant est assez bien restitué à travers le récit proposé de Raphaël Jacoulot et l’interprétation de Jalil Lespert (François) et de Mélanie Doutey (Noémie, sa femme). Cette dernière fatiguée des examens médicaux avec piquouzes répétées porte ses espoirs vers l’adoption. Quant à François, il est peu séduit par cette alternative.
Et encore moins après avoir appris qu’il attend un enfant suite à sa relation extra-conjugale avec Patricia (Louise Bourgoin)
. Patricia est mariée et mère de deux petits enfants. Jusque là tout va bien en terme de récit.
On se demande bien comment François va se sortir de là, lui qui envisage de refaire sa vie avec Patricia qui porte son enfant. Un enfant biologique impossible avec sa femme Noémie. Le voilà rassuré sur sa fertilité !
Sa femme Noémie est un bout de femme énergique qui n’envisage rien d’autre que de construire sa vie avec François qu’elle aime. Elle travaille dans l’entreprise familiale conduite par son mari François qui succède à son père, à la retraite. Elle va sauver l’entreprise grâce à un héritage ; elle devient associée majoritaire au grand dam de son beau-père. Peu importe, l’entreprise reste dans la famille. Et pour que le bonheur soit complet, elle s’investit dans la procédure d’adoption car elle n’imagine pas sa vie sans enfant. Jusque là, le récit tient encore la route, une route bien balisée tant le réalisateur s’applique à appuyer les situations. Pourquoi pas, ce côté conventionnel n’est pas désagréable : les rendez-vous cinq à sept, les scènes d’amour, les déclarations d’amour, les espoirs de reconstruire une nouvelle vie, puis le pourrissement des promesses non tenues de François parce que piégé par le temps, les scrupules et (ou) la lâcheté. Classique, vous-dis-je. J’attends avec impatience la découverte du poteau rose.
Il arrive chez Patricia lors d’un apéro où s’ensuit la stupeur de Noémie qui réalise la trahison
. Alors comment François va-t-il s’en sortir ? Comment justifier cette relation ? Compte-t-il vraiment partir, faire ses bagages ?
Abandonner Noémie ?
Que va me proposer le réalisateur ? La dispute ? inévitable. Alors ? Alors ?
Ce que je redoutais est arrivé : l’accident stupide, le meurtre accidentel. Inévitable apparemment.
Le film se meut en un fait divers sordide. Me direz-vous, ce n’est pas plus terrible qu’une séparation ? Passe encore.
Mais la toute fin avec ce déploiement de gendarmes appuyé d’un hélicoptère pour arrêter François me paraît disproportionnée et peu crédible.
Alors me direz-vous, on peut très bien imaginer que l’enquête ait avancé. Une ellipse. Toujours pas convaincu par rapport au déroulement de l’histoire.
J’aurais accepté tout ce déploiement si Patricia en était à l’origine suite à l’enlèvement du bébé par François. C’était plus crédible car François avait profité que Patricia soit au téléphone pour s’emparer de l’enfant.
Son inquiétude aurait justifié une alerte auprès de la gendarmerie.
Et là on peut imaginer aisément suite à cet enlèvement que François craque et avoue l’accident mortel.
Bref, comme le dit bien le « Nouvel Observateur : « Hélas, tout s’écroule dans le dernier acte, dont la tournure tragique ne prend pas… avec des personnages féminins sous-écrits. C’est d’autant plus regrettable que Mélanie Doutey est formidable. » Eh oui, Mélanie Doutey aurait nettement mérité que l’on s’attarde sur son personnage plutôt que de nous pondre une facilité scénaristique bien commode. Dommage.