Avec Sabrina B Karine, la coscénariste du film, le réalisateur Léo Karmann cherchait à faire un premier long-métrage qui ressemble au cinéma que l’on aime depuis toujours. Il voulait absolument que le film prenne ses racines dans les films avec lesquels nous avons grandi dans les années 80, ceux notamment de Spielberg, Cameron et Zemeckis : ce cinéma qui nous faisait rêver et passer par toutes les émotions ; celui qui, tout en nous divertissant, nous faisait réfléchir à notre propre vie. "Un jour j’ai pensé à une histoire autour d’un personnage capable de prendre l’apparence de n’importe qui. Sabrina a aimé ce point de départ et on a commencé à travailler. Très vite, on s’est dit qu’il serait intéressant que ce personnage soit un adolescent : s’il y a bien une période de notre vie où on rêve d’être quelqu’un d’autre, c’est bien celle-ci ! L’adolescence, c’est l’âge des paradoxes : on doute de soi, on se déteste, et en même temps, on aimerait bien s’affirmer… Mais comment se construire si on n’arrive jamais à être soi-même ? Simon, c’est cette dynamique-là : un ado persuadé qu’il doit être un autre pour qu’on l’aime, alors qu’il doit simplement trouver en lui assez d’assurance pour pouvoir aimer et être aimé."
D’abord assistant-réalisateur, assistant-scripte et assistant-casting pendant plusieurs années à la télé et au cinéma, Léo Karmann réalise Jumble Up en 2014, un court-métrage de comédie écrit avec Pierre Cachia, qui fait une soixantaine de festivals. Avec Sabrina B. Karine et Nadja Dumouchel, il co-fonde « La Scénaristerie », une association qui défend les scénaristes qui ne veulent pas réaliser leurs projets. Toujours avec Sabrina, il fonde «A-Motion», une boîte de production cinéma spécialisée dans le développement de scénarios, et co-écrit La Dernière Vie de Simon qu’il réalise, un long-métrage fantastique produit par Grégoire Debailly chez Geko Films.
Léo Karmann a imaginé cette histoire il y a maintenant une dizaine d’années alors que Sabrina B. Karine et lui étaient encore à peine sortis de l’adolescence. "Dans notre pays, l’industrie du cinéma ne donne pas assez sa chance aux jeunes. C’est un vrai problème. L’âge moyen des réalisateurs franchissant l’étape du premier long-métrage est d’environ 40 ans. Or, on ne tourne pas à 40 ans les films qu’on aurait faits à 30, et encore moins à 20. Les sujets ne sont pas les mêmes et s’ils le sont, on ne les tourne pas de la même façon. La Dernière Vie de Simon parle d’amour sacrificiel : c’est une thématique qui touche essentiellement les ados. J’ai dû la traiter du haut de mes… 30 ans. C’était limite ! Si nous avions fabriqué ce film en seulement cinq ans, il aurait sans doute été très différent, on ne l’aurait pas raconté de la même façon. Il ne faudrait pas commencer le cinéma trop tard. Cela prive de beaucoup de sujets", déplore le cinéaste.