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    Délicieux
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Délicieux" et de son tournage !

    L'ADN français

    Après trois films de genre (Le Sourire du clown, Ca$h, 600 kilos d'or pur) et trois autres en hommage à ses proches (Mes héros, Le Goût des merveilles, L'Esprit de famille), Eric Besnard a voulu s’intéresser à ce qui fait l’identité de la France. Le cinéaste précise : "Au cours de lectures sur le XVIIIème siècle, je suis tombé sur l’invention du concept du restaurant. Je ne m’étais jamais posé la question de l’origine de ce lieu si patrimonial. Du coup j’ai fait des recherches et vite compris que je tenais là quelque chose. Tout était là : la gastronomie, avec cette spécificité hexagonale qui consiste à prendre le temps de s’assoir pour manger et partager un moment de convivialité, mais aussi le siècle des Lumières et la Révolution..."

    Histoire culinaire

    En réalité, la naissance de l'établissement du film s’étale sur une quinzaine d’années et le premier restaurant date de 1782. Eric Besnard raconte : "C’est en partie à Turgot, le contrôleur général des finances de Louis XVI, qu’il doit son apparition grâce à l’abolition des corporations et à la libéralisation des échanges mis en place pour faire baisser les prix et juguler la crise. À partir de 1776, les marchands, cantonnés jusque-là à la commercialisation d’un seul produit, peuvent désormais en vendre plusieurs en même temps. La désertion des nobles qui, sentant souffler le vent de la révolution, émigrent, laissant sur le carreau leurs cuisiniers, ajoutée aux idées d’égalité prônées par les philosophes, vont faire le reste."

    En province

    Eric Besnard a choisi de déplacer l’intrigue en province. Il explique pour quelle raison : "Paris, n’est pas la France. La France qui m’intéresse est celle du terroir, de la Nationale 7. L’idée de la transformation d’un relais de poste s’est vite imposée. Délicieux n’est pas le premier restaurant, c’est un des premiers, et dans ma tête, le premier en province. Et c’était intéressant de créer un personnage qui soit symbolique de cette création. Aucun des personnages historiques ne m’est apparu à la mesure de l’invention."

    Rendez-vous manqué

    Grégory Gadebois incarne le cuisinier surdoué Manceron. Eric Besnard lui avait proposé un rôle dans son film précédent, L'Esprit de famille : "Il ne pouvait pas le faire mais j’avais déjà le projet de Délicieux en tête et lui ai promis de lui envoyer le scénario une fois terminé. Grégory l’a lu dans la nuit et, le matin, il était partant. J’aime la fragilité de Grégory, sa douceur, cette part d’enfance qu’il garde, et ses mains que j’ai beaucoup regardées parce que je savais que j’allais beaucoup les filmer. Des mains puissantes et délicates qui me permettaient à nouveau de traiter de la fragilité masculine."

    Retrouvailles

    Isabelle CarréGuillaume de Tonquédec et Benjamin Lavernhe avaient déjà joué sous la direction d'Eric Besnard. Les deux premiers dans L'Esprit de famille (2019) et le troisième dans Le Goût des merveilles (2015).

    Un décor qui se transforme

    Délicieux a été réalisé dans un décor quasiment unique et qui a pour particularité de se transformer comme l'explique Eric Besnard : "C’est d’abord une ruine, puis le lieu s’habille, il devient hédoniste et finit par procurer une impression de richesse. J’ai mis énormément de temps à dénicher cette grange du XVIIIème siècle au fin fond du Cantal. J’avais en tête les relais du poney express des westerns de John Ford et aussi la maison de L’Homme tranquille, auquel je rends hommage avec ces petits murets qui entourent le jardin. Cette grange était entièrement à moi : il n’y a pas une allumette, pas une plante, pas un brin d’herbe qui n’aient été créés de toutes pièces."

    Contraintes et création

    Eric Besnard a bénéficié d'un budget serré (moins de cinq millions) et de seulement sept semaines de tournage. "Mais j’étais dans le plaisir de la création pure. Car ici le lieu est le sujet du film", précise-t-il.

    En amont du tournage

    En amont du tournage de DélicieuxEric Besnard et son équipe ont travaillé sur la documentation : "A ce moment-là, je suis avec le décorateur, le chef opérateur et la costumière. Nous avons réfléchi à quoi pouvait ressembler un relais de poste à cette période, au coût financier que cela impliquait et à la latitude de créativité dont nous pouvions disposer. Est venu ensuite le choix de la gamme de couleurs que porteraient les acteurs. La vraie difficulté pour nous était de transformer l’extérieur : Délicieux se déroule sur une année. Comment faire pour créer quatre saisons en sept semaines ? Durant cette étape assez théorique, nous avons regardé beaucoup de photos et visité les musées."

    Clavecin, piano et harpe

    Eric Besnard a demandé à Christophe Julien, son compositeur attitré, de trouver un thème fort qui marque le passage du clavecin au piano. "Il a finalement composé plusieurs thèmes. Et il a proposé un instrument auquel je n’avais pas pensé : la harpe. A l’enregistrement des musiques j’ai été tellement convaincu que j’ai demandé au harpiste d’improviser un solo sur le générique de fin", se rappelle le réalisateur.

    Côté photographie

    Avec DélicieuxEric Besnard retrouve le directeur de la photographie Jean-Marie Dreujou après 600 kilos d'or purMes héros et L'Esprit de famille. Les deux hommes ont cherché à faire un film de lumière rappelant la peinture de genre du 18ème siècle. Le metteur en scène se souvient : "Chardin nous a beaucoup influencés. Pour la peinture de genre, les personnages du peuple dans les décors de leurs fonctions, mais aussi pour la composition des natures mortes qui apparaissent en interludes et auxquelles je tenais symboliquement beaucoup ; d’abord parce que j’éprouve une véritable passion pour elles, et ensuite, parce que tout, dans leur assemblage, a un sens."

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