Les Âmes mortes, distribué en trois parties dans les salles françaises, est un long métrage d'une durée totale de 8h15. Ce n'est pas la première fois que le réalisateur chinois Wang Bing signe des films à la durée exceptionnelle. On peut notamment citer Fengming, Chronique d'une femme chinoise (3h12), À la folie (3h47) et À l'ouest des rails (9h11).
En 2004, alors qu'il était résident à la Cinéfondation de Paris, Wang Bing découvre le roman de Yang Xianhui, Adieu à Jiabiangou, qui a directement trait à la répression : "J’en ai tout de suite acheté les droits pour le cinéma. À la fin de ma résidence j’avais achevé d’en rédiger un scénario. Ce roman a constitué une base de départ, mais il n’était pas assez précis sur les lieux et sur la vie au sein des camps. Pour être véritablement accomplie, sa transposition à l’écran demandait des recherches approfondies. Afin de combler ce vide, et sans songer d’abord à autre chose qu’à réaliser ma fiction, je suis parti à la recherche de témoignages de la vie dans les camps".
S'il récolte la plupart des témoignages en 2005, Wang Bing est par la suite occupé par d'autres projets puis contraint de s'arrêter en 2011 pour des raisons de santé. Il aura finalement fallu plus d'une dizaine d'années pour que le projet aboutisse. Au total, le réalisateur a recueilli 120 témoignages, soit environ 600 heures de rushes.
Les Âmes mortes va à la rencontre des survivants de la politique anti-droitiers menée par le gouvernement chinois en 1957. Il s'agissait de réprimer en masse les opposants au régime en place et de les déporter dans des camps où ils finissaient par mourir, de froid, de faim, ou de mauvais traitement. Jusqu'à la fin des années 1970, les enfants de "droitiers" étaient exclus de l’université et socialement mis à l’écart.