C'est lorsque sa fille allait sur ses douze ans que Solange Cicurel a commencé à imaginer comment elle réagirait face à son petit ange qui se transformerait en ado difficile. "Heureusement pour moi, elle a été beaucoup plus facile que Lila, l’ado du film. Je me suis aussi inspirée de ma propre adolescence et de celle de mes amies, des anecdotes entendues sur leurs ados. Et Adorables a vu le jour avec un point de vue particulier : celui de la crise d’adolescence vécue du point de vue de la maman. (...) Je me suis imaginée en mère d’une ado rebelle et cela m’est apparu comme une évidence. La maman indulgente et câline que j’étais allait certainement devenir intransigeante et répressive", se rappelle la réalisatrice.
Emma vit séparée du père de sa fille, qui est joué par Lucien Jean-Baptiste. Solange Cicurel voulait que la mère de famille du film soit confrontée seule à sa fille adolescente. La cinéaste précise : "Vu le nombre croissant de divorces et de séparations, c’est aujourd’hui le cas de nombreuses femmes (et d’hommes aussi d’ailleurs) qui se retrouvent seules pour élever leurs enfants et gérer leur carrière. Emma est donc dans la situation de millions d’autres mères. Sa chance est que son ex-mari, Victor, le père de Lila, est resté proche d’elle, peut-être un peu trop..."
Lors de l'écriture, le seul film auquel Solange Cicurel a pensé n'est pas un long métrage qui traite de l'adolescence, puisqu'il s'agit de La Guerre des Rose. Elle raconte : "Dans le film de DeVito, les deux protagonistes sont deux ex-époux et dans Adorables, une mère et sa fille, mais le noyau des deux films est le même : la guerre, comme seule issue à deux adversaires arrivés au bout des limites de leur patience et de leur raison. La comédie et le drame sont alors liés : l’un découle de l’autre et on peut faire naître le rire aux confins du tragique. L’important est la vérité. Le film est un miroir tendu aux ados et à leurs parents pour qu’ils s’y reconnaissent."
Solange Cicurel a confié la musique d'Adorables à Emilie Gassin et Ben Violet qui avaient déjà fait celle de son précédent film, Faut pas lui dire. "J’ai fourni quelques références - le Bill Conti de Rocky Balboa et le John Morris de Dirty Dancing - et ils ont composé une partition que je trouve formidable", confie la réalisatrice.
Pour trouver Lila, Solange Cicurel a vu une soixantaine de candidates, et Ioni Matos s’est imposée. La réalisatrice se remémore : "J’ai appris qu’elle n’avait que 11 ans, mais sa maturité m’a bluffée. Elle a beaucoup travaillé en amont du tournage. Nous nous sommes apprivoisées. Je voulais qu’elle arrive sur le plateau en toute confiance. Ioni est une jeune fille sérieuse, volontaire et attentive. Elle est réservée mais elle a du cran, ce qui n’est pas superflu quand on doit tenir tête à sa mère. Je me dois de dire que grâce à Lucien Jean-Baptiste qui l’a prise tout de suite sous son aile et qui s’en est occupé comme s’il s’agissait de sa propre fille, les choses ont été beaucoup plus faciles."
Avant de se lancer dans le cinéma, Solange Cicurel exerçait le métier d’avocate. Une activité qui lui a servi pour sa reconversion derrière la caméra : "Même si les deux activités sont très différentes, l’une et l’autre requièrent de la logique et, dans l’écriture, elles obéissent à la même règle de construction : exposition, développement et conclusion. Tout doit être le plus tendu et le plus synthétique possible. Au Tribunal, si le magistrat ne vous a accordé que trente minutes pour votre plaidoirie, n’essayez pas de lui en proposer une incroyable mais en deux heures ! Le métier d’avocat m’a appris la concision, ce qui m’aide aujourd’hui à tenter d’aller à l’essentiel dans mes scénarios !"