Candyman est un croquemitaine né sous la plume de Clive Barker (à qui l'on doit une autre figure phare du cinéma d'horreur : le cénobite Pinhead d'Hellraiser) dans la nouvelle "The Forbidden". On compte au total quatre films Candyman : Candyman (1992), Candyman 2 (1995), Candyman 3 : Le Jour des morts (1999) et Candyman version 2021, un remake du premier film.
Le film est chapeauté par Jordan Peele (Get Out), qui endosse les postes de scénariste et producteur. La réalisation a été confiée à Nia DaCosta, une cinéaste qui a signé quelques épisodes de la série Top Boy. Elle a aussi réalisé une préquelle animée de Candyman de trois minutes et le western moderne Little Woods. Elle a été choisie pour être aux commandes de Captain Marvel 2.
Plusieurs quartiers de Chicago figurent dans le film. Parmi eux, le Near North Side, désormais réhabilité, au sein duquel s’élevait la cité de Cabrini-Green où est née la légende de Candyman. Si la majorité des immeubles qui constituaient le tristement célèbre parc de logements sociaux ont été détruits entre 1995 et 2011, Nia DaCosta a pu tourner dans les quelques bâtiments restants, à savoir les rangées de maisons mitoyennes de deux étages construites en 1942.
Aujourd’hui barricadées par les services de l’habitat de la ville, elles réunissent 586 unités de logements sur les 3 607 que comptait au total le complexe.
Le compositeur Robert A.A. Lowe a vécu 13 ans à Chicago. Pour concevoir la bande originale de Candyman, il a passé plusieurs heures sur le plateau et dans les maisons désaffectées, pour y faire des enregistrements. "J’ai enregistré les bruits ambiants, ceux des maisons vides, des insectes, du vent, des hélicoptères survolant le quartier. C’était important pour moi de les incorporer dans mes compositions", se rappelle-t-il.
La production a travaillé avec une association locale pour permettre à de jeunes femmes noires de venir assister au tournage et poser leurs questions à l’équipe. La comédienne Teyonah Parris explique : "C’est important, en tant qu’artistes, quand on puise dans ce qu’offre une communauté, de donner en retour, de façon tangible."
Au cours du film, Anthony est victime d’une métamorphose monstrueuse alors qu'une piqûre d'abeille semble se propager dans son corps jusqu'à le déformer tout entier. Pour figurer la déchéance du personnage, Nia DaCosta s'est inspirée du premier Candyman, pour la place que prend l’horreur physique et le lien direct qu’elle crée entre spectateurs et personnage, et le film culte de David Cronenberg, La Mouche, qui "combine magistralement la désagrégation corporelle et psychologique", selon la cinéaste.
Sorti en 1992, Candyman avait récolté pas loin de 28 millions de dollars à l'international via sa sortie en salles, et ce pour un budget estimé à 6 millions. Trois ans plus tard, Candyman 2 a fait 14 millions pour un coût de production de 6 millions également, et le troisième opus, Candyman 3 : Le Jour des morts, est directement sorti en DVD en 1999.
Pour créer le crochet de Candyman, le chef maquilleur a commencé par concevoir une sculpture numérique en 3D. Il précise : "On a conçu plusieurs versions : le « héros » qui était rigide et pouvait s’avérer dangereux dans certaines situations de tournage, et plusieurs « cascadeurs » en matière souple et inoffensive. On a fabriqué des systèmes de fixation, suivant les besoins des scènes, de même qu’un moignon de bras et d’autres prothèses conçues pour s’adapter à la main de l'acteur qui portait un gant vert afin que celle-ci puisse être effacée en post-production."
Candyman est le premier long métrage autorisé à filmer à l’intérieur de l’espace d’exposition du MCA (Musée d’Art Contemporain de Chicago) et à utiliser en toile de fond les œuvres de Virgil Abloh, créateur et directeur artistique chez Louis Vuitton, réunies sous l’intitulé "Figures of Speech".
Les fans de la saga Candyman auront le plaisir de retrouver Tony Todd, interprète original du boogeyman dont la longue filmographie se compose principalement de films d'horreur, dans le rôle de Daniel Robitaille / Candyman.
Le manteau à col de fourrure revêtu par Tony Todd reste le costume le plus emblématique du Candyman de 1992. Pour ce nouvel opus, la cheffe costumière Lizzie Cook a dû le remettre au goût du jour : "C’était un manteau très ample avec un col shearling très généreux. Je voulais bien sûr lui rendre hommage en y incorporant une ligne années 70 pour retomber sur nos pieds en termes de chronologie. J’ai engagé un tailleur talentueux pour confectionner un manteau en cuir magnifique et parfaitement fonctionnel."
La sortie en salles de Candyman a été repoussée à plusieurs reprises en raison de la pandémie du COVID-19. Le film devait en effet d'abord sortir en juin 2020, puis octobre de la même année et août 2021. Finalement, le long métrage sort en septembre 2021.
La production a engagé deux artistes noirs de Chicago pour représenter le travail d’Anthony dans le film : Cameron Spratley et Sherwin Ovid. Nia DaCosta explique : "Parce qu’on avait besoin d’une rupture de style On voulait montrer la dégradation psychologique du personnage. Au départ, ses œuvres sont plus abstraites, avant-gardistes et pertinentes dans leur représentation du vécu et de la souffrance de la communauté noire. On a d’abord utilisé le travail de Cameron Spratley. Puis il nous fallait un portraitiste, et on a découvert Sherwin Ovid."
Si l’esthétique habituelle des films d’horreur est grisâtre avec des couleurs désaturées, Nia DaCosta et son équipe ont voulu, pour ce Candyman version 2021, partir dans une direction opposée : "On a très tôt abordé les questions de tonalité et de palette chromatique. Nia avait sorti des photos de Gordon Parks datant de l’époque du mouvement des droits civiques (1954-68), dans des tons pastel, des couleurs douces."
"J’ai aussi trouvé l’image d’une des tours de Cabrini-Green dont la façade avait été démolie et où on pouvait voir l’intérieur des appartements. Les couleurs correspondaient de façon étonnante à celles des photos de Parks que Nia m’avait montrées. Ça nous a beaucoup inspirées."